Infections génitales féminines : Pr Abdourahamane Diallo dit tout à Guineematin

Pr Abdouramane Diallo, médecin, gynécologue obstétricien, travaille à l'hôpital national Ignace Deen

Souvent provoquées par des germes pathogènes, les infections génitales féminines sont très fréquentes chez les femmes. Les plaintes ne manquent pas (surtout chez les jeunes filles) contre cette pathologie qui provoque généralement des pertes avec des démangeaisons, des rougeurs et parfois une sensation de brûlure et des douleurs. Ces infections sont la cause de beaucoup de consultations aujourd’hui dans les hôpitaux en Guinée, même si certains fille l’auto-traitement ou l’automédication à domicile.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com, Pr Abdourahamane Diallo, gynécologue obstétricien en service à l’hôpital national Ignace Deen, a expliqué que ces infections peuvent bien être évitées. Mais, ce médecin aussi prévenu sur les conséquences du non traitement de ces infections. Des conséquences qui peuvent conduire à l’infertilité voire à la mort.

« Non ou mal traitées, ces infections peuvent avoir des conséquences. Mais, il faut rappeler que le traitement existe. On peut guérir de ces infections. Mais, non ou mal traitées, elles peuvent conduire à des complications qui peuvent aller jusqu’à créer une infertilité, une grossesse extra utérine ou parfois même une stérilité ou la mort », a indiqué Pr Abdourahamane Diallo.

Décryptage ! 

Guineematin.com : Qu’est-ce que l’infection génitale féminine ?

Pr Abdourahamane Diallo : les infections génitales féminines, c’est toute maladie portant sur l’appareil génital de la femme qui est causée par des microbes. Ce sont donc des maladies d’origine microbienne qui portent sur l’appareil génital de la femme.

Guineematin.com : Quels sont les facteurs qui peuvent favoriser les infections génitales féminines ?

Pr Abdourahamane Diallo : Ces facteurs sont multiples. Le premier facteur, c’est d’abord la façon dont la femme réalise son hygiène intime. Parce que toute hygiène intime mal faite peut favoriser une infection génitale. Vous avez aussi les habitudes sexuelles de la femme. Lorsqu’on a des partenaires sexuels multiples ou certaines pratiques sexuelles, cela peut prédisposer la femme à faire des infections génitales. Et, parfois, il y a d’autres infections qui sont favorisées par les gestes que nous, personnel de santé, pratiquons lorsqu’on ne prend pas toutes les précautions nécessaires en matière de prévention des infections.

Guineematin.com : Que peut-on dire des symptômes des infections génitales ?

Pr Abdourahamane Diallo : les signes des infections génitales sont multiples. Il y en a qui peuvent se manifester par des pertes vaginales que nous appelons des leucorrhées. Ces pertes vaginales peuvent avoir des signes d’accompagnement. C’est notamment des démangeaisons, le fait de se gratter au niveau du sexe, des douleurs au niveau du bas-ventre, des douleurs au cours des relations intimes, des douleurs au cours de la miction, c’est-à-dire en urinant on ressent la douleur. Il y en a aussi qui peuvent se manifester par des plaies qui siègent très souvent au niveau des organes génitaux ; mais, parfois, qui peuvent siéger ailleurs. Il y en a aussi qui peuvent entraîner des ganglions ou des tuméfactions au niveau de l’aine, au niveau des organes génitaux. Ce sont là les principales manifestations cliniques ou les symptômes de ces infections génitales.

Guineematin.com : quels sont les types d’infections génitales féminines qu’on rencontre ?

Pr Abdouramane Diallo, médecin, gynécologue obstétricien, travaille à l’hôpital national Ignace Deen

Pr Abdourahamane Diallo : ça dépend du critère de classification que nous choisissons. Si nous prenons les microbes responsables de l’infection, on a des infections génitales bactériennes qui sont causées par des bactéries. Donc, on a des infections parasitaires, des infections virales, des infections mycosiques. Maintenant, selon les localisations, elles peuvent être basses ou hautes.

Guineematin.com : Quelles sont les conséquences des infections génitales 

Pr Abdourahamane Diallo : non ou mal traitées, ces infections peuvent avoir des conséquences. Mais, il faut rappeler que le traitement existe et qu’il est bel et bien possible. On peut guérir de ces infections. Mais, non ou mal traitées, elles peuvent conduire à des complications qui peuvent aller jusqu’à créer une infertilité, une grossesse extra utérine ou parfois même une stérilité ou la mort.

Guineematin.com: Que peut-on dire de la prise en charge des infections vaginales ?

Pr Abdourahamane Diallo : les infections géniales se prennent correctement en charge dans les formations sanitaires. Heureusement, au niveau même des centres de santé, la prise en charge est possible. Mais, ce qu’il faut éviter dans ce domaine, c’est l’automédication. Ce n’est pas parce que l’autre a pris un tel médicament, elle est guérie, que je peux prendre le même médicament. Plusieurs maladies peuvent avoir des signes similaires, mais des traitements différents. Lorsqu’on ressent un des signes qu’on a énuméré tout à l’heure, il faut aller vers un agent de santé pour bénéficier d’une prise en charge correcte. Le traitement existe. Donc, il faut éviter l’automédication.

Guineematin.com : Que faire pour éviter les infections vaginales ?

Pr Abdourahamane Diallo : En fait, il faut se rappeler des facteurs de risque que nous avons énumérés plus haut. C’est-à-dire qu’il faut avoir une hygiène intime correcte. Ça veut dire quoi ? Il faut se laver les mains avec de l’eau et du savon avant de pratiquer une toilette intime. Il faut éviter de se doigter pendant ses toilettes intimes ; car, le vagin s’auto nettoie, on n’a pas besoin de se mettre le doigt à l’intérieur. Il faut éviter l’usage abusif des savons antiseptiques qui détruisent la flore vaginale. Parce que dans l’appareil génital, il y a des microbes qui protègent la femme contre d’autres infections. Donc, le fait d’utiliser de façon abusive ces savons peut détruire les microbes qui protègent la femme contre d’autres infections. Il faut éviter de porter les collants ou le sous-vêtement en nylon, surtout dans un contexte de chaleur ou d’humidité comme le nôtre où on a une forte transpiration qui peut conduire à une macération favorisant la survenue de ces infections. Quand on va surtout à la selle éviter de se nettoyer de derrière en avant, c’est à dire que tout ce qui a touché à l’anus ne doit pas toucher les parties génitales. Si toutefois tu devrais te nettoyer, c’est de devant en arrière. Maintenant, il y a aussi l’abstinence (si on n’est pas mariée) et la fidélité (si on est mariée). Et, ceux qui ne peuvent pas vraiment respecter ça, c’est de se protéger. Nous, à notre niveau, nous prenons des précautions en faisant en sorte que les soins que nous prodiguons ne soient pas des vecteurs de maladies. C’est-à-dire qu’on s’assure que ce qu’on utilise est propre et désinfecté à haut niveau ou stérilisé pour ne pas qu’on contamine d’autres personnes avec ça.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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