Le franco-arabe en Guinée : Difficultés et débouchés

Par Dr. Mamadou Tafsir Baldé : L’enseignement franco-arabe est l’un des systèmes éducatifs reconnu par l’Etat guinéen, à côté du l’enseignement général (ou laïc) et l’enseignent catholique. Présent en Guinée depuis les années quarante (avec la création de la première école privée franco-arabe a Kindia, par Cheikh Mohamed Fadiga). Créé pour objectif principal : « répondre aux aspirations morales et éducationnelles de la communauté musulmane de Guinée, qui est, de former des cadres qui puissent participer à la vie active et sociale du pays ».

Il ya un constat unanime entre les promoteurs de ce sous-secteur de l’éducation, qui démontre que les écoles franco-arabes –avec tous les obstacles qu’elles traversent – demeurent une alternative incontournable, pour les populations islamisées. D’ailleurs, ces écoles prospèrent la ou les écoles privées classiques peinent à s’implanter.

On n’y enseigne généralement, les matières classiques, tout en ajoutant l’arabe et l’éducation islamique. Ces programmes sont établis depuis 1988, par le gouvernement, à travers l’INRAP en collaboration avec l’inspection générale de l’enseignement franco-arabe. L’enseignement franco-arabe a deux profils différents au lycée, à savoir : sciences sociales et expérimentales.

Le gouvernement guinéen, après avoir reconnu ce système éducatif en 1977, a pris des mesures d’accompagnement, à travers la mise en place d’une direction générale au sein du ministère de l’éducation nationale, chargée au développement du secteur. Mais aussi, l’élaboration des programmes d’enseignements, etc. les écoles franco-arabes participent aux examens nationaux et bénéficient, des bourses d’études au Maroc et en Algérie.

Les grandes Universités du pays, notamment à Conakry, Labé et Kankan ont depuis l’an 2000, instaurés des départements de langue et de civilisation arabe. A l’université GLC de Sonfonia par exemple, le département propose des formations en licence, master et doctorat.

LES DIFFICULTES DU SYSTEME

L’Enseignement franco-arabes est confronté aux mêmes problèmes que l’enseignement général. Toutefois, les écoles franco-arabes rencontrent des problèmes supplémentaires. La difficulté majeure de ces écoles est due au manque de moyens permettant de construire des établissements dignes de ce nom. En effet, la plupart des écoles privées franco-arabes sont en location.

En plus, la non-qualification du personnel constitue un autre facteur d’affaiblissement du secteur. Les enseignants des écoles franco-arabes manquent cruellement de qualification professionnelle et ne sont pas suffisamment outillés pour mener à bien leur tâche.

Aussi, les salaires dérisoires du personnel administratif et corps enseignant sont d’autres facteurs qui affaiblissent le système. La majeure partie des écoles franco-arabes sont situées dans des zones défavorisées où les parents d’élèves rencontrent des difficultés à s’acquitter de la scolarité de leurs enfants. Ce qui fait qu’on ne parle même pas de budget de fonctionnement alloué à ses établissements ; puisque les frais de scolarités, qui constituent les fonds de roulement, est difficilement recouvré.

Il faut souligner aussi que la suspension des bourses d’études destinées aux établissements franco-arabes a contribué à l’affaiblissement du système.

En fin, la question de l’insertion socio-professionnelle des diplômés arabisants demeure l’une des difficultés majeures de ce système. En effet, à part le secteur de l’enseignement, les arabophones ont peu de chance d’intégrer l’administration publique. On enregistre chaque année, des diplômés et des sortants des universités du monde arabe, avec parfois des docteurs, cependant, ils se retrouvent dans l’impossibilité d’intégrer la fonction publique.

PERSPECTIVES

De nos jours, il y a des écoles franco-arabes de modèles, avec un environnement de travail abordable et un corps enseignant qualifié.

Sur le plan national, une cellule de réflexion composée de promoteurs de ce système s’est réunie, en vue de faire des propositions dans le sens de l’amélioration l’enseignement franco-arabe en Guinée. C’est dans ce cadre que nous avons programmé un forum national pour repenser le secteur, piloté par l’Université Al-Eamar de Guinée.

Sur le plan international, les pays arabes qui octroient des bourses aux écoles franco-arabes donnent désormais, plus de chance à ces boursiers, à travers notamment, la possibilité de poursuivre leurs études dans d’autres filières outres que les études littéraires.

DEBOUCHES 

De nombreuses possibilités s’offrent aux sortants de cette filière, notamment dans les domaines de :

  • Départements ministériels (ministère de la Coopération internationale, affaires religieuses, etc) ;
  • La diplomatie (représentations diplomatiques et consulaires dans les pays arabe, etc.) ;
  • La traduction et de l’interprétation (pour les tribunaux, les consulats…) ;
  • de la communication ou encore du journalisme ;
  • Dans les Organisations internationales (ONU, UNESCO, ISESCO, etc) ;
  • Dans le domaine du livre (bibliothèques et librairies spécialisées, maisons d’édition, etc ;
  • Dans la publication de livres pour le marché non-spécialisé, etc.) ;
  • Dans les institutions financières islamiques (Banques, microfinances, assurances islamiques, etc) ;
  • Dans le monde universitaire.

RECOMMANDATIONS :

L’enseignement franco-arabe en Guinée est une initiative citoyenne qui contribue à son niveau, à la promotion de l’éducation. C’est pourquoi, il est nécessaire de s’y consacrer entièrement, afin de promouvoir ce secteur. Nous pensons que ces recommandations suivantes, contribueront à améliorer le secteur :

  • Participer à l’amélioration de ses programmes d’études, former ses enseignants, etc ;
  • Multiplier les établissements franco-arabes à caractère publics dans les zones reculés et défavorisées et subventionner les écoles franco-arabes privées ;
  • rétablir les bourses d’études pour les lauréats issus des écoles franco-arabes, qui a été interrompues depuis 2011 ;
  • favoriser l’insertion socio-professionnelle des diplômés des écoles franco-arabes ;
  • nommer les arabophones dans les départements ministériels et les représentations diplomatiques et consulaires dans les pays arabe.

Par Dr. Mamadou Tafsir Baldé

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