Lutte contre l’analphabétisme en Guinée : le CAPN s’emploie depuis 4 ans à la formation des adultes illettrés !

Boubacar Bah, fondateur du centre d'alphabétisation pour nous (CAPN) de Sonfonia

Sis à Sonfonia T7 (dans la commune de Ratoma), le Centre d’alphabétisation pour Nous (CAPN) s’investi depuis quelques années à disperser des Cours de français à des adultes qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école à bas âge. Ce centre a pour vocation d’apprendre à lire, à écrire, à compter et à parler en français aux personnes qui ont largement dépassé l’âge d’aller à l’école. Et, dans l’accomplissement de sa mission, le CAPN ne dispose que de maigres moyens. Il ne compte que sur son fondateur ; mais, il fait tout de même des exploits.

Dans un entretien accordé récemment à Guineematin.com, Boubacar Bah, le fondateur et maitre formateur de ce Centre d’alphabétisation, a laissé entendre que le CAPN a formé environ 600 personnes depuis l’année 2018.

Décryptage !

Guineematin.com : Qu’est-ce qui vous a motivé à créer ce Centre d’Alphabétisation ?

Boubacar Bah, fondateur du centre d’alphabétisation pour nous (CAPN) de Sonfonia

Boubacar Bah: J’ai créé ce centre pour aider les gens à pouvoir lire, écrire, compter et parler, puisqu’ils en ont besoin et cela est nécessaire. Aujourd’hui, on sent que c’est nécessaire parce les gens en manifestent le désir. L’idée de la création de ce centre est partie d’un constat que j’ai fait dans un marché de Conakry où j’ai trouvé deux personnes en train de discuter d’un problème du marché. Comme vous le savez, avec beaucoup de personnes dans le marché, il y a le problème de reçu. Tout de suite, j’ai compris qu’il y avait là un problème d’analphabétisme. Donc, il y avait ce problème de lecture du reçu. C’est à partir de là que j’ai décidé de créer ce centre d’alphabétisation pour aider ceux qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école d’apprendre à lire, écrire, compter et parler en langue française. Et, aujourd’hui, je sens que c’est nécessaire ; parce que les gens  manifestent le désir d’apprendre. C’est pour cela donc que j’ai décidé de mettre en place ce centre pour aider la Guinée dans le cadre de la lutte contre l’analphabétisme.

Guineematin.com : Quelle est la durée de la formation chez vous ?

Boubacar Bah : écoutez ! Le programme que nous avons ici, c’est un programme élaboré en fonction d’une formation de 90 jours pour uniquement la lecture. Lorsque tu viens au CAPN uniquement pour la lecture, c’est 90 jours. Mais, au bout de 90 jours, tu pourras lire n’importe quel livre écrit en français. Pour cela, nous avons la technique, nous avons fait l’expérience. Aujourd’hui, il y a 4 ans depuis que j’ai ouvert ce centre, il y a certains qui ont passé par ici et qui vont certainement vous suivre en direct ; et, eux ils savent de quoi je parle.

Guineematin.com : Aujourd’hui, l’analphabétisme touche plusieurs couches de la société guinéenne. Mais, vous au CAPN, qui sont vos élèves ?

Boubacar Bah : Je suis très content de votre question. Ici, nous recevons toutes les corporations. Il y a des menuisiers, des bijoutiers, des cordonniers, des tailleurs. On a un peu de tout au CAPN ici. Nous avons des femmes ménagères ici, mais aussi des gens qui viennent faire des cours de perfectionnement en lecture.

Guineematin.com : quelle est la tranche d’âge des apprenants que vous recevez dans ce Centre ?

Boubacar Bah : pour ceux qui ne sont pas alphabétisés, nous recevons de 20 à 70 ans de toutes les corporations des différents métiers avec la méthode de l’andragogie que nous appliquons. Comme vous le savez, l’andragogie c’est la pédagogie utilisée pour la formation des adultes. Donc, nous appliquons cela avec beaucoup de patience.

Guineematin.com : est-ce que vous avez des partenaires techniques ou financiers qui vous assistent dans le cadre de la réalisation de ce programme d’alphabétisation ?

Boubacar Bah, fondateur du centre d’alphabétisation pour nous (CAPN) de Sonfonia

Boubacar Bah : Non ! Pour le moment, je n’en ai pas. J’évolue avec les maigres moyens de bord. Je me suis démerdé ici avec mes maigres moyens pour mettre en place ce Centre. Tout ce vous voyez ici, c’est le fruit d’un seul homme. La documentation, le programme élaboré, les cours et tout ce que vous voyez ici sont le fruit de l’effort de l’homme que je suis. Et, c’est avec ça que je me débrouille. Je suis à la fois fondateur et formateur, je participe activement à la formation du début à la fin. Pour le moment, puisque les moyens sont limités, je suis à Conakry à Sonfonia dans la commune de Ratoma. Maintenant, au fil du temps, si les moyens me le permettent, je vais étendre le programme à l’intérieur du pays. Vous savez, la technologie avance beaucoup, nos parents à l’intérieur des villages ne savent utiliser les téléphones en boutons, à plus forte raison les téléphones Androïde. Et, tout ça c’est tout simplement parce qu’ils n’ont pas appris à lire et à écrire. Donc, eux aussi ont besoin d’être alphabétisés pour pouvoir régler un certain nombre de problèmes liés à la lecture et à l’écriture.

Guineematin.com : Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Boubacar Bah : quand vous avez des initiatives comme ce programme d’alphabétisation, les gens vont beaucoup apprécier. Et, cela va vous poussez à rêver beaucoup et plus loin. Je compte mettre en place des Centres dans les 5 communes de Conakry et les 33 préfectures de l’intérieur de la Guinée afin de donner la chance à ceux qui ne l’ont pas eu de pouvoir se rattraper et mener ainsi à bien et de façon aisée leur vie. Ne serait-ce qu’au moins pour la lecture. Puisqu’aujourd’hui vous verrez partout des tailleurs, des garagistes, des chauffeurs, des menuisiers, des commerçants, des paysans à l’intérieur du pays, des hommes et des femmes qui ont besoin d’utiliser leurs téléphones, mais ils ne peuvent parce qu’ils ne savent pas lire et écrire. On a des chauffeurs qui ne savent pas lire les panneaux de signalisation, les cartes grises, leurs cartes d’identité, l’extrait de naissance, les pièces du véhicule qu’ils ont. Tout ça, ce sont des problèmes très sérieux qu’il faut régler petit à petit.

Guineematin.com : Vous avez formé combien de personnes depuis l’ouverture de ce Centre ?

Boubacar Bah : Très bien ! Je commence par vous dire que j’ai deux niveaux ici. J’ai le niveau inférieur ou débutant et le niveau moyen. Le premier niveau, c’est l’apprentissage à la lecture et à l’écriture. Le second niveau, c’est pour ceux qui ont fini avec le problème de lecture et l’écriture et qui sont en phase d’apprentissage de la grammaire, du vocabulaire, de la conjugaison et de l’orthographe. Maintenant, en ce qui concerne le nombre de personnes formées, il faut dire que ce centre d’alphabétisation pour nous (CAPN) à former environ 600 personnes depuis 2018. Et, progressivement, les gens sont en train de venir petit à petit grâce à l’information que je donne de bouche à oreille, puisque je n’ai pas les moyens de faire la publicité. Mais, j’ai de l’espoir que beaucoup de personnes nécessiteuses seront touchées par le programme.

Guineematin.com : Quel appel avez-vous à lancer aux nouvelles autorités dans le cadre du travail que vous êtes en train de faire ici ?

Boubacar Bah : Je pense que les nouvelles autorités sont sur un bon élan de développement. Et, qui parle de développement parle également d’alphabétisation. Le développement d’un pays ne peut pas se faire sans l’Alphabétisation des citoyens de ce pays. Et, puisque les nouvelles autorités annoncent qu’elles vont lancer les bases du développement du pays, moi je leur demande de faire l’Alphabétisation une de leurs priorités et créer les meilleures conditions dans ce sens.

Je voudrais, pour terminer, dire  merci à Guineematin.com pour s’être intéressé à ce que nous faisons et d’y accorder de l’importance. Il y a deux numéros pour joindre le Centre pour toute personne qui souhaiterait venir se former. C’est le 622 56 30 51 ou bien le 664 99 42 63.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel : 622919225

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