Dubréka : les conducteurs de taximoto pris en étau entre l’insécurité et les tracasseries policières

Durant la dernière décennie en Guinée, le taximoto a été devenu un ‘’métier’’ de prédilection et de refuge pour de nombreux jeunes frappés par le chômage et la précarité. Aujourd’hui encore, ils sont nombreux ces jeunes qui pratiquent ce métier dans le pays pour subvenir à leurs besoins. Ils sont visibles partout dans le pays et sont d’une grande aide pour les populations dans leur mobilité. Mais, ces jeunes conducteurs de taximoto font face à d’énormes problèmes au quotidien. Ils sont souvent victimes de tracasseries policières et d’attaques de la part de bandits armés.

Dans la préfecture de Dubréka où un reporter de Guineematin.com s’est rendu le weekend dernier, ces conducteurs de taximotos sont en majorité, des élèves, des diplômés des universités et instituts de Guinée et des ouvriers en mauvaise passe dans leurs domaines. La pauvreté, le manque de débouchés et bien d’autres difficultés de la vie les ont conduits à ce métier où ils sont constamment sous pression et sous menace. Pour la plupart, ils travaillent pour des tiers auxquels ils versent une recette journalière de 25 à 30 mille francs guinéens.

Au quotidien, ils pratiquent ces mauvaises routes des quartiers pour soulager les populations dans leur mobilité. Mais, parfois, ce sont leurs propres passagers qui les mettent en condition d’insécurité. Nestor Mamy, élève de terminal et conducteur de taximoto à la Cimenterie, connait bien cette triste réalité. Il a récemment été victime de braquage. Il a eu la vie sauve, mais les bandits armés ont emporté sa moto.

Nestor Mamy

« Il y a beaucoup de difficultés ici. Les routes ne sont pas bonnes. Ce qui fait que lorsqu’on passe la journée en train de travailler sur cette route, on se retrouve complètement épuisé le soir. Mais, en plus de ça (le mauvais état des routes), nous sommes parfois agressés par les bandits qui retirent nos motos. Moi, un jour, j’ai travaillé jusqu’à 20 heures, alors que d’habitude je rentre à 19 heures. Donc, je suis allé à Sonfonia, un monsieur est venu me dire de l’envoyer à Tombolia. On s’est mis en route. Mais, à mi-chemin, il a reçu un appel téléphonique ; et, après, il m’a dit que le monsieur chez qui il partait s’est déplacé. Donc, on peut aller à la maison de ce dernier et il a promis d’augmenter le transport. Mais, une fois là-bas, nous y avons trouvé un jeune qui lui a dit de me donner le transport. Il a mis sa main dans sa poche, il a sorti un pistolet et l’a pointé sur ma tête. Son ami s’est approché avec un couteau qu’il a pointé sur mon abdomen en me disant de choisir entre la moto et ma vie. Je suis resté sans réaction. Alors, ils m’ont retiré les clés, puis ils sont partis avec la moto. Une moto qui ne n’appartenait pas », a expliqué Nesto Mamy.

Cependant, en plus de l’insécurité qui les guette, ces conducteurs de taxi de la Cimenterie sont embêtés par les tracasseries policières. Ils sont souvent victimes de rackets d’agents de police.

Mamadou Baïlo Barry

« La CMIS nous empêche parfois de bien travailler. Là où nous stationnons nos motos, ils viennent nous arrêter. Alors, nous essayons de discuter avec eux, mais ils ne comprennent pas. Donc, ils nous font payer de l’argent. Ils réclament 20, 25 ou 30 000 francs. Il y a aussi la difficulté liée au manque d’argent. Depuis le matin jusqu’au moment où vous m’avez vu ici, c’est à peine si j’ai trouvé 4 000 francs. Donc, nous demandons qu’on nous aide de ce côté, parce qu’il y a beaucoup d’autres gens à arrêter. À la cimenterie ici, par exemple, il y a des jeunes qui pratiquent le vol à l’arraché de téléphones. Mais, ils ne sont jamais arrêtés, alors que les autorités voient cela et ils ne font rien », a dénoncé Mamadou Baïlo Barry qui conducteur de taximoto depuis 12 ans.

Pour Sadio Sow, le secrétaire administratif chargé de la réglementation des taximotos à Dubréka, les maux des conducteurs de taximoto sont connus de tous, même si de grands efforts ne sont pas déployés pour assurer leur sécurité. Mais, il assure que les victimes d’attaques et de vol de moto sont souvent assistées.

« Pour un premier temps, nous assistons moralement et physiquement la victime. En deuxième lieu, nous procédons à un état financier de notre caisse pour voir ce qu’on peut faire pour lui. Et, si l’intéressé, lors de l’attaque a été victime de coups et blessures, dans ce cas nous nous référons à nos mandants sur le terrain et des conducteurs qui sont sur le terrain pour cotiser afin de pouvoir l’assister. Ensuite, on part porter plainte contre X au niveau des autorités, tout en menant nos petites enquêtes pour voir si par chance on va retrouver la moto », a indiqué Sadio Sow.

Mamadou Yaya Petel Diallo pour Guineematin.com

Tel : 622 67 36 81

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