Les travailleurs de l’hôtel Sheraton Grand Conaky ont manifesté samedi dernier, 27 novembre 2021, pour exiger de la direction de Sheraton la réintégration de leurs collègues (Amadou Diallo et Alhassane Diallo) « injustement licenciés ». Ces deux jeunes travailleurs et leaders syndicaux ont été renvoyés de leur boulot pour avoir défendu leur collègue Saliou Sampil, licencié pour avoir accidentellement cassé un pot de fleur de l’hôtel, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.
« A bas le licenciement abusif ! Vive la solidarité syndicale ! Réintégrez Amadou et Alhassane ! » C’est avec ces slogans que les travailleurs de Sheraton Grand Conakry ont effectué leur manifestation de soutien à leurs amis licenciés, afin d’interpeller les autorités guinéennes sur cette « injustice » infligée à des jeunes travailleurs en début de carrière. Vêtus de t-shirt blanc, ces manifestants se sont retrouvés dans un restaurant non loin de Sheraton, pour ensuite battre le pavé jusqu’à la devanture de l’hôtel. Et, sur leur parcours, ils ont brandi des pancartes pour faire passer leur message.
Présente à cette manifestation, Asmao Doukouré, la secrétaire générale de la fédération de l’Hôtellerie, du Tourisme et du Restaurant en Guinée a salué la démarche de solidarité de ces travailleurs. Pour cette responsable syndicale, la présente marche va au-delà de la personne des employés licenciés de Sheraton. Car, elle exprime surtout le ras le bol des travailleurs des hôtels face à la violation fragrante de leurs droits par leurs employeurs.
« Nous voilà encore une fois en rassemblement pour des raisons de violations de droits des travailleuses et travailleurs de tous les établissements hôteliers de la Guinée en général et plus particulièrement ceux de l’hôtel Sheraton Grand Conakry qui continue de bafouer les droits syndicaux. Au cours des trois dernières années, les travailleurs ont exigé ľ’amélioration de leurs salaires, de leurs soins de santé, de leurs conditions de vie et de travail. Certains parmi eux travaillent sans contrat, sans prise en charge sanitaire complète, ni paiement des heures supplémentaires. Il y a aussi le non-respect de la sécurité et de la santé et le harcèlement de tout genre. D’autres sont servis avec des aliments périmés dans les cantines. Leurs vestiaires sont sales et inutilisables. Ce sont des conditions de travail inacceptables et illégales qu’ils traversent au vu et au su de nos autorités compétentes, en l’occurrence l’inspection générale du travail… Depuis un an nous luttons sans relâche pour la réintégration de deux délégués syndicaux : Amadou et Alhassane, ainsi que le travailleur Mamadou Saliou SAMPIL qui a cassé pot de fleurs dans l’exercice de son travail. Il (Saliou Sampil) a gagné le procès contre l’hôtel Sheraton au tribunal du travail. Donc, nous continuons d’exiger leur réintégration. Ils ont été licenciés arbitrairement par la complicité de l’inspection générale du travail, ils ont été licenciés pour avoir défendu un collègue. Depuis quand est-il acceptable de licencier des délégués syndicaux pour avoir exercé leurs fonctions ? Il s’agit d’un cas de violation des conventions 87 et 98 de l’OIT (organisation internationale du travail) que la Guinée a ratifiée… Nous demandons à la direction de l’hôtel Sheraton Grand Conakry de prendre ses responsabilités en respectant les lois de la République », a dit Asmao Kourouma.
Pour le secrétaire général adjoint des employés de Sheraton Grand Conakry, Alhassane Diallo (l’un des travailleurs licenciés), cette manifestation de soutien dont-ils (les travailleurs licenciés) bénéficient de la part de leurs collègues est une « source de motivation » pour continuer la lutte. Et, il interpelle les nouvelles autorités guinéennes sur « injustice » qui l’a réduit au chômage depuis plus d’une année déjà.
« Cette manifestation de nos collègues travailleurs et travailleuses nous motive et nous montre que la solidarité existe entre les travailleurs au Sheraton Grand Conakry. Ce n’est pas la première fois. Au cours d’une année, on a fait 4 ou 5 fois des conférences de presse et des mobilisations pour demander la liberté syndicale, demander notre réintégration et celle de Saliou Sampil. Ce qui bloque notre réintégration, c’est le groupe TOPAZ. Parce que c’est le groupe TOPAZ qui a construit l’hôtel avec le soutien de la SFI. Pour moi, c’est une entreprise anti syndicale… Pour ce fait, nous attirons l’attention des nouvelles autorités pour s’investir dans cette situation afin de régler les problèmes des employés. Parce que ça ne concerne pas que Amadou, Alhassane ou Sampil. Ça concerne tous les travailleurs de Guinée », a indiqué Alhassane Diallo.
Venu à Conakry pour apporter son soutien à ces travailleurs licenciés, Jefrey Boyd, le directeur de compagnie globale de l’union internationale des travailleurs d’alimentation, d’agriculture et de l’hôtellerie se dit déterminé à poursuivre ce combat jusqu’au bout.
« On a lutté pendant 100 ans pour le droit des travailleurs et des travailleuses dans le monde ; et, on ne cessera jamais cette lutte à Conakry jusqu’à ce qu’on achève la victoire au Sheraton hôtel. Regardez sur la banderole vous verrez le visage de tous les travailleurs et travailleuses de Sheraton qui sont préparés à faire grève, parce qu’ils veulent la réintégration de leurs collègues, de leurs leaders syndicaux. Ils veulent la justice, la liberté syndicale qui fait partie de la démocratie. Donc, c’est un honneur pour moi d’être avec vous tous ici aujourd’hui et ce, jusqu’à la victoire finale », a déclaré Jefrey Boyd.
Malick Diakité pour Guineematin.com
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