CNT : Dr Morlaye Camara dénonce « l’exclusion » des albinos

Dr Morlaye Camara, président de la Fondation pour le Secours et l’Intégration Sociale des Albinos en Guinée
Dr Morlaye Camara, président de la Fondation pour le Secours et l’Intégration Sociale des Albinos en Guinée

Les albinos sont-ils exclus du conseil national de la transition (CNT) ? C’est en tout cas ce que pense Dr Morlaye Camara, président de la Fondation pour le secours et l’intégration sociale des albinos en Guinée. Il a déploré cet état de fait dans un entretien avec un journaliste de Guineematin.com, invitant le président de la transition à rectifier le tir.

Les albinos ne veulent pas rester en marge de la conduite de la transition. Ils souhaitent avoir un représentant au conseil national de la transition (CNT), l’organe législatif qui va voter toutes les lois devant régir la vie de la nation. Malheureusement, la charte de la transition ne prévoit aucune place pour cette couche vulnérable. Et elle ne précise pas non plus dans quelle entité parmi celles qui sont appelées à désigner des représentants au CNT les personnes atteintes d’albinisme peuvent se retrouver.

« Quand la charte a été publiée, on a vu que l’on demandait la participation des représentants de la société civile. Nous, en tant qu’organisation faîtière, nous devons faire partie de cela. Mais on a vu cela comme une chose de grande envergure alors qu’il fallait faire une différence entre les sociétés civiles. Il y a des sociétés civiles activistes politiques qui sortent pour manifester et il y a les sociétés civiles défenseurs des droits de l’homme auxquelles nous appartenons. Mais si on dit seulement société civile, on ne sait plus quelle est celle qui est concernée », a déclaré Dr Morlaye Camara, le président de la Fondation pour le secours et l’intégration sociale des albinos en Guinée.

Ce professeur d’université ajoute que l’autre aspect du problème des albinos aujourd’hui, c’est le fait qu’ils sont souvent logés dans la catégorie des personnes handicapées. Il estime que la situation actuelle aurait pu être évitée si le ministère en charge des personnes vulnérables avait accepté de les départager. « Après la publication de la charte de la transition, les personnes handicapées ont compris que c’est à eux qu’on s’adresse, parce que nous, nous ne sommes pas handicapés. Et c’est là que le ministère aussi s’est laissé affaiblir. Je suis allé leur dire : vous avez différentes catégories de personnes vulnérables avec la loi sur les albinos qui a été votée au mois de mars et signée par le chef de l’Etat au mois d’avril.

Vous devez distinguer. Quand il y a maintenant quelque chose à faire au niveau des personnes vulnérables, vous devez immédiatement séparer les albinos des personnes handicapées. Mais, si vous réunissez les deux et vous dites de désigner des représentants, ça sera difficile parce que les handicapés ne comprendront pas qu’est-ce qu’on est partis chercher à leur niveau. Et c’est ce qui est malheureusement arrivé », a-t-il déploré, avant de solliciter l’intervention du colonel Mamadi Doumbouya pour permettre aux albinos d’avoir un représentant au CNT.

« Aujourd’hui, je ne peux que m’adresser au CNRD, à sa tête le colonel Mamadi Doumbouya. C’est lui seul qui peut trancher. Il faut qu’il revoie la charte, parce qu’il y a des termes qui ont été utilisés mais qui ne sont pas conformes avec notre communauté. Si pendant la refondation de l’Etat on ne nous a vus nulle part, on ne nous a entendus nulle part, quelle sera notre position dans cette refondation ? Quel intérêt allons-nous avoir dans la nouvelle nation ? C’est la question qu’on se pose.

C’est pourquoi, je m’adresse au président de la transition pour qu’il revoie la situation et qu’il désigne personnellement un albinos. Il peut me consulter, il y a des albinos qui ont la culture et qui ont un niveau d’étude élevé. Ils peuvent participer parce que si on va, c’est pour travailler sur les textes de loi. Là, c’est une exclusion, parce qu’ils ont dit handicapés alors que nous sommes aussi éléments de cette nation qu’on veut refonder », a dit Dr Morlaye Camara.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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