Partir ou jouer à la marionnette ? Mohamed Béavogui et Mamadi Doumbouya à l’épreuve du pouvoir

Mohamed Béavogui, ancien Premier ministre

La série de décrets publiés dans la nuit d’hier, jeudi 16 décembre 2021, est la goutte d’eau qui pourrait faire déborder le vase. Depuis son arrivée au palais de la Colombe, c’est la première fois que le Premier ministre laisse publiquement entendre son mécontentement contre une décision du président de la Transition. 

Surpris ou pas de cet acte dont la rumeur circulait toute la journée à Conakry, Mohamed Béavogui désapprouve la décision du Colonel Mamadi Doumbouya de rebaptiser l’aéroport de Conakry. Sans doute parce que le camarade Ahmed Sékou Touré ne peut être mieux décrit que par feu Ibrahima Baba Kaké « le héros et le tyran » ; mais, visiblement aussi parce que ces décisions le présentent plus que jamais comme une marionnette placée à la Primature pour amuser l’opinion internationale. C’est une certitude, la seule évocation du nom d’Ahmed Sékou Touré passionne et divise les Guinéens. Selon qu’on soit héritiers ou victimes, les compatriotes sont fiers ou déchirés quand on le promeut ou le rabaisse.

Mais, si la quasi totalité de ceux qui commentent l’amertume de la Primature lisent les mots en pensant qu’aux victimes et familles de victimes de Sékou Touré, d’autres poussent un peu plus la réflexion. Le choix des hommes et des femmes appelés à meubler le Gouvernement et l’administration publique (centrale et déconcentrée) serait l’apanage du CNRD. Le Premier ministre n’aurait pu faire placer que de rares proches. Même les Directeurs et leurs adjoints seraient choisis par l’unique décision du palais Mohamed V. Très souvent, Béavogui apprend comme tout le monde l’arrivée (ou le départ) d’untel de telle et telle autre structure. 

Et, voilà que c’est en monsieur tout le monde que celui qui symbolisait jusque-là le trait d’union entre les communautés et cultures apprend le changement de nom de l’unique aéroport de la Guinée. Et, ce sont « ses ministres » qui sont chargés de faire appliquer cette décision. Un acte qui réchauffe un autre où lui et sa délégation ont presqu’été ridiculisés par un communiqué du CNRD. De retour d’une mission sous-régionale où il avait fièrement « décroché » la décision du sommet de la CEDEAO de ne pas sanctionner la junte, Mohamed Béavogui encaisse un communiqué annonçant à qui voulait l’entendre que le CNT ne sera pas composé cette année. 

La junte du Colonel Mamadi Doumbouya a d’ailleurs profité pour « informer » (comme pour davantage rabaisser le PM et son équipe) que le CNRD est le seul décideur de la Transition. « Celui qui n’est pas content, n’a qu’à faire son coup d’Etat », se moquent certains partisans de la junte…

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com 

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