Daniel Philippe de Sainte Marie : « je suis né au Camp Boiro, je suis resté là jusqu’à l’âge de 6 ans »

Daniel Philippe de Sainte Marie, victime collatérale du Camp Boiro
Daniel Philippe de Sainte Marie, victime collatérale du Camp Boiro

Comme annoncé précédemment, l’Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB) a commémoré ce lundi, 18 octobre 2021, le 50èmeanniversaire de la fusillade du 18 octobre 1971 où 70 cadres guinéens qui étaient incarcérés au camp Boiro ont été exécutés sous le régime de feu président Ahmed Sékou Touré. A cette occasion, plusieurs victimes et des familles de victimes de ces tueries en masse ont pris la parole pour témoigner de la cruauté de la première république en Guinée. C’est le cas de Daniel Philippe de Sainte Marie qui a vécu ses six (6) premières années de vie sur terre au Camp Boiro. Ce qui fait de lui le plus jeune prisonnier du Camp Boiro.

« Je dois dire que moi-même je suis super ému. Parce que c’est la première fois que je vienne ici. En effet, je suis né le 3 février 1972 au Camp Boiro dans les liens de la captivité de ma mère qui a été arrêtée en 1971 alors qu’elle était enceinte de moi. Ma mère s’appelle, Diariou Kassé, communément appelée Néné Kassé. Après m’avoir mis au monde à Donka, on nous a ramené ici. Je suis resté là jusqu’à l’âge de 6 ans. Je suis considéré comme le plus jeune prisonnier du Camp Boiro. Mais, je dois dire une chose, je me suis toujours considéré comme une victime collatérale. Parce que celle qui a le plus souffert, c’est ma mère. Et, je sais qu’il y en a qui ont le plus souffert que moi, parce qu’il y a des gens qui ont perdu leurs femmes, leurs maris, leurs frères. Nous, au moins, on a eu la chance de s’en sortir vivants. Néanmoins, ça beaucoup joué sur notre vie. Ça, c’est un fait et ça va rester coller à la peau. Parce qu’on a subi beaucoup de dommages… En tout cas, aujourd’hui c’est un grand jour, c’est le commencement de la réhabilitation ; parce que c’est tout ce qu’on demande en fait. Il y en a beaucoup qui ont souffert plus que moi et continuent de souffrir. On espère qu’il n’y aura jamais plus ça. Jamais plus jamais ! Ma maman vie, mais elle n’aime pas trop parler de ça. Elle en souffre encore beaucoup. Donc, elle n’est pas prête à témoigner facilement. Ça risque de la perturber. Sinon, elle vit et elle est là », a expliqué Daniel Philippe de Sainte Marie.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

Tel: +224 622 07 93 59

Facebook Comments Box