Coup d’Etat au Burkina Faso : des militaires annoncent avoir pris le pouvoir

Paul-Henri Sandaogo DAMIBA, nouvel homme fort du Burkina

Des militaires en uniforme ont annoncé, lundi 24 janvier au soir, à la télévision nationale, avoir pris le pouvoir au Burkina Faso, au terme d’une journée de confusion.

Lisant un communiqué signé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) qui assure désormais le pouvoir, un capitaine a également annoncé la fermeture des frontières à compter de minuit (1 heure à Paris), la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale, ainsi que la suspension de la Constitution.

Ils se sont, par ailleurs, engagés au « retour à un ordre constitutionnel » dans « un délai raisonnable ».

La rumeur d’un potentiel coup d’Etat agitait le pays dès lundi matin, après la mutinerie de certains militaires dimanche, sur fond de colère face à l’impuissance des autorités à endiguer les violences dans un pays où les attaques terroristes ont fait plus de 2 000 morts et 1,5 million de personnes déplacées en six ans.

Ce lundi matin, des sources sécuritaires citées par l’Agence France-Presse (AFP) affirmaient que le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, avait été arrêté par les soldats mutins. En fin d’après-midi, le parti du président, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), avait dénoncé une « tentative avortée d’assassinat » de M. Kaboré, affirmant que le Burkina « s’achemin[ait] d’heure en heure vers un coup de force militaire ». Le MPP dénonçait également dans un communiqué « le saccage du domicile privé du chef de l’Etat » et « la tentative d’assassinat d’un ministre » sans en préciser le nom.

Un couvre-feu instauré

Les premiers tirs ont éclaté dans la nuit de samedi à dimanche au camp militaire Sangoulé-Lamizana, à Gounghin, dans la périphérie de Ouagadougou. Hamidou (prénom modifié à sa demande), un militaire de première classe, dormait quand il a entendu « des coups de feu, vers 4 heures du matin », dans l’enceinte du camp. « Un chef m’a appelé pour me dire de sortir, qu’un coup était en cours », raconte le jeune homme de 25 ans en treillis kaki, le visage camouflé par une cagoule noire.

Dimanche matin, plusieurs dizaines de soldats, kalachnikov à la main, sont sortis de leur caserne, tirant en l’air, et ont bloqué l’accès au camp Sangoulé-Lamizana. Des tirs nourris ont également été entendus au camp Général-Baba-Sy et à la base aérienne de Ouagadougou, ainsi que dans une caserne de la ville de Kaya, dans le centre-nord du Burkina Faso.

Dans un communiqué publié dans la matinée, le gouvernement, qui a confirmé ces tirs, avait toutefois démenti « une prise de pouvoir par l’armée » et assuré que les institutions n’étaient pas menacées « pour le moment ». Un couvre-feu a été instauré de 20 heures à 5 h 30 « jusqu’à nouvel ordre » sur toute l’étendue du territoire. Tous les établissements scolaires du pays sont également fermés jusqu’au mardi 25 janvier « pour préserver la sécurité des élèves et des enseignants ».

Le Monde avec AFP

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