AFICCON : accusée de gestion opaque, la mairie de Matam apporte des précisions

Ismaël Condé, premier vice-maire chargé du développement local de la commune de Matam

« Dans ce genre d’opérations, personne ne peut magouiller, parce que tout ce qui a été fait est clair : les entreprises savent quels sont ceux qui ont soumissionné, quelles sont les entreprises qui ont les documents légaux et elles ont l’œil sur tout le monde. Il faut que les gens sachent que dans cette procédure, la transparence est totale ». C’est la réponse donnée par Ismaël Condé, premier vice maire de Matam, suite à la récente sortie d’un de ses collègues. Youssouf Camara, conseiller communal à la mairie de Matam, avait accusé les autorités communales de « gestion opaque » de la procédure d’attribution des marchés pour l’exécution des projets financés par l’AFICCON. Ismaël Condé s’est exprimé sur cette question dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com hier, mardi 19 octobre 2021.

Guineematin.com : récemment, vous avez lancé un appel d’offres pour l’attribution des marchés aux entreprises qui vont exécuter les projets financés par l’AFICCON. Parlez-nous du déroulement de ce processus.

Ismaël Condé, premier vice-maire chargé du développement local de la commune de Matam

Ismaël Condé : je rappelle d’abord que l’AFICOM (Agence de financement des collectivités de Conakry) a été créée à travers le FODECCON (Fonds de développement des communes de Conakry). C’est le FODECCON qui cherche le financement et c’est l’AFICCON qui gère le fonds. Ce fonds comprend un pourcentage des recettes du port, de l’aéroport et un pourcentage des recettes au niveau de l’ensemble des impôts qui sont  prélevés au niveau de la ville de Conakry. L’utilisation de ce fonds est assurée par l’AFICCON. Donc, il y a deux agences : une agence qui s’occupe de la levée du fonds et une autre de l’utilisation. Et comment ce fonds sera utilisé ? Il y a un système qui a été mis en place. Au début, il y avait une base paritaire, chaque commune a fait la demande des projets qu’elle veut financer dans le cadre de l’élaboration de son PDL (Plan de développement local). 

Pour l’année 2021, les communes ont envoyé leur PAI (Plan annuel d’investissement). Au niveau de notre commune, on a choisi 14 projets sociaux pour une valeur de 55 milliards de francs guinéens. Ces projets sont entre autres : des projets de rénovation d’écoles et de centres de santé, des projets de construction des routes et des maisons des jeunes. Sur les 14 projets, l’AFICCON n’a retenu que 4 pour un montant de 5 milliards 800 et quelques millions. C’est seule l’FICCON qui sait combien de fonds est disponible et quelle est la part de chaque commune. Mais généralement, les communes les plus dotées sont les communes les plus grandes et il y a une 6ème commune de Conakry qui ne dispose à ce jour d’aucune infrastructure, comparativement aux 5 autres communes. Donc, la commune de Kassa a eu une part importante dans le cadre de la gestion de ce premier fonds.

Guineematin.com : après la validation de quatre des quatorze projets que vous avez soumis à l’AFICCON, quelle est l’étape qui a suivi ?

Ismaël Condé : l’AFICCON nous a envoyés un manuel par rapport à l’exécution de ces fonds. Dans ce manuel, il est écrit comment les projets doivent être élaborés : ils nous ont conseillés de mettre en place des commissions, à savoir : la commission de passation des marchés et les commissions de transparence, de contrôle et de réception, de conciliation et d’arbitrage, de contrôle et de validation des marchés… Voilà ce que le manuel nous impose. Mais, l’urgence pour nous était de mettre en place la commission de passation des marchés et celle de transparence. Pour que le nom des entreprises qui vont soumissionner dans le cadre de ce projet soit envoyé à l’AFICCON pour validation. Cette commission est paritaire. C’est-à-dire, toutes les parties prenantes ont leur représentant dedans. 

À Matam, nous avons d’abord deux projets : le lot 1, c’est la construction du centre de santé de Madina et le lot 2, la rénovation de l’école primaire de Matam Lido. Cette affaire a commencé pendant que moi, j’étais en prison. Mais à ma sortie, j’ai appris qu’un conseil extraordinaire s’est tenu entre les élus pour choisir les projets que la commune doit soumissionner. Les élus se seraient prononcés sur le choix de ces deux lieux et les douze autres qui n’ont pas été validés. Cela veut dire que les élus locaux ont donné l’aval à l’exécutif communal de les représenter dans le cadre de la réalisation de ces travaux. Donc, les élus se sont préalablement réunis pour donner ce mandat que le maire est en train d’exécuter aujourd’hui. 

Quand cela a été fait, le maire a envoyé cette liste à l’AFICCON. C’est ainsi que l’AFICCON a convoqué une réunion au gouvernorat pour demander aux communes de commencer le travail par l’ouverture d’un appel d’offres. Au total, il y a eu dix soumissionnaires dont quatre pour les travaux du centre de santé de Madina et six pour l’école primaire de Matam Lido. Moi, j’ai représenté la commune de Matam, en tant que président de la commission de passation des marchés. La commune exécute l’ordre donné par l’agence qui donne l’argent. Mais, jusqu’à présent, l’argent n’est pas là. 

La commune n’a rien à avoir de la gestion du fonds. Le rôle de la commune, c’est de remonter la liste des entreprises soumissionnaires à l’AFICCON pour validation. Allez-y demander à l’AFICCON si une seule commune a reçu un montant dans ce cadre. Tout ce qu’on a dedans, ce sont les infrastructures pour nos populations. Donc, pour l’heure, nous attendons le retour de l’AFICOM par rapport à la validation ou non des entreprises soumissionnaires. Cela veut dire que c’est l’AFICCON qui a le dernier mot dans le choix des entreprises.

Guineematin.com : vous dites que les conseillers communaux sont effectivement impliqués dans le processus, mais ce n’est pas ce que nous a dit l’un d’eux que nous avons rencontré la semaine dernière. Il a accusé l’exécutif communal de gérer le processus de façon opaque et de vouloir favoriser certaines entreprises.

Ismaël Condé : je vais vous dire que dans ce genre d’opérations, personne ne peut magouiller. Parce que tout ce qui a été fait est clair : les entreprises savent quels sont ceux qui ont soumissionné, quelles sont les entreprises qui ont les documents légaux et elles ont l’œil sur tout le monde. Il faut que les gens sachent que dans cette procédure, la transparence est totale. Le fonds n’est ni à la disposition de la commune ni dans le compte bancaire de la mairie. Ni madame le gouverneur ni monsieur le maire de la commune ne pourront détourner cet argent. Ce fonds servira exclusivement à la construction des infrastructures dans nos communes. Et nous, nous y veillerons strictement.

Entretien réalisé par Malick Diakité pour Guineematin.com 

Tel : 626-66-29-27

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