N’Zérékoré : un ancien ministre arrêté et conduit en prison

Kémon Charles Zogbélémou, qui a été ministre de l’Economie et des finances sous le règne de Lansana Conté, a été arrêté ce vendredi, 19 novembre 2021, à N’Zérékoré. Il est poursuivi par un de ses employés pour « coups et blessures volontaires et non-assistance à une personne en danger », rapporte le correspondant de Guineematin.com dans la ville.

C’est Mathos Kolié, un jeune homme qui travaille dans une usine de production d’huile de palme appartenant à Kémon Charles Zogbélémou, qui a porté plainte contre l’ancien ministre guinéen. Il accuse son patron d’avoir organisé une agression physique contre lui. « Il y a près de deux ans que je travaille pour l’ex ministre Kémon Charles Zogbélémou. Récemment, j’ai eu un problème avec ma femme, qui est partie chez ses parents. Quand j’ai expliqué ça à mon patron, il m’a promis de résoudre le problème. Le 17 novembre, il m’a dit qu’on doit aller au village où se trouve ma femme. Mais avant d’y aller, il a dit qu’on devait d’abord partir acheter du vin blanc qu’on devait apporter, parce que c’est quelque chose qui est fortement recommandé dans notre communauté.

C’est ainsi qu’il m’a demandé d’aller avec lui à Gborola, un secteur du quartier Gbangana, pour acheter du vin blanc. On s’est embarqués à bord de son véhicule, en compagnie de Jean Théa, son chauffeur, Kokoly Soomou, son neveu, et deux jeunes filles originaires de Diécké. Quand nous sommes arrivés à Gborola, le patron a acheté une grande quantité de vin blanc, il nous a donné une partie qu’on a consommée sur place. Et quand nous sommes revenus à Gbangana, aux environs de 14 heures, il nous a aussi fait consommer du vin. Après, il a demandé à ce qu’on parte à Kotozou, un district de Yalenzou, où il a installé une presse d’huile rouge. Même lorsqu’on était en route, M. Charles nous faisait toujours boire du vin blanc.

Maintenant, sur le chemin du retour, aux environs de 21 heures, pendant qu’on était à la rentrée de Bangouéta, le patron a commencé à m’insulter en me traitant d’orphelin, sans soutien et sans protection. Quand je lui ai demandé de cesser de m’insulter, son neveu Kokoly Soomou a commencé à me frapper à l’intérieur du véhicule, sous les encouragements de son oncle, Kémon Charles, qui a même ordonné à son chauffeur de plomber les vitres pour ne pas que mes cris soient entendus pendant qu’on traversait le village de Bangouéta. Une fois hors du village, entre Bangouéta et Karana, M. Kémon Charles a demandé au chauffeur de se garer pour me corriger. Il a dit que si je mourais, il m’enterrerait.

C’est ainsi que son neveu m’a poignardé à plusieurs reprises au niveau des bras et sur la tête, à l’aide d’un couteau, avec l’appui des autres passagers. Pour me sauver, j’ai attrapé son neveu et je me suis débattu jusqu’à ce qu’on a brisé la vitre arrière du véhicule pour tomber à deux. Pendant que j’étais à terre, j’ai reçu aussi un coup de bâton sur la nuque. Vu que j’étais attaqué de partout par plusieurs personnes, je me suis fait passer pour mort. Et lorsqu’ils ont aperçu les phares d’un autre véhicule en provenance de la préfecture de Lola pour N’Zérékoré, M. Kémon Charles et son équipe ont pris la fuite, me laissant couché sur les lieux », a expliqué le jeune homme.

Blessé et affaibli, Mathos Kolié dit s’être débrouillé pour rallier le village de Bangouéta, où des citoyens l’ont conduit dans une structure sanitaire pour avoir les premiers soins. Ensuite, il s’est rendu vers minuit à la gendarmerie départementale de N’Zérékoré. « Quand je suis arrivé à la gendarmerie, avec l’aide d’une dame, les agents se sont contentés de prendre mes photos, parce que j’étais complètement ensanglanté, avant de me demander de rentrer chez moi et revenir le lendemain matin. Le lendemain, quand je suis parti à la gendarmerie, ils m’ont demandé d’abord d’aller me faire soigner. Et à mon retour, j’ai été confronté à la gendarmerie avec mon bourreau, M. Kémon Charles, qui se plaignait plutôt pour sa vitre que j’aurais brisée. Prenant en considération sa plainte, les gendarmes m’ont enfermé avec mes blessures pendant 24 heures, avant de me libérer sur instructions de leur commandant », a-t-il indiqué.

C’est ainsi que le jeune homme a porté plainte contre Kémon Charles Zogbélémou. Ce Vendredi 19 novembre, le parquet de N’Zérékoré a inculpé l’ancien ministre de l’Economie et des finances de « coups et blessures volontaires et non-assistance à une personne en danger », avant de le placer sous mandat de dépôt à la Maison centrale de N’Zérékoré.

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah pour Guineematin.com

Tél. : +224 620166816/666890877

Facebook Comments Box