Interdiction de la coupe et du transport du bois en Guinée : un madrier vendu jusqu’à 2 000 000 à Conakry (Menuisier)

Depuis le 14 juin dernier, la coupe et le transport du bois sont interdits en République de Guinée. Cette interdiction qui vise à préserver le patrimoine forestier guinéen a été annoncée suite à la découverte à Mamou et à Faranah d’importants stocks de bois en phase d’être exportés en Sierra Léone. Et, cette interdiction frappe de plein fouet les acteurs de la filière bois, notamment les menuisiers dans le pays. Mais, la situation semble plus critique à Conakry où la rareté du bois sur le marché à conduit à une hausse vertigineuse du prix du bois et des meubles. Un madrier y est vendu jusqu’à 2.000.000 de francs guinéens et un banal lit coûte jusqu’à 4.500.000 francs guinéens, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Rencontré mardi dernier, 11 janvier 2022, à son atelier à Dabondi (dans la commune de Matam), Mamoudou Camara, maître menuisier, s’est lamenté du calvaire que traversent les menuisiers de Conakry depuis l’interdiction de la coupe et le transport du bois. Il assure que les prix sont chers et le bois disponible actuellement sur le marché de la capitale guinéenne est de mauvaise qualité.

Mamoudou Camara

« Nous rencontrons  énormément de difficultés, parce que les bois ne viennent  pas ; et, le peu qu’on gagne, le prix  est élevé. On gagne un madrier du bois à un 1.500.000 francs. Donc, ça coûte très cher et quand tu fabriques un lit et que tu fixes le prix à 3 millions, 4.500.000 francs, les clients se plaignent de la cherté… Les différents syndicats ont mené des démarches au près des autorités pour trouver une solution face à cette situation malheureusement, mais ça n’a pas abouti d’abord. Le peu de bois qu’on gagne vient de la Basse Côte  et ce n’est pas de la bonne qualité. Et, surtout, l’épaisseur et la largeur ne sont pas respectées. Mais, en plus, c’est cher. Je demande aux autorités de lever cette interdiction afin que nous puissions exercer notre métier dans la tranquillité », a indiqué Mamoudou Camara.

Egalement, chez cet autre menuisier, Ibrahima Sory Bangoura, les problèmes sont au rendez-vous.

Ibrahima Sory Bangoura

« Le problème du bois nous fatigue beaucoup. On perd des clients parce que nous sommes en manque de bois. Et, le peu de bois que nous gagnons coûte cher. Il y a un madrier qui peut coûter 1000.000, 2.000.000 de francs ; alors qu’avant, on pouvait l’avoir à 600.000 francs, 700.000 ou 800.000 francs. Une planche de léngué à 150.000 francs, melina à 80.000 francs, acajou 80.000francs… Les prix varient en fonction de la qualité du bois. Donc, si tu pars acheter ça et que tu viens fabriquer des meubles, puis tu fixes tes prix pour pouvoir gagner un peu, les clients se plaignent du coût élevé. Il y  a certaines personnes, on prend leur argent pour faire leur travail, mais à cause du manque du bois, nous pouvons manger leur argent et après c’est des petites disputes entre  les clients et nous, juste parce qu’on a pris cet argent pour l’investir dans les bois parfois. A l’heure actuelle, tous les ouvriers souffrent à cause de cette interdiction d’exploitation du bois, tandis que c’est ce métier qui nous nourrit. On a pensé que les nouvelles autorités allaient changer quelque chose, mais rien n’a changé pour nous. Nous sommes toujours dans cette souffrance. Nous souhaitons que l’autorité nous vienne en aide afin de lever cette interdiction… Nous qui sommes dans la filière du bois, nous souffrons beaucoup et nous continuons de souffrir énormément », s’est lamenté Ibrahima Sory Bangoura.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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