Conflit domanial à Simabossia (Ratoma) : les accusations de Mamadou Adama Keïta contre Issiaga Condé

C’est un père de famille inquiet et désemparé, mais surtout en quête de justice que la rédaction de Guineematin.com a reçu le weekend dernier. Mamadou Adama Keïta dit être victime de tentative d’expropriation, de menace, d’agression et de destruction de biens de la part d’un certain Issiaga Condé. Ce dernier l’accule depuis 2016 à cause d’une concession à Simabossia (dans la commune de Ratoma) dont il se réclame être le propriétaire. Une situation que Mamadou Adama Keïta a du mal à comprendre, d’autant plus que la concession qu’il occupe appartient à son jeune frère, Mamadou Saïdou Keïta, qui vit à l’extérieur de la Guinée.

Selon Mamadou Adama Keïta, il ne fait l’ombre d’aucun doute que la concession au centre du conflit entre lui et Issiaga Condé appartient à son jeune frère Mamadou Saïdou Keïta. Ce dernier l’aurait acheté en 2006 des mains d’un certain Alpha Oumar Baldé, originaire de la préfecture de Tougué. Et, à l’époque, c’est une maison en terre battue qui y était construite.

Mamadou Adama Keïta

« C’est un parent de Tougué, monsieur Alpha Oumar Baldé, qui a revendu ce lieu à mon jeune frère, Mamadou Saïdou Keïta. C’était en 2006. C’est moi qu’il (Alpha Oumar Baldé) a appelé en première position pour me dire d’acheter sa concession. Je lui ai dit que je n’ai pas les moyens pour ça. Alors, il m’a dit d’appeler mon jeune frère qui est à l’extérieur (Mamadou Saïdou Keïta) pour lui en parler, parce que c’est à un parent proche qu’il veut vendre sa concession. Ainsi, j’ai appelé mon jeune frère pour le lui expliquer. Il m’a répondu qu’il était intéressé, mais il n’a pas tout l’argent demandé par Alpha Oumar. Quand j’ai rapporté la réponse de mon frère à Alpha Oumar Baldé, ce dernier m’a dit de dire à mon frère d’envoyer ce qu’il a (comme avance) et il va compléter l’argent quelque temps après. On s’est entendu sur ça et mon frère a envoyé l’argent. Puis, quelque temps après, il l’a complété. Les papiers font foi. Aujourd’hui, le vieux Alpha Oumar est décédé, mais ses enfants et ses petits-fils sont là, ils peuvent en témoigner. C’était une maison en terre battue qui était construite là-bas. C’est quand mon jeune frère est venu qu’on a reconstruit la maison et on a fait la cour. Quand il est reparti en occident, il a envoyé de l’argent et j’ai construit une annexe. Donc, j’occupe la concession depuis que mon jeune frère l’a acheté en 2006. Mais, c’est seulement en 2016 que Issiaga Condé est venu me dire de déguerpir des lieux. Il a dit que c’est pour lui et que c’est sa femme qui a construit cette maison », a expliqué Mamadou Adama Keïta.

A en croire ce père de famille, celui qui trouble sa tranquillité d’esprit (Issiaga Condé) depuis 2016 pour cette concession ne lui a montré aucune pièce, aucun document pour prouver que cette concession qu’il réclame avec hargne l’appartient. Et, il n’a jamais voulu qu’ils s’asseyent pour discuter preuve contre preuve de la paternité de cette concession.

« Selon Issiaga Condé, il était en Malaisie. Et, c’est de là-bas qu’il a envoyé de l’argent à sa femme pour qu’elle construise pour lui. Mais, mon jeune frère a acheté ici en 2006, alors que Issiaga Condé dit que lui c’est en 2010 qu’il s’est marié. En plus de cela, moi je pense que si vous êtes à l’extérieur et que vous envoyez de l’argent à votre femme pour qu’elle construise pour vous, quand vous rentrez au pays, c’est à votre femme que vous allez demander des comptes. C’est elle qui doit vous montrer où elle a construit pour vous. Mais, Issiaga Condé est venu chez nous avec sa fille qui n’avait même pas 5 ans pour dire que c’est là que sa femme a construit. Alors que sa femme est là, elle est vivante. D’ailleurs, grâce à la brigade de recherche de Kipé, on a pu rencontrer sa femme Kadiatou Diallo. Quand le commandant de la brigade de recherche a interrogé la femme sur ce problème, elle a dit que son mari est un habitué des faits. Elle a dit qu’elle ne me connaît pas et qu’elle ne connait même pas Simabossia. Elle a dit qu’elle n’a pas construit à Simabossia. Mais, Issiaga Condé refuse catégoriquement qu’on s’asseye tous ensemble pour parler de cette situation », a indiqué Mamadou Adama Keïta.

Apparemment, l’obstination à disposer de cette concession de Simabossia a sevré Issiaga Condé de tout sens de discernement. Car, dans sa démarche de réclamation, il aurait déjà proféré des menaces et s’est livré à des actes d’agression et de destruction de biens à l’encontre de Mamadou Adama Keïta et sa famille.

« Le 17 novembre 2020, Issiaga a envoyé un pick-up de police chez moi. Les agents ont commencé à casser des choses ; mais, quand les gens du quartier sont sortis, ils se sont enfuis. Le 19 décembre de la même année, il (Issiaga Condé) est revenu à 5 heures30’ avec 12 pick-up, moi j’étais à la mosquée pour la prière de l’aube. Les gens dormaient. Ils ont escaladé la cour. A mon retour de la mosquée, c’est au portail que les agents m’ont arrêté. Ils m’ont insulté, frappé et jeté dans un pick-up. Ils sont entrés dans la maison pour casser nos biens. Ils ont emporté des téléphones, l’argent et tous les biens qu’ils pouvaient transporter. Il y avait les 65 millions de francs de mon jeune frère qui devaient servir à la construction de la maison de notre maman au village. Les policiers ont tout pris. Ma femme avait 30 millions dans sa valise, ils ont tout raflé. Même nos locataires n’ont pas été épargnés par cette barbarie. Ils ont arrêté six autres jeunes qui n’ont rien à voir dans ce problème et ils nous ont envoyé en prison à la maison centrale. On est resté là-bas jusqu’au 03 janvier 2021, on a fait le procès à Ratoma et on nous a acquittés », a confié Mamadou Adama Keïta avec désolation.

A en croire notre interlocuteur, il n’a jamais été convoqué devant une juridiction pour cette affaire. Et, Mamadou Adama Keïta s’étonne aujourd’hui de voir Issiaga Condé avec des arrêts de la Cour d’Appel de Conakry et la Cour Suprême qui lui reconnaissent la propriété de la concession qu’il occupe depuis 15 ans maintenant. Également, ce père de famille s’étonne de voir la justice, notamment le tribunal de première instance de Dixinn, faire preuve de lâcheté dans l’exécution de sa plainte contre Issiaga Condé pour agression et destruction.

« Mon avocat a écrit au ministre de la justice ; et, celui-là a demandé à la Cour Suprême de revoir cette situation. Nous avons fourni toutes les pièces et les preuves. On a demandé une cassation. Mais, quand il (Issiaga Condé) a compris que le dossier est à la Cour Suprême, il s’est précipité d’aller voir madame Kadiatou Traoré à la quatrième chambre de la Cour Suprême pour qu’un arrêt soit émis en sa faveur. Un arrêt qui lui donne la concession. Ils ont fait sortir cet arrêt en cachette. Mais, il faut préciser qu’il y a un mandat d’arrêt contre lui (Issiaga Condé) au tribunal de Dixinn. Malheureusement, jusqu’à présent, ce mandat n’a pas été exécuté. On a fait une plainte d’agression, d’injures, de blessures et autres que j’ai déposée au tribunal de Dixinn. Mais, Issiaga refuse de répondre. Donc, ça n’a pas été jugé encore. Et, le problème de la concession n’a pas encore été jugé contradictoirement. Mais, selon les pièces de Issiaga Condé, la Cour d’appel a jugé et lui a donné raison à mon absence. Moi, je ne me suis jamais arrêté à la barre, devant un tribunal, pour parler de ce problème avec Issiaga. Donc, je ne pouvais qu’aller à la Cour Suprême pour demander cassation. Maintenant, avec l’avènement du CNRD qui dit que la justice sera la boussole qui va guider chaque citoyen, j’espère que ça va changer. Parce qu’il y a beaucoup de pourritures à la justice guinéenne, des gens qui ne cherchent pas la vérité », a dit Mamadou Adama Keïta qui souhaite une justice équitable pour tirer au clair cette affaire.

A suivre !

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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