Situation des droits de l’homme en Guinée : « il y a l’espoir d’une amélioration… », dit Mamady Kaba

Dr Mamadi Kaba, président pour la Ligue pour les Droits et la Démocratie en Afrique (LIDDA)

Adoptée en 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies, la journée des droits de l’homme est célébrée le 10 décembre de chaque année à travers le monde. Cette  année, la célébration de cette journée qui proclame les droits inaliénables de chaque individu en tant qu’être humain, sans aucune forme de distinction, intervient à un moment où les inégalités sont encore très profondes entre les habitants et les Etats du monde.

En Guinée, la célébration de cette journée ce vendredi, 10 décembre 2021, intervient dans un  contexte d’espoir, de renouveau et de refondation. Ceci, en dépit des nombreuses violences (mutilations génitales féminines, viols,…) enregistrées actuellement dans le pays.

Selon Mamady Kaba, le président de la Ligue pour le Droit et la Démocratie en Afrique (LIDDA), on ne peut pas parler actuellement d’amélioration de la situation des droits de l’homme en Guinée. Mais, ce défenseur des droits humains précise qu’il y a « l’espoir d’une amélioration » si les autorités actuelles du pays continuent sur la présente dynamique et consolident les acquis.

« Vous savez, la Guinée est dans une situation exceptionnelle depuis le 5 septembre dernier (date du coup d’Etat militaire qui a renversé le régime Alpha Condé : ndlr) qui est l’interruption du processus démocratique par la mise en place d’une transition. Mais, depuis cette date jusqu’à aujourd’hui, nous pouvons constater d’abord une rupture par rapport à la gouvernance passée qui était marquée par de nombreuses violations des droits de l’homme, notamment les arrestations et détentions d’opposants, la répression sanglante de manifestations pacifiques, l’humiliation… Donc, depuis la prise du pouvoir par le colonel Mamadi Doumbouya et le CNRD, on constate une certaine décrispation : la libération des détenus politiques, le retour des exilés (…), tout cela procure un bon espoir pour l’avenir. Bien que de nouveaux défis sont en train de se manifester, nous pouvons considérer que les droits civils et politiques ont de meilleures chances d’évoluer dans le bon sens à l’avenir. Nous ne pouvons pas dire aujourd’hui que la situation des droits de l’homme s’est améliorée ; mais, nous pouvons dire qu’il y a l’espoir d’une amélioration de la situation des droits de l’homme si la dynamique actuelle se maintient et se consolide », a dit Mamady Kaba.

Depuis l’accession de la Guinée à la souveraineté nationale le 02 octobre 1958, de nombreuses exactions et violations de droits de l’homme ont été commises sur les populations par les différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays. Et, en cette période de Transition où les autorités militaires ont promis de faire de la justice la boussole qui va guider chaque citoyen, les Guinéens espèrent que certains crimes vont faire l’objet de jugement. Mais, pour le président de la LIDDA, il faut surtout souhaiter que la justice soit au service de la réconciliation et de l’unité nationale.

« Vous savez, le jugement de tous ces crimes est une situation sensible. Nous attendons de voir quelle forme de justice nous allons avoir. Oui, beaucoup de choses se sont produites sous le règne du président déchu (Alpha Condé) ; mais, n’oubliez pas que dans le même registre il y a beaucoup de dossiers, tels que : le dossier du 28 septembre, les événements du 22 février 2007, les mutineries de 2008 etc. Tous ces crimes-là n’ont pas été correctement élucidés. Donc, nous attendons de voir quelle sera la dynamique globale qui va être déterminée par la justice guinéenne. Est-ce que les tribunaux ordinaires vont se ressaisir de tous ces dossiers et les inscrire correctement et conformément à la nouvelle dynamique pour que chacun soit rétabli dans ses droits ? Nous souhaitons que la justice soit au service de la réconciliation et de l’unité nationale. Il faut que la justice permette que le président Doumbouya n’ait pas à gérer d’autres formes de frustrations qui vont l’empêcher de gouverner correctement », a indiqué Mamady Kaba.

Pour améliorer la situation des droits de l’homme en Guinée, le président de la LIDDA exhorte les autorités actuelles du pays à la consolidation des acquis et la mise en place d’institutions solides et crédibles.

« Pour consolider les acquis, je conseillerais au président Doumbouya et au CNRD c’est de mettre en place des institutions solides et crédibles qui sont capables de porter l’idéal de bonne gestion et de bonne gouvernance au-delà de la transition. Parce que ce qui nous inquiète quand l’ombre de Mamadi Doumbouya va cesser de planer sur la tête des guinéens, je crains qu’on ne revienne à la case départ. Et, c’est ce qui est plus grave que tout le reste », a dit Mamady Kaba.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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