Guinée : « les handicapés sont abandonnés à leur propre sort », dénonce le président de l’UHG

Amadou Diallo, président de l'Union des handicapés de Guinée

C’est un secret de polichinelle ! La situation des personnes handicapées n’est pas reluisante en Guinée. Et, elle ne montre aucun signe d’amélioration. En tout cas, depuis quelques années, les conditions de vie des handicapés va de mal en pire. Et, cette situation d’extrême précarité et de marginalisation inquiète l’Union des handicapés de Guinée (UHG).

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce mercredi, 29 décembre 2021, Amadou Diallo, malvoyant et président de l’UHG, a exprimé son indignation face aux énormes difficultés que traversent les personnes handicapées en Guinée. Il assure que les handicapés sont accablés de misère et sont abandonnés à leur sinistre sort par la société.

« Nous les handicapés, nous sommes confrontés à de sérieux problèmes de vie. Notre seul soutien, c’est l’Etat. Mais, depuis un certain temps, nous avons l’impression que les handicapés sont abandonnés à leur sort. Pourtant, le handicape est un fait de la nature que personne ne peut souhaiter traîner. Mais, s’il t’arrive de devenir handicapé, il appartient à la société, et particulièrement à l’Etat, de veiller sur tes droits fondamentaux (le droit à la vie, à la protection, à la nourriture, à la santé, à l’éducation, entre autres). Tenez vous bien ! Depuis le mois de juillet dernier, nous avons perdu un de nous, un vieux handicapé d’expression peulh. Il est tombé malade, paralysé à Avaria, au grand marché de Madina (à Conakry). Pendant quatre jours, il ne pouvait rien et ne mangeait pas. C’est dans cet état que les bonnes volontés ont appuyé l’Union des Handicapés de Guinée pour le conduire à l’hôpital national de Donka. Malheureusement, il est décédé en cours de route et le corps a été envoyé à la morgue. Depuis près de six mois, nous cherchons les parents de celui-ci. Mais, nous n’avons pas pu les retrouver. A présent, nous demandons à notre Président, le Colonel Mamadi Doumbouya, de nous aider à faire l’autopsie du corps, à l’enterrer et à lui faire des sacrifices. Aux représentations diplomatiques, nous leur prions de s’associer à cet évènement, puisque certains disent que le défunt pourrait être un Sénégalais ou un Mauritanien, même si d’autres soutiennent que c’est un Guinéen. Nous avons initié une grande campagne d’information et de sensibilisation à travers les médias, les réseaux sociaux et partout d’ailleurs au niveau des mosquées, églises et marchés pour essayer de retrouver les parents du défunt. Nous avons fait des communiqués et édité des bulletins que nous voulons ventiler partout. Tout cela demande des frais. C’est pourquoi nous lançons un appel pressant aux autorités et à toutes les bonnes volontés pour nous venir en aide. Notre contact Orange Money est le : 627 12 82 21. Notre numéro WhatsApp est le 656 20 07 50 », a expliqué Amadou Diallo.

A en croire notre interlocuteur, les handicapés de Guinée ne bénéficie même pas de soins gratuits. Et, cela dure depuis plus d’une décennie.

« Nous sollicitons de nos autorités le respect des droits des personnes handicapées. Depuis que le Général Sékouba Konaté est monté au pouvoir en fin 2009, nous n’avons plus de soins gratuits à l’hôpital Jean Paul II. Pourtant, celui-ci a été construit pour nous venir au secours. Mieux, à la cité de solidarité, il n’y a presque pas de personnes handicapées. Et, la place vide qui peut être exploitée est toujours vide. Pendant ce temps, les handicapés sont abandonnés à leur propre sort. Sous le règne du Président Alpha Condé d’ailleurs, nous avons été déguerpis, battus, humiliés et transportés loin de Conakry pour y être jetés. Heureusement pour nous que les organisations de défense des droits humains sont là et les médias. Ils nous ont permis d’être sauvés par les bonnes volontés. De nos jours, nous remercions le Colonel Mamadi Doumbouya qui a donné deux places aux personnes handicapées pour être représentées au Conseil national de la transition (CNT). Nous sommes persuadés qu’il peut faire mieux pour nous. Nous avons besoin d’être aidés pour le respect de nos droits fondamentaux. Nous avons besoin de formation et d’éducation pour pouvoir subvenir aux besoins de nos familles. Nos enfants ont besoin d’aller à l’école et de se former pour ne pas être comme nous demain », a indiqué Amadou Diallo.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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