CNT : les propositions pertinentes des associations des Guinéens de la diaspora

Les structures associatives des Guinéens vivant à l’étranger désapprouvent totalement le processus en cours dans le cadre de la désignation des représentants de la diaspora guinéenne au CNT (Conseil national de la transition).

Dans une déclaration qu’elles viennent de publier, ces organisations dénoncent les agissements de la secrétaire générale du ministère des Affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger, Mme Fanta Cissé, en collaboration avec certaines ambassades guinéennes, consistant à choisir en lieu et place des ayant-droit, les représentants de la diaspora au CNT. Elles ont aussi interpellé les Guinéens résidant à l’étranger et les autorités de la transition sur la nécessité de prendre un certain nombre de mesures permettant d’aller vers un processus neutre et non biaisé.

Guineematin.com vous propose de lire ci-dessous l’intégralité de leur déclaration :

Déclaration commune de structures associatives des guinéens de la diaspora

Conakry – New York – Paris, le 24 Octobre 2021

Il est urgent de lancer des concertations rapides et inclusives entre les entités qui animent la vie sociale des compatriotes vivant en dehors de Guinée dans les 5 continents, pour désigner les cinq représentants au CNT

Après le coup d’État du 05 Septembre 2021, le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), a proposé un Conseil National de la Transition (CNT) composé de 81 membres. Dans ce conseil, cinq (05) places sont réservées aux guinéens qui résident à l’étranger dans les cinq continents (communément appelés la diaspora).

Nous saluons les premiers actes posés par le CNRD et nous nous réjouissons de l’occasion qui nous est donnée, guinéens tous que nous sommes mais dits de la diaspora, jeunes et vieux, hommes et femmes, de participer à la définition d’un futur meilleur pour notre pays. Nous fondons l’espoir que ce processus auquel nous participerons activement, aboutira à l’édification d’une Guinée Libre, fondée sur les valeurs de Justice, de Travail et de Solidarité.

Toutefois, il convient de rappeler que depuis notre indépendance, des groupuscules de pseudo-élites ont méthodiquement et systématiquement dépossédé les guinéens de leur capacité de configurer notre destin collectif. En lieu et place, et souvent dans un élan de préservation d’intérêts personnels ou au profit d’une petite caste, ils se sont évertués à bricoler des solutions conjoncturelles hâtives garantissant leur survie et la mort à petit feu de l’espoir pour l’émergence d’une nation guinéenne, unie et prospère autour des valeurs de Justice, Travail et Solidarité. Nous ne tirons pas suffisamment de notre Histoire les leçons qui, pourtant, s’imposent comme une évidence.

Nous ne sortirons vainqueurs de la crise actuelle dans laquelle notre pays est engluée que si, en plus du vaccin ou du médicament contre le virus de l’injustice, de l’arbitraire et de la corruption, nous mettons en œuvre les armes contre le Système, celles qui permettront la victoire sur l’ignorance et la “fabrication” du citoyen guinéen. Nous ne devons ici non pas nous contenter du changement des Hommes mais de celui du Système, qui nous maintient depuis 63 ans dans un état de médiocrité et de mal gouvernance absolus.

Certains compatriotes amnésiques, tentacules du Système, à l’intérieur comme à l’extérieur de Guinée veulent nous condamner à vivre un éternel recommencement. Cette fois, nous ne nous tromperons pas de perspectives et nous refuserons à sous-traiter à ceux-là même qui ont confisqué jusque-là notre avenir collectif, le soin de penser et faire notre présent et de dessiner notre futur.

 

Ainsi, le constat est établi, à l’instar des autres institutions et organes créés lors du règne de l’ancien régime, dissoutes suite au coup d’état, le Haut Conseil des Guinéens de l’Entranger (HCGE) censé regrouper les Conseils des Guinéens (CGE) des différents pays à l’extérieur, a vu sa mise en place sciemment stoppée dans un brouhaha hâtif des anciennes autorités. De fait, ce HCGE n’existe pas et à date aucune organisation faîtière de toute la diaspora n’a cours. Pourtant, s’appuyant sur une structure inexistante, le ministère des Affaires Etrangères et des Guinéens de l’Etranger (MAE), à travers sa secrétaire générale Madame Fanta Cissé, assumant l’intérim de chef de ce département, et la Direction des Guinéens de l’Etranger, appuyé par certaines ambassades guinéennes à l’étranger, s’évertue à organiser à la place des guinéens de la diaspora leur participation au processus en cours. C’est ainsi qu’à la suite de l’appel à la diaspora lancée par le CNRD pour les consultations inclusives, le MAE et sa secrétaire générale se sont évertués à biaiser le processus de participation des compatriotes vénus spontanément de l’étranger pour participer à la concertation: difficulté d’obtenir des accréditations, désignation unilatérale des prises de paroles, rédaction du contenu de la déclaration, etc. De même, pour la désignation des membres du CNT, le même travail de sape continue. S’agissant des CGE, la désignation des représentants dans de nombreux pays n’a pas suivi un processus inclusif.

Forts de toutes ces observations, nous signataires de cette déclaration avons les préconisations et demandes appuyées suivantes.

Aux guinéens établis à l’étranger

  • de saisir l’opportunité qui nous est offerte de participer à l’élaboration du cadre législatif et administratif qui gouvernera notre pays à partir d’un futur proche
  • d’inventer collectivement le cadre et le mécanisme qui permettra d’identifier les compatriotes parmi ceux qui résident à l’étranger, les cinq hommes et femmes volontaires dont l’intégrité est suffisamment reconnu dans leur milieu pour nous représenter et être nos porte paroles
  • de s’exprimer rapidement sur une proposition de représentation par continent. En l’absence de données fiables et en tenant compte de la démographie empiriquement reconnue, et à défaut d’obtenir plus de places que les cinq proposées (sans augmentation du total de 81 – sur les personnes ressources par exemple) une proposition de représentation par zone pourrait être: 2 représentants (es) issus de la communauté guinéenne établie en Afrique, 1 représentant(e) d’Asie/Océanie, 1 représentant(e) d’Amérique, 1 représentant (e) d’Europe
  • de s’organiser par pas, en lien avec les représentants du CGE là où le processus a été jugé inclusif et transparent, afin de faire de ce processus une véritable occasion de débats et d’élaboration collective de propositions pertinentes à l’endroit de nos représentants au CNT
  • nous proposerions un mécanisme pour que chaque zone puisse choisir son représentant parmi les candidats sortis vainqueurs des pays de la zone

Au Ministère des Affaires Etrangères et des Guinéens de l’Etranger

  • à défaut d’accompagner un processus neutre et non biaisé de sélection des représentants de la diaspora au CNT, nous demandons son retrait dans une place d’observateur du processus
  • dans le cadre des prérogatives du MAE, de contribuer à travers les représentations diplomatiques le cas échéant, à l’appui logistique de la diaspora pour des consultations citoyennes permettant le recueil de propositions à l’endroit du CNT et des autorités guinéennes pour la phase de la transition

Au CNRD à travers le Président de la Transition et au Premier Ministre

  • d’établir et rendre public le calendrier de mise en place du CNT
  • en lien avec les Forces Vives de la Guinée, et sur la base du contenu des missions de la transition identifiées à l’issue du processus de concertation et des mémorandums remontés, de définir et rendre public très rapidement la durée et le calendrier effectif de la transition
  • la secrétaire générale du MAE ayant activement participé à la campagne pour le 3ème mandat, s’est elle-même disqualifiée pour une quelconque coordination de la participation des guinéens de l’étranger au processus de la Transition. De ce fait, nous exhortons le Président de la Transition et le Premier Ministre la désignation rapide d’un interlocuteur fiable pour accompagner le processus
  • l’implication et la valorisation du grand vivier d’expertises de la diaspora dans le cadre des commissions d’expertise du CNT
  • le refus de toute candidature au CNT issue de la diaspora qui ne seraient pas le résultat d’un processus participatif et consensuel

Aux Forces Vives de Guinée

  • de saisir l’opportunité offerte pour contribuer en lien avec les forces du changement cordonnées par la branche société civile du FNDC à organiser de véritables forums citoyens à travers le territoire guinéen afin d’assurer la participation de chaque guinéen au processus
  • de faire de la transition sienne, et contribuer activement au processus de veille et d’alerte pour s’assurer d’une issue positive pour la Guinée
Liste des 1ères Organisations Signataires

(liste ouverte)

AFRIQUE
Association des Guineens de l’Algérie Algérie
Association des (étudiants) Guinéens du Ghana Ghana
Association des Stagiaires, Étudiants et Élèves Guinéens au Maroc (ASEGUIM) Maroc
Conseil des Guinéens du Maroc
Le Collectif Africain de la Sensibilisation, la Réinsertion et l’intégration des Migrants (CASRIM) Guinée
Nouvel Horizon Guinéen (NHG)
AMÉRIQUE
Aldjana Family Etats Unis
Coordination internationale des associations et amis de Labé en Amérique du Nord Amérique du Nord (Canada, Etats Unis)
EUROPE
Amicale de Guinée e.V. (Allemagne) Allemagne
Association des Guinéens de Genève et de France voisine Suisse/France
Communauté Guinéenne Rhône Alpes (CGRA) France
Association Tous pour la Guinée
Association des femmes de Labé/Lyon
Association Socio-Culturelle des Guinéens de Rennes (ASCGR)
Association des Guinéens du Sud de la France
La Sérénade (collectif d’associations)
Association des Guinéens et Sympathisants de l’Isère
Talents de Guinée
INTERNATIONAL
La Nouvelle Donne (en Guinée) Monde, 6 pays
Réveil International pour une alternance démocratique en Guinée Monde, 14 pays
Union des Associations des guinéens de l’étranger (U. A.G.E) Monde
Réseau Amazone International

 

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