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Dr Daouda Keïta sur le secteur pharmaceutique en Guinée : « nous sommes pris en otage par les médecins »

Dr Daouda Keita, pharmacien

Le secteur pharmaceutique guinéen est-il devenu un fourretout ces dernières années ? En plus de la circulation des faux médicaments et l’existence des pharmacies par terre sur le marché, certains professionnels et agents de santé contribueraient à mettre à genoux le secteur de la pharmacie en Guinée. Apparemment, beaucoup de médecins se livreraient, sans forcement le savoir, à « une vente illicite de médicaments » dans notre pays.

En tout cas, dans un entretien accordé à Guineematin.com samedi dernier, 06 octobre 2021, Dr Daouda Keïta, pharmacien et directeur général de la pharmacie ‘’Nanfadima’’ de Kouroussa, a laissé entendre que le secteur pharmaceutique est actuellement pris en otage par des médecins, en total violation de la loi. Il les accuse notamment de vendre des « médicaments spécialisés » dans des cliniques et hôpitaux et d’ouvrir des cliniques privées à travers le pays. Une chose qui, selon notre interlocuteur, est illégale au regard de la loi.

« La pratique illégale de la profession par certains médecins est formellement interdite par loi L75. En Guinée, nous avons des problèmes avec certains pharmaciens, mais aussi avec nos cousins médecins. En principe, quand tu es inscrit à l’ordre national des pharmaciens, tu ne dois pas être un fonctionnaire d’État. Mais, en Guinée, nous voyons des personnes qui ont leurs cliniques ou pharmacies privées qui sont aussi des fonctionnaires. Pourtant, c’est formellement interdit par la réglementation pharmaceutique. Ce cumule de fonction ne favorise pas, dans un pays, l’employabilité des jeunes qui veulent travailler. Ces genres de pratiques doivent être condamnés… Par rapport aux médecins, certains d’entre eux ont totalement laissé leur fonction au profit de la nôtre. Il n’est pas interdit à un médecin de vendre des médicaments, mais il y a des médicaments répertoriés qu’ils sont censés vendre. Par exemple, dans chaque clinique, il y a des pharmacies d’urgence dans lesquelles on ne doit vendre que les produits comme : ampicillines injectables, cipro perfusable, metamizole injectable, novalgin…pour soulager les patients d’urgence. En dehors de ces produits, le médecin ne doit pas vendre d’autres. Chez nous (en Guinée), c’est le contraire. Dès qu’un médecin ouvre une clinique, il met tout ce qui est de la spécialité. C’est-à-dire les médicaments de pharmacie comme : les antidiabétiques, les neuroleptiques, les antis spasmodiques… », a fustigé Dr Daouda Keita.

A en croire notre interlocuteur, il y a des médecins qui, pour simplement écouler leurs produits en pharmacie, prescrivent à leurs patients des médicaments qui ne pas de bonne qualité.

Dr Daouda Keita, pharmacien

« Nous, nous avons eu le courage de venir ouvrir une pharmacie à l’intérieur du pays. Mais, à partir de là, nous avons connu la réelle problématique du secteur de la pharmacie en Guinée et nous avons vu que le secteur est pris en otage par nos propres confrères. À l’intérieur du pays, il y a les médicaments moins chers et accessibles dans les pharmacies. Mais, certains médecins imposent les médicaments aux patients même si ce n’est pas de la bonne qualité. Certains parmi eux ramassent des médicaments dans les boutiques pour venir vendre dans leurs cliniques. C’est seul en Guinée qu’on peut voir des produits qui ne sont commercialisés nulle part. C’est pourquoi certains pays limitrophes même accusent la Guinée de les approvisionner en faux médicaments. Ce sont eux qui font la promotion des grossistes. Quand ils prennent ces produits là, ils les vendent plus chers que dans les pharmacies. Ça ne donne pas un succès thérapeutique. Ils sont devenus à la fois médecins, biologistes et pharmaciens… Pourtant, il doit y avoir de connexion entre médecin et pharmacien, parce que le problème de médicament est un problème de santé publique », a indiqué Dr Daouda Keïta.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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