Conakry : Lansana Kouyaté appelle à l’union pour « bâtir une Guinée où il ne sera pas effrayant de vivre »

Lansana Kouyaté, président du parti PEDN

Face à ses militants et sympathisants fortement mobilisés à son siège pour fêter son retour au bercail après un long séjour à l’extérieur, le président du parti de l’espoir pour le développement national (PEDN) a lancé avant-hier, mardi 11 janvier 2022, un message d’union et d’entente. Lansana Kouyaté estime que les Guinéens peuvent se défaire de la haine de l’autre s’ils arrivent à avoir le courage de s’asseoir et de dialoguer sincèrement. Il a aussi exhorté chacun à apporter « sa pierre angulaire » pour bâtir une Guinée nouvelle « où il ne sera pas effrayant de vivre » et « où les hommes et les femmes se donneront la main pour avoir un avenir meilleur ».

Sans citer nommément personne (même si tout porte à croire qu’il dénonce l’ancien chef de l’Etat guinéen, Alpha Condé : ndlr), le président du PEDN a martelé qu’un chef qui se plaît à être chef parce qu’il jouit des avantages dus à son rang n’est pas un bon chef. Car, pour lui, « le chef doit souffrir pour que son peuple en bénéficie ».

Guineematin.com vous propose ci-dessous un extrait du discours de Lansana Kouyaté devant ses militants au siège de son parti à Ratoma-Centre.

« Quand j’ai eu la chance de voir Desmond Tutu à Soweto, c’était la dernière fois qu’on s’est rencontré, en ce moment, le débat battait son plein en Afrique du sud : faut-il créer cette commission de réconciliation ou non ? Il n’y a pas un système qui a été plus abjecte en Afrique que l’apartheid, la séparation en fonction de la couleur de la peau. Desmond Tutu (paix à son âme) m’a dit : il ne faut jamais fermer un livre, il faut lire avant de tourner la page.

Si on a ce courage de nous asseoir les uns les autres, dialoguer les uns les autres, avoir et savoir ce qui s’est passé, peut-être que la haine qui est là aujourd’hui va se calmer. Il y en a beaucoup qui parlent et qui ne savent pas, naturellement. Quel que soit les préjugés qu’on a, cette Guinée là ne peut être qu’une famille. Le bon Dieu n’a demandé à personne d’entre nous comment doit être composée la famille dans laquelle il vit. Si c’était le cas, nos sœurs, nos frères n’allaient pas être ce que nous souhaitions : leurs teints, leurs yeux, leurs oreilles… On allait demander l’impossible. Est-ce que les colons nous ont demandé qui doit vivre avec qui ? Ils ne nous ont pas demandé. La conférence de Berlin en 1885 (…), on a simplement dit : le premier colon qui s’installe, là où il s’installe, que les autres le reconnaissent. Voilà ce dont on parle comme division de l’Afrique. Mais, on n’a pas demandé aux Soussous s’ils veulent être avec les peulhs. On n’a pas demandé aux peulhs s’ils veulent cohabiter avec les malinkés. On n’a pas demandé aux malinkés s’ils veulent être avec les Kissis, les Bagas, (…) bref, tous ceux qui composent l’essence de notre vie… Chacun de nous doit apporter sa pierre angulaire pour bâtir une Guinée nouvelle, une Guinée où il ne sera pas effrayant de vivre, une Guinée où les hommes et les femmes se donneront la main pour avoir un avenir meilleur. Quiconque est chef et se plaît à être chef parce qu’il en jouit n’est pas un bon chef. Le chef doit souffrir pour que son peuple en bénéficie. Nous sommes à un tournant de l’histoire de la Guinée. Il faut que nous voyions maintenant que nous arrivons au bout du tunnel. Ce n’est pas pour ressasser le passé ; mais, nous savons que la pesanteur était grande, les inquiétudes palpables… »

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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