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Composition du nouveau gouvernement : où sont ceux qui ont fait don de soi ?

Les prisonniers du 3ème mandat d'Alpha Condé

 

Les prisonniers du 3ème mandat d’Alpha Condé

Un peu moins de deux mois après la prise du pouvoir par le colonel Mamady Doumbouya, les nominations des membres du gouvernement tombent à compte-goutte. Mais, comme dit un dicton populaire, quelle que soit la durée de celle qui est allée chercher l’eau au marigot, l’essentiel est qu’elle ramène de l’eau propre. Comment expliquer le retard dans la composition du nouveau gouvernement ? Quel devrait être le critère de choix des ministres ? Et quel est le groupe qui s’est exclu de ce gouvernement ? C’est à ces interrogations que nous allons tenter de répondre.

Les raisons de ce retard

Pour expliquer le retard dans la composition de l’équipe du CNRD et du gouvernement, un fait est à noter : à la différence des deux précédents coups d’Etat (03 avril 1984 et 23 décembre 2008), le coup d’Etat du 05 septembre 2021 a été mené de façon solitaire par un homme. En l’occurrence, le colonel Mamady Doumbouya. C’est le chef de l’unité d’élite dite les forces spéciales qui a décidé de mettre fin au règne de celui qui a fait appel à ses services pour se maintenir au pouvoir à vie…

Contrairement à ce qui s’était passé le 03 avril 1984, où ce sont plusieurs officiers qui avaient décidé de prendre le pouvoir, cette fois, ce fut un seul. Le CMRN était composé de 18 membres (entre autres Lansana Conté, Diarra Traoré, Alhoussainy Fofana, Facinet Touré, Abddourahmane Diallo, Kerfalla Camara, Ousmane Sow, Mamadou Baldé, Zoumanigui et bien d’autres). Le 23 décembre 2008, c’est aussi une équipe qui avait pris le pouvoir et créé le CNDD. Outre le capitaine Moussa Dadis Camara, on peut citer entre autres le général Sékouba Konaté, le commandant Mamadouba Toto Camara, le colonel Korka Diallo, et bien d’autres encore.

Pour le coup d’Etat du 05 septembre 2021, à l’exception des colonels Amara Camara et Aminata Diallo, on connait peu ou pas d’autres personnes avec le colonel Mamadi Doumbouya. Et, comment trouver ces hommes et ces femmes à la fois compétents, intègres et patriotes pour aider le tandem Doumbouya-Béavogui à changer le destin de la Guinée ?  Logiquement, c’est cette équation qui donne du grain à moudre aux deux hommes.

Quel devrait être le critère fondamental pour le choix des membres du nouveau gouvernent ?

Avant d’aborder cette question, il faut noter que les quelques nominations auxquelles le couple Doumbouya et Béavogui a procédé marquent une nette rupture avec l’approche d’Alpha Condé. Ce dernier avait banalisé la fonction ministérielle en montrant à l’opinion publique que n’importe qui pouvait être ministre. Pourvu qu’il sache faire ses éloges. Ou plus exactement qu’il ose insulter les anciens Premiers ministres. Si, pour le moment, les nouveaux promus ne se sont pas distingués dans la lutte contre le troisième mandat, ils ont néanmoins la carrure et la stature d’un membre du gouvernement.

Pour revenir donc au critère de choix de nos ministres, il y a déjà un qui devait être la condition sine qua non : l’opposition au troisième mandat. Ce qui revient à dire que les membres du FNDC, surtout ceux qui ont été arrêtés et emprisonnés, devraient figurer en bonne place dans ce nouveau gouvernement. Mais aussi toutes les autres personnes victimes du régime suite à leur opposition au troisième mandat.

Au nombre de ces personnes, ont pourrait citer (à tout seigneur tout honneur), les cadres du RPG qui ont eu la témérité de ramer à contrecourant du parti. Comme Ismaël Condé. Il y a aussi tous ceux qui, comme Abdourahmane Sano et Maître Mohamed Traoré, ont fait face à des multiples pressions : à la fois politiques et communautaires. Mais ils n’ont pas cédé. Et que dire d’Oumar Sylla, d’Etienne Soropogui, de Bogola Haba, Abdoulaye Bah… dont le coup d’Etat du 5 septembre 2021 fut pour eux ce que celui du 3 avril 1984 fut autrefois pour les damnés de la terre du camp Boiro.

Il y a aussi le cas du célèbre journaliste Amadou Diouldé Diallo dont l’arrestation avait suscité un tollé et une vive indignation à l’étranger. Particulièrement de la part de la presse. Pour les instances sportives africaines et internationales, l’affaire Diouldé illustrait parfaitement l’adage selon lequel « nul n’est prophète chez soi ». Si les mêmes instances apprennent demain que cet homme est devenu ministre dans son pays, le couple Doumbouya et Béavogui aura redoré le blason de la Guinée.

Ceux qui se sont exclus 

Tout d’abord, les promoteurs du troisième mandat. Ensuite, tous ceux qui vont dans la direction du vent. Ces opportunistes et flagorneurs pour lesquels la politique signifie ruse et trahison. En particulier, ce groupe qui se disait neutre à une période charnière de l’histoire de notre pays. Il faut préciser que, durant cette période, trois groupes s’étaient formés. Le premier était favorable au troisième mandat et dont le slogan était « Alammané », entendez le projet réussira. Il y avait le groupe dit « Amoulanfé », autrement dit le projet échouera. Et, enfin, le troisième groupe se disant « Anawotagui ». C’est-à-dire, c’est entre vous. Celui-là est de plus loin le plus dangereux que le premier…

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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