Gaoual : des enseignants chassés de leurs habitations au profit des orpailleurs

La ruée vers l’or ne reste pas sans conséquences pour les enseignants en service dans cette préfecture. Plusieurs d’entre eux ont été vidés de leurs habitations au profit des orpailleurs, qui rapportent plus d’argent aux bailleurs des maisons, a appris Guineematin.com à travers son correspondant basé à Boké.

Issiaga Touré, professeur de philosophie au lycée de Gaoual

Selon les témoignages, 6 enseignants ont été délogés depuis le début de l’année scolaire en cours et 11 autres ont reçu un préavis pour libérer leurs habitations. « Aujourd’hui, j’ai honte pour les gens de Gaoual. Moi, j’enseigné ici depuis plus de 15 ans, je logeais toujours au même endroit, il n’y avait jamais eu de problème entre le concessionnaire et moi. Mais cette fois-ci, il vient directement me demander la clé en disant qu’il a besoin de récupérer la maison.

J’ai été surpris et étonné, mais je ne pouvais rien contre sa volonté. C’est après que j’ai compris qu’il voulait augmenter le prix du loyer. Il a déjà donné le bâtiment aux orpailleurs. Certains parmi nous ont fait plus de 15 ans ici, nous enseignons les enfants de Gaoual. Aujourd’hui, on nous déloge à cause de l’argent des orpailleurs », déplore Issiaga Touré, professeur de philosophie au lycée de Gaoual.

De son côté, Mamadou Dian 3 Diallo, professeur de Physique au lycée de Gaoual, cherche actuellement un nouveau logement (ce qui est très difficile à avoir). Le propriétaire de la maison qu’il occupe lui donne jusqu’en fin décembre pour libérer les lieux. Sinon, il devra faire face à une augmentation de 300% du loyer mensuel.

Mamadou Dian 3 Diallo, professeur de Physique au lycée de Gaoual

« Je louais ma chambre à 50 000 francs par mois. Mais d’un seul coup, le concessionnaire est venu me dire que désormais, le loyer mensuel de cette chambre est fixé à 200 000 francs le mois. Dans la même concession, un collègue qui occupait un appartement de 3 chambres et un salon, payait un loyer mensuel de 100 000 francs. Mais désormais, on lui demande de payer 600 000 francs.

Nous lui avons dit que nous, nous sommes des enseignants, on n’a pas d’argent comme les orpailleurs, mais il a été incompréhensif. Ce qui se passe ici est incroyable. Au moins, si les gens augmentaient 50% ou même 100% sur le loyer mensuel, on pouvait comprendre. Mais ils font des augmentations de 300% et même plus pour nous obliger à sortir. On ne peut pas bien travailler dans cette situation », a dit cet enseignant.

Cécé Délamou, professeur de Biologie

Dépassés par cette situation, certains enseignants souhaitent quitter Gaoual. C’est le cas de Cécé Délamou, professeur de Biologie, qui demande une mutation. « Personnellement, j’ai fait 15 ans de service ici, je n’ai jamais bougé. Mais aujourd’hui, je demande à être affecté ailleurs. Je ne peux pas travailler dans cette situation. Je ne peux pas aller en classe et donner un cours en laissant ma famille en train de traîner dehors. Donc, je demande aux autorités de m’aider à quitter ici. Je suis très loin de ma famille, je n’ai personne ici pour m’aider sur quoi que ce soit. Il faut que je quitte ici, c’est la seule chose que je veux actuellement », a-t-il dit.

De son côté, le bureau du Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) à Gaoual ne reste pas les bras croisés. Il a engagé des démarches auprès des autorités pour réclamer des mesures permettant de résoudre rapidement ce problème.

Mamadou Dian Souaré, SG du SLECG de GAOUAL

« Dès que le problème a commencé, on est partis voir directement le Directeur préfectoral de l’éducation de Gaoual pour lui exposer le problème. Il s’est vraiment occupé de l’affaire, il a rencontré le préfet et le maire, mais ça n’a pas encore marché. Maintenant, nous avons fait un mémorandum que nous avons déposé auprès de la DPE (Directeur préfectoral de l’éducation, ndlr). Nous demandons que le prix du loyer reste maintenu à son niveau habituel, que nos collègues délogés soient relogés et que les bâtiments administratifs appartenant à l’éducation soient mis à la disposition des enseignants », a indiqué Mamadou Dian Souaré, le secrétaire général de l’union préfectorale du SLECG à Gaoual.

De Gaoual, N’Diaré Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com

Tel: 628-98-49-38

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