Labé : l’ONG Solidarité Suisse-Guinée en ordre de bataille contre les violences sexuelles faites aux femmes et celles basées sur le genre

Bénéficiant d’un appui financier du Bureau Régional Afrique de la Fédération Internationale de la Planification Familiale (IPPF), l’ONG Solidarité Suisse Guinée vient de réaliser, à Labé, une série d’activités qui s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre de son projet « Lutter contre les violences sexuelles en Guinée ». Ce projet inclus l’élaboration d’un guide étayant les protocoles de prise en charge médicale, psycho-sociale, judiciaire/juridique des victimes de violences basées sur le genre, la construction d’un centre d’hébergement d’urgence et de prise en charge des victimes et une campagne de sensibilisation sur les violences basées sur le genre.

C’est ainsi que dans le cadre de l’élaboration du guide, Solidarité Suisse-Guinée a d’abord organisé un atelier de validation du document sur « la mise en place d’un programme de prise en charge des victimes de violences sexuelles et celles basées sur le genre avec les points focaux concernés ». La rencontre a regroupé, mardi dernier, 4 janvier 2022, dans la salle de conférences du bloc administratif préfectoral les cadres des services déconcentrés du département de l’Action Sociale, de la Promotion Féminine et de l’Enfance, des officiers de police et de gendarmerie, la justice, l’association des jeunes filles leaders de Labé, des leaders religieux musulmans et chrétiens, des victimes de violences sexuelles, la société civile, des membres du conseil communal de Labé et représentant du conseil du quartier Pounthioun.

Il est revenu à la coordinatrice des programmes de l’ONG Solidarité Suisse Guinée de prendre, la première, la parole pour situer le contexte de la rencontre.

Hadja Binta Barry, coordinatrice des programmes de l’ONG solidarité suisse Guinée

« Ce projet a pour objectif général de contribuer à la lutte contre les violences sexuelles et renforcer le soutien aux survivantes et leurs défenseuses. Il s’agira d’apporter un soutien aux victimes et aux organisations qui les défendent. Notre activité principale dans ce projet est la mise en place d’un programme de prise en charge des survivants et survivantes des violences sexuelles et celles basées sur le genre. Ce guide d’orientation s’adresse aux acteurs engagés dans la prise en charge des victimes des violences sexuelles et celles basées sur le genre dans le but d’améliorer leurs connaissances dans ce domaine précis, de rendre plus efficace leurs interventions et de mieux collecter, de traiter et de diffuser les données sur ces problèmes pour mieux influencer de manière efficace une masse de personnes chargées d’apporter les changements et les réponses appropriées aux défis que pose ce problème », a-t-elle expliqué, avant de rassurer que « nous mettrons tout en œuvre pour nous en montrer dignes pour atteindre les objectifs assignés ».

Avant de terminer son allocution de circonstance, la porte-parole de l’ONG Solidarité Suisse-Guinée a témoigné sa reconnaissance aux partenaires de terrain.

« Je ne finirais pas sans adresser mes remerciements et toute ma gratitude à la Fédération Internationale de la Planification Familiale Bureau Régional Afrique, de l’adhésion de Solidarité Suisse-Guinée en tant que partenaire de collaboration avec IPPF. Je tiens à adresser mes remerciements aux autorités qui ont bien voulu honorer de leur présence la présente cérémonie », a-t-elle conclue.

Prenant la parole à son tour, au nom du préfet de Labé, le secrétaire général chargé des collectivités décentralisées, Lanciné Sangaré, a salué l’initiative de l’ONG Solidarité Suisse-Guinée.

« Vous venez de suivre le discours qui cadre le contexte de cette rencontre. C’est pourquoi, en votre nom, je remercie non seulement mes sœurs et frères qui sont membres de cette grande association Solidarité Suisse-Guinée. Mais aussi, au nom de monsieur le préfet, je remercie très sincèrement le Bureau Régional Afrique de la Fédération Internationale de la Planification Familiale pour son soutien à cette grande association » a-t-il indiqué.

Parlant des violences basées sur le genre, Lanciné Sangaré a fait remarquer que « si hier, nos sociétés avaient des valeurs qui amenaient les uns et les autres à être prudents, à corriger leurs propres comportements, aujourd’hui, nous avons des jeunes, nous avons des citoyens parmi nous qui sont entrain de salir cette valeur sociale. C’est pourquoi, les violences basées sur le genre ne font que se développer maintenant compte tenu du contexte actuel. Chez nous, à Labé, dans notre préfecture, les viols sont devenus recrudescents. À tout moment, on parle de viol. Et dans ces viols, ce sont tous les âges du monde féminin qui sont concernés. A commencer par les bébés de 2 ans jusqu’au vieille dame de 60 ans. Personne n’est pas épargnée. C’est très grave. A côté de cela, nous avons les mutilations génitales. On en a toujours parlé. Les médecins, les religieux et toutes les autres personnes ressources ont été utilisés pour sensibiliser les vieilles dames qui font ce travail là dans nos communautés. Mais, jusqu’à présent ces pratiques persistent à des endroits. Il faut qu’on arrête. Et puisque toutes les luttes ont été engagées contre ces dames qui se chargent de ces mutilations génitales, on trouve encore moyen d’être intelligent pour quitter dans la tradition et venir vers les sages femmes. On l’appelle encore l’excision ».

Le représentant du préfet de Labé à cet atelier a aussi fait allusion aux mariages précoces comme autre aspect de ces violences basées sur le genre.

« Les mariages d’enfants, parce que tout simplement l’homme auquel on veut donner la fille a des moyens, ou parce que tout simplement, il faut garder l’honneur de la famille, qu’on dise que ma fille a été trouvée vierge, on la prend à 11 ans, on l’envoie dans un mariage où les organes ne peuvent pas supporter. Les conséquences de ces mariages d’enfants nous ont toujours été expliquées par les médecins, les gynécologues. Malgré tout cela, on n’entend pas. Indépendamment des explications des professionnels, nous-mêmes qui procédons à ces mariages, dès que notre fille est en état de famille, elle commence à supporter la grossesse, pendant l’accouchement, les difficultés, les souffrances, les maladies que nous rencontrons dans ça, nous-mêmes nous n’en connaissons pas », a-t-il regretté.

Mme Daoussou Béavogui, Sage-femme à la maternité de Labé

Cette rencontre s’est poursuivie par l’inauguration du Centre de Secours et de Solidarité des Femmes de Guinée (CSSFG) à Gadha Pounthioun, où un bâtiment a été entièrement rénové et équipé de literie et d’énergie solaire par l’ONG Solidarité Suisse Guinée et ses partenaires pour le bonheur et le confort des potentielles patientes.

Ensuite, la série des activités de l’ONG Solidarité Suisse-Guinée s’est poursuivie dans la journée du jeudi, 6 janvier 2022, par une séance de sensibilisation au cours de laquelle une sage-femme en service à la maternité de l’hôpital régionale de Labé, Mme Daoussou Béavogui a fait une large communication sur les modes de préventions et les conséquences des mutilations génitales féminines et la prise en charge des victimes des violences faites aux femmes et de celles basées sur le genre.

Peu avant cette communication professionnelle, le public a suivi une représentation théâtrale sur les violences sexuelles et une partie de danse CAPOEIRA introduite par les membres de Solidarité Suisse-Guinée comme moyen d’amélioration des conditions physiques et culturelles des apprenantes inscrites au Centre d’Apprentissage de Tata I.

Il convient de signaler que CAPOEIRA est une danse issue d’une longue histoire d’oppression des peuples africains au Brésil. C’est madame Marlen GYSEL professeur, membre de Solidarité Suisse-Guinée qui est venue enseigner cette discipline sportive aux apprenantes du centre de Tata. Les entraînements se poursuivent par vidéo.

Entouré du secrétaire général chargé des collectivités décentralisées de Labé, Lanciné Sangaré et de la représentante du maire de la commune urbaine, Hadja Mame Kouyaté, membre du conseil communal, le nouveau directeur de cabinet du gouvernorat de Labé, Elhadj Aboubacar Tounkara a transmis à l’assistance les salutations du gouverneur de région, le Colonel Robert Soumah avant de saluer la qualité de la communication de la sage-femme, Mme Daoussou Béavogui qui, selon lui, aura une très grande portée.

Elhadj Aboubacar Tounkara, nouveau directeur de cabinet de Labé

« Nous tous qui sommes là, nous sommes venus d’une famille. Nous avons nos sœurs, nos mères, nos femmes. Pour celles qui n’ont pas pu venir ici, nous serons les interprètes fidèles pour transmettre ce qui a été dit ici, pour que chacun, dans son comportement, sache ce qu’il y a lieu de faire. Tous les intervenants ont dit que les viols sont devenus récurrents en Guinée. C’est regrettable. Un pays à majorité musulmane. Mais, comme l’autorité est informée de ce qui se passe, certainement elle prendra des dispositions pour que la loi soit appliquée et que les auteurs soient sanctionnés à la hauteur de leurs forfaitures. C’est ce que nous nous souhaitons et nous allons transmettre à qui de droit les informations reçues ici pour qu’au sommet de l’Etat les dispositions soient vraiment prises davantage pour lutter contre ce fléau », a-t-il déclaré.

Elhadj Aboubacar Tounkara a aussi remercié les responsables de l’ONG Solidarité Suisse-Guinée d’avoir eu l’idée de développer un partenariat avec l’IPPF, en vue de lutter contre les violences sexuelles et celles basées sur le genre dans la région de Labé.

La cérémonie a été clôturée par remise officielle de diplômes et de machines à coudre aux victimes de violences sexuelles basées sur le genre qui ont bénéficié d’une formation en couture et broderie au Centre d’Apprentissage de Tata I.

De Labé, Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

Contacts : 622 269 551 & 657 269 551 & 664 46 71 71

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