Aline DESTAILLATS : « pourquoi il est important d’étudier à l’Université française de Guinée »

Mme Aline DESTAILLATS, fondatrice de l'Université Française et Guinée (UFG)

En prélude à la rentrée des classes au compte de l’année universitaire 2021-2022 en Guinée, l’Université française de Guinée (UFG) située dans la commune de Ratoma (Conakry) a organisé vendredi dernier, 29 octobre 2021, une « journée d’intégration des nouveaux étudiants ». La démarche a pour but de permettre aux étudiants de faire connaissance avant de se rencontrer en classe pour les cours. La cérémonie festive a réuni les responsables de l’UFG, les étudiants et plusieurs invités notamment des grands intellectuels et artistes guinéens. Et, elle a été marquée par une série de prestations artistiques pour égayer l’assistance.

Au cours de cette cérémonie, Aline DESTAILLATS, la fondatrice de l’université française de Guinée, a accordé une interview Guineematin.com pour parler de l’organisation de cette journée d’intégration. Egalement, d’autres sujets liés à l’accès et à la formation à l’UFG ont été abordés dans cet entretien.

Décryptage !

Guineematin.com : Pourquoi l’Université française de Guinée a tenu à organiser « une journée d’intégration des nouveaux étudiants » ?

 

Mme Aline DESTAILLATS, fondatrice de l’Université Française et Guinée (UFG)

Aline DESTAILLATS : D’abord c’est le fait qu’on a voulu que les étudiants se rencontrent avant de reprendre les cours dans les classes. C’est plus facile quand on arrive dans une université où on ne connaît personne, mais c’est aussi plus facile quand on arrive dans une université de se connaître avant d’aller dans les classes et apprendre. La rentrée chez nous ici, à l’Université française de Guinée, c’est le mardi matin (02 novembre 2021). Pendant deux jours, on a fait des activités pour que les étudiants puissent se connaître et être ensemble. Cette année, ce qu’on propose aux étudiants, c’est de bénéficier de ce que nous on sait et qu’on a fait l’année dernière.

Alors, nous avons des étudiants en Bachelor, donc la Licence, on a des étudiants en Master, on a des étudiants en commerce, en finance, en Ressources humaines, en Management etc. Ce qu’on propose aux étudiants, c’est une pédagogie extrêmement active vraiment tournée vers l’insertion en entreprise. Moins de théories et plus de pratique j’ai envie de dire. Et, puis aussi beaucoup de chance, parce que par exemple l’année dernière, il faut le dire, nos étudiants sont allés faire un voyage à  Abidjan (en Côte d’Ivoire), ils ont découvert la Côte d’Ivoire. Cette année, on proposera de nouvelles destinations. On souhaite que l’ouverture internationale soit vraiment dans notre université.

Guineematin.com : de nombreux étudiants ont le désir de venir étudier à l’université française de Guinée par le fait qu’il a une formation de qualité. Mais, beaucoup d’entre eux manquent de moyens pour assurer les frais de scolarité. Que dites-vous à cette dernière catégorie d’étudiants ?

Aline DESTAILLATS : D’abord ce que je vais leur dire, c’est que tout est possible quand on en a vraiment la volonté. La deuxième des choses que je vais leur dire, c’est : venez nous rencontrer avec vos difficultés, vos problématiques. Venez nous exposer qui vous êtes, quel est votre projet professionnel, on en parlera, on trouvera des solutions. Je sais aussi que beaucoup d’étudiants attendent encore leur affectation, il y a quelques affectations qui ne sont pas encore données. Nous, il nous reste quelques places, mais pas beaucoup, très malheureusement. Parce que vous le savez c’est l’engagement. L’engagement c’est d’avoir des classes de 24 étudiants au maximum. On ne va pas au-delà. Sinon, on ne va pas bien travailler. Et donc, il ne reste que quelques places.

Guineematin.com : Que proposez-vous aux étudiants qui souhaitent venir à l’Université française de Guinée ?

Aline DESTAILLATS : On a deux écoles à l’UFG ici : une sur le campus, une licence d’informatique, administration réseau et métiers du développement, un Master informatique qui s’appelle Manager de projets informatiques. Tous les diplômes qui sont évidemment reconnus par l’Etat français, seront délivrés par la France et puis validés bien entendu en Guinée, puisqu’on est en Guinée. Dans l’école de commerce, il y a plusieurs filières telles que : les filières négociations-commerce, management, mais la communication, toute la partie digitale qui prend de plus en plus d’importance. Donc, chefs de projets en communication digitale, managers de projets digitaux et puis le volet Finance, administration et Ressources humaines. On essaie d’ouvrir aujourd’hui d’autres spécialités telles que Banque et Assurance.

On essaie encore d’ouvrir des formations où il y a de la demande des entreprises. Parce qu’on ne veut pas former pour former. Ça n’aura pas de sens. Et donc, à chaque fois qu’on va ouvrir une filière, c’est qu’il y a un besoin exprimé des entreprises. On n’a pas vocation de former des gens qui ne travaillent pas. Nous, nos taux d’insertion sont extrêmement importants. A la sortie des études,  94% de nos étudiants ont un emploi fixe. Ils ne vont pas en stage, ils ont un emploi. Les stages se font pendant l’année. L’immersion se fait pendant l’année. Et, c’est pour ça qu’en sortant les entreprises les demandent. On veut absolument continuer dans ce sens. Alors, si demain il y a un nouveau métier émergent et bien on formera pour ce nouveau métier et on abandonnera les formations où il n’y a pas de demande des entreprises.

Et donc, aujourd’hui, il faut que l’école soit capable de s’adapter au monde de l’entreprise. Nous, on travaille avec les entreprises. On leur demande: de quoi avez-vous besoin ? Comment travaillez- vous ? Et on va écrire nos programmes avec eux. Ça, c’est la première chose. La deuxième chose, c’est que nous, on est sur des diplômes français. Et, en France, on ne valide pas des savoirs, on valide des compétences. Donc, tout ce qu’on valide chez un étudiant, c’est : est-ce qu’il est capable de gérer un client ? Est-ce qu’il est capable de faire son  travail ? Donc, nos étudiants sont en classe, mais ils font beaucoup plus dans les entreprises. Ils font beaucoup de stages. J’ai des étudiants qui font 4 stages par an. Donc, ils vont avoir beaucoup d’expérience et quand ils sont diplômés et ils sont opérationnels. Ils sont prêts à travailler.

Ce qui manque cruellement à ces étudiants, ce n’est pas du tout de leur faute. C’est que le système est fait de sorte qu’ils ne pratiquent jamais. Et donc, quand ils arrivent en entreprise, ils s’assoient, mais ils ne savent pas vraiment quoi faire. Et donc, nous on a pris le problème à l’envers. On a dit : on va leur apprendre tout, mais il faut qu’ils pratiquent. Nous, on refuse que nos étudiants aillent en stage après le diplôme. Le stage c’est pendant les études et non après. Après les études théoriques suivies de pratiques, c’est l’emploi. On a tissé beaucoup de liens avec les entreprises de la Guinée et plus précisément à Conakry. Des entreprises auxquelles on demande d’accompagner nos étudiants, les intégrer en stages et elles gardent  nos étudiants à  l’issue de leur formation de stage. Je crois que c’est un peu ça la clé.

Guineematin.com : En dehors de tout cela, qu’est-ce qui fait la qualité de formation à l’Université française de Guinée ? Est-ce que vous pouvez nous dire de quoi est composée votre institution ?

Aline DESTAILLATS : vous savez, je n’ai jamais compris pourquoi, parce qu’on est en Afrique, les étudiants aiment ici (en Afrique) qu’ailleurs. C’est une idée bête. Donc, nous avons juste essayé de faire comme si c’était une école. Ici l’université française de Guinée, c’est une petite partie de la France, mais c’est surtout un morceau de la Guinée. On est ici, il n’y a pas de raison que les étudiants aiment moins qu’ailleurs. On a deux salles informatiques, les salles sont climatisées parce qu’il fait par moment très chaud. Donc, il faut que les étudiants soient à l’aise pour travailler. On a un terrain de sport, une piscine, il y a des cours pour apprendre à nager, on a tout un club d’activités. Il y a une bibliothèque. Il faut que les étudiants viennent ici et s’engagent complètement pour leur formation. Et ça, ça passe aussi par un campus de qualité. C’est normal.

Guineematin.com : quels sont les canaux d’accès aux programmes de votre université que vous pouvez donner aux futurs candidats ? 

Aline DESTAILLATS : nous rencontrons des élèves dans les lycées un peu partout, mais il faut que les étudiants viennent ici exposer leurs problèmes, ils auront un conseiller qui va les recevoir pour leur formation. On ne va quand-même pas aller les chercher, puisque c’est eux qui savent ce qu’ils veulent. Ce conseiller va les conseiller et les orienter. Ensuite, ils vont passer des tests de niveau et valider avec eux que la formation sera adaptée à leur projet. Enfin, ils vont nous remettre un dossier dans lequel ils vont mettre les relevés de notes du bac, etc. Nous allons les revoir dans un entretien, ils vont nous expliquer leur motivation à intégrer l’université ; et, enfin, on prend une décision pour dire si on est d’accord ou pas. J’allais vous dire que ce n’est pas le niveau académique de l’étudiant qui compte. On peut avoir par exemple des difficultés de mathématiques et vouloir faire des études de commerce. Ce qui compte, c’est leur motivation et leur projet professionnel. S’ils ont un véritable projet professionnel, alors on les accompagne sans aucun doute.

Guineematin.com : De nos jours, il y a plusieurs modalités de formation, tel que la formation en ligne. Quels sont les cas chez vous ?

Aline DESTAILLATS : c‘est bien vrai qu’on favorise beaucoup plus la formation en présentiel, parce qu’on trouve quand-même que c’est ce qui est beaucoup plus efficace. Par contre, on s’adapte aux circonstances. On a par exemple des étudiants en Master qui ont un emploi ; et donc, ils viennent faire les cours du soir. Ça existe, parce qu’on veut offrir des formations même à ceux qui sont déjà en poste. Les étudiants eux, ils ont cours la journée ; mais, aujourd’hui, c’est vrai qu’on a numérisé tous nos cours stockés. Aujourd’hui, un étudiant qui serait par exemple malade, il peut venir après récupérer ces cours en vidéo et travailler de chez lui. Parce qu’après tout, le travail ne s’arrête pas parce qu’il y a un absent. C’est ce qui est le plus important.

Guineematin.com : Qu’avez-vous à dire à tout le monde pour clore cet entretien à l’occasion de cette journée d’intégration des nouveaux étudiants à l’Université française de Guinée ?

Aline DESTAILLATS : écoutez, moi je suis vraiment heureuse, parce que notre vocation c’est d’amener l’éducation partout. Je suis tellement heureuse d’être à Conakry. L’université française de Guinée est une université à laquelle je tiens beaucoup. On a ouvert il n’y a pas longtemps au Cameroun l’école d’informatique, mais j’avoue que mon cœur reste à Conakry quand-même.

Interview réalisée par Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel: +224622919225 / +224666919225

 

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