Charles Wright aux magistrats : « la juridiction n’est pas un marché »

Comme annoncé précédemment, les nouveaux responsables du Tribunal de première instance de Dixinn ont pris fonction hier, mardi 4 janvier 2022. C’est le procureur général près la Cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright, qui a procédé à l’installation de Mme Makoya Camara et de M. Algassimou Diallo, respectivement présidente de la juridiction et procureur de la République près le TPI de Dixinn. Le célèbre magistrat a mis l’occasion à profit pour interpeller ses collègues sur leurs responsabilités. Il leur a demandé notamment de veiller au respect strict de l’éthique et de la déontologie régissant leur profession.

 

« Le président de la République l’a dit au lendemain de la prise du pouvoir que désormais, la justice sera la boussole pour tout citoyen. Je me dis que c’est une responsabilité sociétale que l’exécutif a confiée au judiciaire. Quand on dit que la justice sera la boussole, la boussole doit être tenue par celui qui a une très bonne direction. Puisque la boussole peut vous indiquer le nord et le sud, mais vous qui êtes derrière la manette, vous pouvez l’orienter ailleurs. Pour moi, le problème, ce n’est pas la boussole. Qu’est-ce qui doit être la boussole de la boussole ? C’est la loi. Les magistrats que nous sommes, nous n’avons pas besoin qu’on nous rappelle nos obligations professionnelles. Non, pas du tout. 

 

Le président de la République, comme il l’a dit lors de notre rencontre, sa seule vocation aujourd’hui, c’est de faire de la justice une institution indépendante. Mais l’indépendance, ça signifie quelque part, la responsabilité personnelle du magistrat (…). Désormais, il faut que nous travaillions dans le respect de l’éthique et de la déontologie. La loyauté entre les magistrats ne veut pas dire conspiration. Je le dis et je le répète, il faudrait que la loyauté du magistrat soit vis-à-vis des principes et des règles, vis-à-vis de la loi. Monsieur le procureur de la République représente le ministère public auprès de sa juridiction. Mais le rôle de la distribution des dossiers revient à madame la présidente du tribunal. 

 

Il ne revient pas au ministère public de dire que c’est tel magistrat que je dois saisir. Ça, ce sont des éléments qui relèvent des mauvaises pratiques qu’il va falloir changer. La saisine des juges d’instruction doit obéir à la règle selon laquelle, cette désignation est faite par madame la présidente du tribunal et que cela doit obéir au respect d’un tableau de rotation qui doit être établi à cet effet (…). Il faut qu’on dépersonnalise la justice, qu’on mette la justice au centre des principes qui l’entourent. Pas dans les règles que nous voulons créer et l’adopter et l’habiller. Les règles et les principes existent, nous les connaissons. 

 

Le management des juridictions voudrait que les chefs des juridictions, au-delà des pouvoirs présidentiels que la loi vous confère, devraient veiller à ce qu’il y ait l’hygiène, à ce qu’il y ait l’entente. D’où votre rôle de coordination. N’écartez personne, jugez chacun selon ce qu’il fera. Méfiez-vous des préjugés, qui sont des facteurs d’échec des chefs. Soyez celle (la présidente du tribunal de Dixinn) qui rassemble. Soyez celle qui écoute et soyez celle qui sanctionne quand c’est nécessaire », a-t-il dit, avant d’inviter la présidente et le procureur à l’entente et à une bonne collaboration.

 

L’ancien président par intérim du Tribunal de première instance de Dubréka a également appelé les magistrats à éviter toute forme de corruption dans l’exercice de leurs fonctions. « La juridiction n’est pas un marché, il faut avoir le courage de le dire. Il ne faut pas qu’un seul magistrat soit un maillon faible pour tout le monde. Quand je prends de l’argent, j’affaiblis les autres. C’est ça la réalité. Il n’y a pas collaboration en l’absence de l’éthique. Donc, nous appelons les uns et les autres au respect des principes », a dit Alphonse Charles Wright.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620 589 527/664 413 227

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