Par Abdoulaye Oumou Sow : Depuis le 05 septembre 2021, une junte militaire, dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya, a capturé l’ancien président, Alpha CONDÉ, pour mettre fin à sa dictature entamée après son coup de force du 22 mars 2020. Ce putsch militaire qui vient mettre fin à celui civile dirige la Guinée depuis plus de cinquante jours aujourd’hui.
A date, plusieurs actes diversement appréciés ont été posés par le Comité National du Rassemblement pour le Développement. Ainsi, la période de grâce pour la junte au pouvoir pourrait bien s’achever au cent premiers jours de la prise du pouvoir. C’est pourquoi, il est important que la junte militaire dise clairement ce qu’elle compte faire pour ramener le pays à l’ordre constitutionnel normal.
En tous cas, c’est primordial et nécessaire pour la pérennité du combat du peuple de Guinée contre la dictature voulue par le président déchu Alpha CONDÉ.
Il est clair que la junte au pouvoir reconnaît dans le préambule de la charte, que le troisième mandat d’Alpha CONDÉ a plongé le pays dans des crises cycliques et décrédibilisée les institutions, mais aussi fragilisé le tissu social. Il est donc évident que le crédit de la transition guinéenne doit reposer sur la transparence du CNRD dans sa gestion et la clarification des ambitions qu’ils ont pour une transition normale et réussite en cette période d’exception.
Primo : la publication de la liste des membres du CNRD afin que la volonté affirmée dans la charte sur la non candidature des membres de la junte soit effective. A défaut de s’en tenir à l’article 37 de la charte qui stipule que le CNRD est composé des membres des forces de défense et de sécurité de la République de Guinée (Armée, gendarmerie, police, protection civile, douane et conservateurs de la nature), la junte devrait donner les noms des membres du CNRD. Si cela n’est pas fait, pouvons nous considérer tous les membres de forces de défense et de sécurité à la prise du pouvoir, le 05 septembre 2021, comme membre d’office du CNRD, y compris ceux qui ont été amenés à la retraite ?
Secondo : Donner un chronogramme clair de la transition avec des échéances définies qui peuvent être suivies et évaluées par les acteurs de la vie sociaux politiques, afin d’alerter, d’interpeller et de proposer des solutions concrètes et palliatives pour une transition réussie par le CNRD.
Tiertio : Tenir compte du fait que l’ambition du peuple de Guinée est d’avoir des dirigeants dans un pays libre et démocratique émanant exclusivement de sa volonté à être dirigé par des personnalités qu’il aurait choisi en toute indépendance à l’issue d’élections démocratiques libres et transparentes.
Ainsi, elle aurait compris le sens du combat contre le troisième mandat d’Alpha CONDÉ qu’elle a parachevé le 05 septembre 2021.
C’est vrai qu’elle a répondu à l’appel du peuple martyr de Guinée qui n’avait d’autres recours que son armée. Et cela devrait suffire à la junte pour répondre à l’aspiration profonde du peuple d’avoir un pays démocratique et vertueux.
Choisir une autre orientation outre que l’assouvissement de cette volonté de la population exprimée ses trois dernières années, mais aussi à la prise du pouvoir le 05 septembre 2021, pourrait être considéré comme une déviation et combattu le moment venu par les Guinéens qui ont été martyrisés par plusieurs années tumultueuses de dictature. C’est pourquoi, aucune ne devrait en remplacer une autre, de quelque manière que ce soit.
Cette nécessité de transparence pourrait évidemment situer les populations sur l’orientation de la transition et ce à quoi cela pourrait aboutir pour le bien-être des Guinéens.
Si Robert Aron affirmait, en 1933, dans son livre la révolution nécessaire « il n’y a pas de dictature de transition », nous dirons, en 2021, au CNRD qu’on ne reverra pas de dictature de transition, car les aspirations du peuple restent claires. Un pays libre, démocratique et vertueux.
Par Abdoulaye Oumou Sow
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