A l’occasion d’une conférence de presse tenue à CEDUST hier, jeudi 23 décembre 2021, le ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation s’est exprimé sur la situation des bourses d’études octroyées à la Guinée cette année par le Maroc. Et, à la surprise générale, Guillaume Hawing a fait une révélation fracassante. Le patron du MEPU-A a déclaré que des enquêtes menées par son département, sur ses instructions, ont révélé que plusieurs noms de lauréats ont été substitués au profil d’autres personnes, rapporte Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Tout d’abord, c’est l’attaché de cabinet du département, Sayon Camara (celui qui a la charge de décanter cette situation) qui a expliqué le constat qui s’est dégagé après la consultation des dossiers et l’entretien avec les responsables de l’agence marocaine de coopération internationale, ainsi que l’ambassade de la Guinée au Maroc. Et, à l’en croire, pour l’année 2021, en ce qui concerne les bourses universitaires, il y a eu 180 places qui ont été accordées à la Guinée et 302 dossiers qui ont été remontés aux autorités marocaines. Mais, au retour, 170 lauréats ont été sélectionnés sur les 180.
« Il restait 10 places. Monsieur le ministre a eu des entretiens fructueux avec les responsables de l’agence nationale marocaine et il est ressorti que les 10 places qui n’ont pas été attribués, c’est une habitude qui est instaurée entre l’ambassade de Guinée au Maroc et les marocains pour que les 10 places soient attribués autrement que sur la base de la liste des 100 lauréats de chaque option. Il nous a aussi été donné de constater qu’il y a eu des élèves qui répondent effectivement à tous les critères (l’âge et la moyenne), mais qui n’ont pas été sélectionnés. Là aussi, monsieur le ministre a cherché à savoir pourquoi. Nous avons constaté qu’il y avait des différences entre la liste des 100 premiers qui a été envoyée et les listes sur lesquelles les sélections ont été faites. C’est ce qui expliquait par exemple le cas de la 6ème de la République en Sciences mathématiques de cette année qui a 18 ans et qui a eu 16,15 de moyenne ; mais, qui ne s’est pas retrouvée parmi les lauréats. Ça été un point de recherche, puisque l’agence marocaine n’avait pas reçu le nom de cette fille », a expliqué l’attaché de cabinet.
Pour le cas spécifique des franco-arabes, Sayon Camara raconte que les marocains ont rassuré que depuis 2012, ils n’ont jamais dit qu’ils ne vont pas recevoir la liste des franco-arabes. « L’ambassade l’a dit à Conakry ici et on est allé plus loin. L’agence marocaine de coopération internationale a confirmé cette affirmation comme quoi ça ne vient pas d’eux. Aujourd’hui, grâce à l’implication du ministre, on a pu débloquer la situation. Ils ont pour un départ pris 4 lauréats pour montrer leur bonne foi. Et, sur les 10 places restantes, le ministre a donné des instructions pour qu’on regarde sur la base du classement pour renvoyer les 10 noms ; et, c’est ce qui fut fait depuis 48 heures. Nous attendons la réaction de la partie marocaine », ajoute-t-il.
Remonté contre cette situation qu’il a hérité, le ministre Guillaume Hawing a dénoncé un système qui gâte l’avenir des enfants guinéens.
« Ce problème, il est réel. Ce n’est pas un problème entretenu à l’éducation. L’Office national des bourses extérieures (ONABE) ne relève pas de l’éducation. Mais, la mission a été confiée à l’éducation et nous avons mené nos enquêtes et avons trouvé que la liste des boursiers que le service d’examens dépose n’est pas celle qu’on dépose au Maroc. On ne sait pas ce qui se passe. Nous avons fait une vidéoconférence et avons dicté nom par nom des lauréats. Nous nous sommes rendus compte que la liste qui est déposée et celle que nous avons ici, il y a des modifications. La 6ème de la République en mathématiques n’est pas sur la liste qui a été envoyée au Maroc ; mais, c’est un autre nom qui est là-bas. Ça veut dire que ce sont des pratiques courantes et qui se passaient ici. Au début, quand j’étais dehors, je ne croyais pas à ces genres de choses. Mais, quand on a dicté nom par nom, on s’est rendu compte qu’il y a un nom qui ne figure pas. Et, ce n’est pas le seul cas. Moi, j’ai pris ma tête. Ensuite, le Maroc a octroyé 180 bourses ; mais, il n’y a eu que 170 qui ont été déclarés. Où sont passés les 10 autres noms ? Nous, on a voulu comprendre. Je suis allé plus loin en posant la question : est-ce que c’est comme ça que tous les autres pays font ? Ils disent non, c’est ce qu’ils nous ont dit de faire et c’est ce que nous avons fait. Comme pour dire qu’il y a des boursiers guinéens qui travaillent dur, qui passent toute l’année à travailler, mais qui ne se retrouvent pas là-bas parce qu’un groupe de personnes veut confisquer des noms. Voilà aussi des choses que nous avons trouvées en place et que nous allons rectifier. J’ai donné des instructions pour dire que ces 10 noms, nous nous allons proposer sur la liste des lauréats par ordre de mérite. Ceux qui vont répondre aux critères, ce sont eux qui vont y aller. Ces noms ne vont revenir à personnes qu’aux boursiers. C’est la décision qu’on a prise et les noms qui ont été omis, on va les remettre », a martelé le ministre Guillaume Hawing.
Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com
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