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Interdiction d’utilisation des filets monofilament en Guinée : « cela va réduire la quantité du poisson sur le marché »

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Dans un décret publié dans la soirée d’hier, lundi 03 janvier 2022, le président de la transition, colonel Mamadi Doumbouya, a annoncé l’interdiction de l’importation, la fabrication, la distribution, la vente, la détention et l’utilisation des filets de pêche monofilament à nylon en Guinée. Cette décision du chef de l’Etat est agréablement accueillie dans le monde la pêche artisanale, même les acteurs de ce secteur expriment quelques préoccupations par endroit.

A Dixinn port 3 où un reporter de Guineematin.com s’est rendu ce mardi, les responsables dudit port sont à pied d’œuvre pour sensibiliser les pêcheurs pour l’abandon du filet monofilament. Ils assurent que c’est le manque de moyens et la rareté du filet en coton qui conduisent les pêcheurs à se rabattre sur le monofilament à nylon.

Salif Camara, chef du port de Dixinn port 3

« Ce qui est clair, c’est que nous sommes tous conscients de la dangerosité des filets monofilament. Ces genres de filets peuvent rester 100 ans au fond de la mer sans pourrir. Et, étant dans l’eau, ils peuvent continuer à piéger les poissons qui vont mourir inutilement sans être récupérés. Mais, si vous voyez les pêcheurs utiliser ces filets, c’est un manque de moyens. En plus, quand vous partez au marché, c’est le monofilament qui est beaucoup plus nombreux sur le marché. Nous, en tant que responsables du port, avons fait beaucoup de réunions par rapport à ce type de filets pour interdire son utilisation, en vain. Donc, en réalité, ce décret est venu à point nommé », a expliqué Salif Camara, le chef du port de Dixinn port 3.

Seulement, pour ce responsable de pêche, cette interdiction de l’utilisation des filets monofilament à nylon ne sera pas sans conséquences sur le marché aux poissons, si aucune mesure d’accompagnement n’a été prise par les autorités.

« Les conséquences de cette interdiction seront la réduction de la quantité de poissons sur le marché. Parce que quand un pêcheur n’a pas les moyens de s’approprier d’un filet de 800 mille francs ou il y a manque de filets coton pour pêcher, forcément il y aura pénurie. Nous sommes inquiets, parce que les filets en coton qui sont recommandés sont non seulement chers, mais aussi rares sur le marché. On achète le filet coton à 800 voire 900.000 francs, et pourtant le monofilament est à 320.000 francs par paquet. Donc, le département de la pêche doit nous aider pour qu’il y ait en abondance les filets en coton et à un coût abordable », a indiqué Salif Camara.

Abondant dans le même sens, Alhassane Alfred Camara, pêcheur à Dixinn port 3, salue cette interdiction. Mais, il demande à l’Etat de s’impliquer pour approvisionner le marché en filets de bonne qualité.

Alhassane Alfred Camara, pêcheur à Dixinn port 3

« Ce filet appelé monofilament n’est pas bon du tout. Quand ça se coupe avec vous en mer, ça reste là-bas pendant plusieurs années en train de piéger les poissons. C’est ce qui entraîne souvent la rareté du poisson. Parce que tant que ce filet reste là-bas, les poissons vont fuir les parages. Même chez les êtres humains, quand quelqu’un meurt quelque part aujourd’hui, demain un autre tombe au même endroit, les gens vont se méfier de là-bas. Nous utilisons le monofilament par manque de moyens. Il faut que l’État nous aide à avoir les bons filets pour le développement de la pêche artisanale », a confié Alfred Camara.

À rappeler que les importateurs, les fabricants et les vendeurs des filets monofilament à nylon disposent d’un délai de trois mois à compter de ce 03 janvier pour se conformer à la présente décision.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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