Halimatou Dalein à la commémoration des pendaisons de 1971 : « nous sommes prêts à pardonner, mais à condition »

Comme chaque année, l’Association des victimes du camp Boiro (AVCB) commémore ce mardi, 25 janvier 2022, les pendaisons du 25 janvier 1971. Les membres de la structure ont fait des prières pour le repos des âmes des victimes, mais aussi interpellé encore une fois les autorités guinéennes sur la nécessité de leur rendre justice.

Le 25 janvier 1971, de nombreux Guinéens se sont réveillés dans une profonde douleur. La nuit précédente, le régime de Sékou Touré (président de la République de Guinée de 1958 à 1984) a pendu plus de 80 personnes, dont des hauts cadres, de simples fonctionnaires, des militaires et des hommes d’affaires, accusés d’être des traîtres, des valets de l’impérialisme et du colonialisme. 51 ans après, les parents des victimes continuent de commémorer ces tristes événements dans la douleur.

Hadja Halimatou Dalein Diallo

« C’est toujours des journées de tristesse pour nous. Nous sommes là, parce que nous avons promis de toujours prier pour nos parents. Nous sommes là pour les réhabiliter encore et une fois. Nous sommes là pour dire aux bourreaux « Plus jamais ça ». Nous sommes là pour dire à nos parents que nous sommes là et que nous sommes fiers d’eux. Ils sont morts pour cette nation.

Ils sont des héros et nous sommes fiers d’eux. Aujourd’hui, nous sommes des enfants bénis, parce qu’ils ont prié pour nous. Ils ont saigné pour nous dans ce pays. C’est pour cette raison que nous sommes là. Mais nous sommes très tristes », a déclaré Hadja Halimatou Dalein Diallo, membre de l’Association des victimes du camp Boiro (AVCB).

Pour commémorer ce 51ème anniversaire des pendaisons du 25 janvier 1971, les proches des victimes du régime Sékou Touré ont organisé une lecture du coran au domicile de feu Diallo Telli (ancien ministre de la Justice de Sékou Touré, mort au camp Boiro), avant de marcher sur une distance de moins d’un kilomètre pour se faire entendre.

« Ce n’est pas nous les victimes qui devons demander pardon. Ceux qui doivent le faire, je pense que c’est le moment de le faire. Tout le temps, nous entendons parler de réconciliation, de paix, mais ceux qui le disent, c’est eux qui doivent demander pardon. Nous nous attendons toujours à la réhabilitation de nos parents. Nous voulons que nos parents soient réhabilités, reconnus. Parce qu’ils ont été des cadres dans ce pays.

Si le gouvernement entame le chemin du pardon, nous allons pardonner. Nous n’attendons que ça. Parce qu’on est des croyants. Nous demandons juste à l’Etat de reconnaître les exactions dont nos parents ont été victimes et de réhabiliter nos parents. C’est ce que nous voulons. Personnellement, mon papa a passé quatre ans au camp Boiro. Il est sorti vivant, mais les séquelles l’ont finalement emporté. Parce qu’il a été torturé », a dit Hadja Halimatou Dalein Diallo.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com 

Tel : +224 622 07 93 59 

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