Non les régimes militaires ne sont ni la solution, ni un avenir démocratique crédible !

Par Khalifa Gassama Diaby, Ancien ministre : Notre sous région est menacée par une déstabilisation qui risque d’être chronique et dévastatrice pour nos États et nos peuples. Il faut savoir raison garder, ne jouons pas avec le destin de nos peuples sur la base des chimères révolutionnaires et militaires.

Les coups d’États ne sont jamais la victoire de la démocratie, ils expriment toujours l’échec préoccupant de la dynamique et de la stabilité de l’émancipation démocratique de nos peuples et de nos États.
Les coups d’États normalisés ont rarement mené à la satisfaction des attentes politiques et sociales de nos peuples.
Dès lors, une transition suite à un coup d’état militaire, n’est jamais un légitime mandat.
Le laisser croire ou l’espérer serait irresponsable, improductif et dangereux.
La première et la plus dangereuse des maladresses en période de transition, est de se donner plus de missions, plus d’objectifs, plus de chantiers qu’il n’est nécessaire et indispensable.
Une transition sérieuse ne peut être de longue durée, encore moins se transformer en une période de normalité durable pour faire face aux défis structurels et fonctionnels.
Les théoriciens et les thuriféraires zélés des coups d’États et de la normalisation des pouvoirs militaires illégaux et illégitimes, qui veulent nous enfumer avec des arguments tirés par les cheveux, prennent une lourde responsabilité pour la stabilité et la continuité démocratique de nos pays de la sous région.

Il n’y a pas de recettes magiques pour la démocratie.

 Elle s’acquiert dans un processus d’apprentissage et d’exercices constants  et ne tient son effectivité relative et sa consolidation progressive que dans la fidélité à ses principes et la poursuite discontinue de son apprentissage.
 Ceux qui comptent sur un moment figé et militaire pour nous délivrer des solutions magiques  ne savent pas de quoi parle t-on, ou sont de mauvaise foi.
Si à chaque fois que certains sont mécontents des pouvoirs sensés être élus, et dans leurs mandats légaux ( notamment au Mali et au Burkina Faso), que ceux ci n’obtiennent pas des résultats escomptés, on les dépose par les armes, alors disons adieu à notre idéal et notre conquête démocratiques dans nos pays et dans la sous région.
Faisons mille reproches légitimes ou non à la CEDEAO, et à la France, tant qu’on y est…
Mais cela n’enlève rien au droit et à l’autorité légitimes de l’institution sous régionale d’agir avec fermeté pour la défense des principes de l’état de droit démocratique contre cette vague préoccupante de coups de forces militaires et leurs volontés insidieuses de se pérenniser au pouvoir. Se présentant imprudemment et pompeusement comme des perspectives raisonnables et miraculeuses.
Toutefois, il est imperatif que la CEDEAO se réforme en écoutant le malaise de ses peuples, et notamment sur les questions de la défense des droits de l’homme, de l’état de droit, de la sécurité, du bien être et qu’elle consacre par ailleurs clairement, officiellement et fermement que toute modification constitutionnelle pour se maintenir au pouvoir soit considérée comme un coup d’état civil et subisse les mêmes sanctions et fermetés que les coups d’états militaires.
Trouvons toutes les théories complotistes et impérialistes possibles et imaginables, usons et abusons de notre anti occidentalisme primaire (qui est plutôt l’expresion de notre impuissance intellectuelle et politique et nos carences morales) cela ne change rien au fait que les coups d’État et les régimes militaires ne feront pas notre avenir et ne sont conformes ni aux principes de constructions démocratiques, ni aux exigences de stabilité et de paix dans nos pays et dans une sous région fragiles et menacés.
Le prix payé par nos Etats et nos peuples de la sous région, pour la paix, la démocratie et la stabilité, est trop élevé pour accepter qu’une telle forfaiture orchestrée ne perdure au de là du strict nécessaire.

L’ambition de nos pays et de la sous région ne saurait être de fantasmer sur des solutions militaires miraculeuses, et sur l’exceptionnalité d’une période hors norme démocratique pour régler les problèmes et défis auxquels nous sommes confrontés.

 Le penser serait faire preuve, au mieux, d’une grande naïveté ,au pire d’une grave irresponsabilité.
L’émergence inquiétante de cette culture de coups de forces militaires dans nos pays de la sous région, est un recul grave de notre idéal démocratique et un signal préoccupant pour la stabilité générale de la sous région.
A défaut d’empêcher, ces coups d’états, il est impératif que les transitions qui en découlent soient strictement et rigoureusement encadrées et soumises à un agenda rapide de retour à l’ordre constitutionnel et au gouvernement civil.
Car, les prétendues solutions militaires et miraculeuses face aux défis réels posés à nos pays, sont une farce de mauvais goût.
Bien entendu, lorsque les gouvernements civils font preuve de mauvaise gouvernance et se placent eux mêmes en situation d’illégalités et d’illégitimités manifestes, l’option militaire peut apparaître comme un moindre mal et une esquisse de solutions.
Mais à la ferme condition que cette immixtion des forces de sécurité dans les questions de gouvernance soit impérativement brève, encadrée et impartiale.
 Soutenir l’idée qu’une transition à besoin de temps pour régler tous les problèmes structurels et fonctionnels, et s’engager sur des chantiers collossaux, serait un contresens moral, politique et stratégique, aux conséquences insoupçonnées.
Le rôle et la mission de la transition ne sont pas et ne peuvent être de s’occuper des projets de développement  économique et social.
Par ailleurs la prétendue  » refondation de l’Etat  » à la mode, au delà de sa vacuité intellectuelle et pratique apparaît comme un serpent de mer qui n’a d’intérêt que son flou et son impertinence politiques et programmatiques.
Construire des écoles, des hôpitaux, des routes, des aéroports, créer des emplois, engager des grandes réformes socio économiques,  etc… ne relèvent pas des missions légitimes d’une transition.
  S’engager sur ce chemin, caresser cette idée, c’est mettre en péril la dynamique  démocratique de nos peuples, la paix et la stabilité de nos pays.
Prendre le grand risque de faire de nos forces de défenses et de sécurité des acteurs politiques comme les autres, les placer dans les conflits politiques du pouvoir, c’est mettre à mal le fonctionnement et l’agencement institutionnels ainsi que le socle moral de nos Etats, dans leur fragile et tourmentée existences.
Ceux qui prendront ce grave risque, entraîneront inéluctablement nos peuples deja menacés par des difficultés, des tensions et des violences diverses, sur le chemin d’une extrême dangerosité.
Dans ce monde si complexe, le salut de nos peuples, de la sous region et du continent ne se trouve pas dans ce retour inquiétant à un rêve militaire imprévisible, desastreux, autoritaire, narcissique, déjà douloureusement expérimenté par le passé, dont nos peuples paient encore les factures si salées.
Notre salut est dans la poursuite patiente et hardie de nos rêves démocratiques, de l’émancipation libérale de nos peuples, du travail et du renforcement de l’intégration entre nos peuples et nos micros et impuissants États rouillés par la politique patrimoniale, par l’ethnocentrisme, la corruption et les violences.
Certes la tâche est difficile, parfois même périlleuse et fragile.
Mais c’est le seul horizon d’espérance crédible et prometteuse de libertés, d’égalité, de justices et de prospérité pour nos peuples.
Les sauveurs, les messies, les prophètes, les libérateurs, les nouveaux démocrates,  l’afrique en a connu tant, avec à la fin, leurs lots d’arrogance, l’autoritarisme, de culte de la personnalité, d’ivresse du pouvoir, de déceptions, de désastres, de violences, de malheurs et de catastrophes pour nos peuples.
Il est temps de faire confiance à nos peuples, à leur intelligence et à leur liberté démocratique de choisir leur destin, en toute transparence, dans les meilleures formes.
Notre combat a été et reste pour la démocratie, pour sa construction patiente et continue, pour un ordre constitutionnel stable, respectueux des valeurs démocratiques et humanistes …et pas pour la consécration d’un régime militaire quel qu’il soit.
Notre combat a été et reste pour le respect du peuple, et cela passe par le respect de sa souveraineté, de sa dignité, de ses droits et de sa liberté à choisir librement son destin et ses dirigeants… par des voies démocratiquement définies.
 C’était le cas hier, et c’est le cas aujourd’hui.
Il est donc hors de question de sacrifier cette conquête démocratique au nom des imprudences chimériques.
En Guinée, la bonne volonté supposée des acteurs de la transition actuelle, aussi appréciable et noble soit elle, ne peut justifier et ne justifiera la trahison de notre confiance, encore moins la transgression risquée et dangereuse de nos principes, de nos attentes et exigences démocratiques, aussi bien pour notre pays que pour l’ensemble de la sous région.

On ne juge pas une transition sur ses actes ponctuels, qui peuvent par ailleurs être appréciables et louables.

Une transition c’est sa doctrine, son agenda et son fil conducteur éthique et politique pour un retour organisé et rapide au légitime ordre constitutionnel.
Et de ce point de vue, c’est le flou, c’est l’ambiguïté totale. Et, cela n’est pas acceptable !
La lisibilité, la transparence, l’impartialité, une ligne morale et politique claires et cohérentes dans la conduite d’une transition sont le socle et la garantie de son efficacité et de sa réussite.
Là aussi, le moins que l’on puisse dire, est que l’ambiguïté, le tâtonnement, l’incohérence et la confusion prennent chaque jour le dessus.
Desormais, le socle, la structure et la conduite morale de cette transition laissent à désirer, et deviennent de plus en plus inquiétants et désarçonnants.
Quand on s’empare du pouvoir par les armes, par la force, le minimum d’intelligence, de prudence et de bonnes manières requises serait de ne pas s’attribuer le pouvoir absolu de faire à son bon vouloir.
Une transition c’est le dialogue, c’est le consensus, c’est l’inclusion (pas théorique mais pratique).
Une transition c’est l’usage humble et responsable des attributs du pouvoir.
Une transition est un espace de respect et d’écoute.
Il n’y a pas que les militaires auteurs du coup d’État du 5 septembre dernier  qui ont risqué leurs vies pour ce pays.
 Dire cela en oubliant les lourds sacrifices consentis avant eux, c’est insulter tous ceux qui sont morts pour ce pays, c’est insulter tous ceux et toutes celles qui ont couru des risques incommensurables pour leurs vies, pour leurs familles pour la démocratie et la paix dans ce pays, c’est mépriser tous ceux et toutes celles qui ont été humiliés, qui ont tout perdu et qui ont renoncé à tout pour défendre les valeurs de justice, de liberté et de démocratie pour ce pays.
Évidement, la majorité du peuple à exprimé son soulagement et à accueilli ce coup d’État avec joie, à cause de l’impasse politique,des violences illégitimes et des nombreuses transgressions dans lesquelles l’ancien régime a plongé le pays.
Mais cet accueil populaire, ne doit pas être perçu comme un chèque en blanc, il ne permet pas tout, n’autorise pas tout et ne justifiera pas tout.
Notre transition, comme toute transition sérieuse et honnête doit obéir à des règles et à un mécanisme de retour rapide à l’ordre constitutionnel.
C’est la meilleure preuve de bonne foi, de patriotisme et d’attachement démocratique que l’on puisse offrir à ce peuple et à son besoin d’émancipation et de bien être.
A moins de considérer que la conquête et la legitimation du pouvoir dans notre pays, obéissent désormais aux règles de la force, et que ce peuple n’est plus capable de tenir son rêve de construction d’un régime democratique civil à même de faire face aux innombrables défis auxquels il reste confronté, dans un cadre de normalité constitutionnelle.
C’est pourquoi, il est malsain et dangereux d’opposer les dirigeants militaires d’aujourd’hui aux acteurs politiques et  acteurs de la societe civile en vouant ces derniers aux gémonies et les jeter en pâture.
 Quoique l’on pense d’eux et d’elles, nombreux sont parmi eux qui ont porté avec determination et patriotisme le combat pour la démocratie et pour le changement positif dans notre pays.
Ce coup d’État qu’on le veuille ou non a été donc porté et légitimé par une grande majorité du pays, grâce au soutien de ces acteurs et de ces citoyens.

Certes, au lendemain du coup d’État, légitimement tourmentés qu’ils sont, par un passé douloureux et lassant, les acteurs politiques et sociaux en se laissant aller dans une émotivité et une euphorie excessives, sans garde-fou, sans préalables ni conditions, ont fait preuve de grave légèreté et d’irresponsabilité politique et morale.

 On applaudit pas un coup d’état sans préalables et garanties démocratiques.
Le privilège émotionnel appartient plus au peuple qu’aux responsables politiques et sociaux.
Mais, l’élégance, le respect et l’intelligence voudraient que l’on ne prenne pas ceux ci aujourd’hui pour des dindons de la farce.
Hélas, à présent, il apparaît de plus en plus manifeste que le CNRD cultive et entretient à sa manière les mœurs politiques qui ont mutilé, agenouillé, rabaissé et détruit ce pays et son rêve de démocratie, d’unité et de cohésion nationales.
Les graves conséquences de cette non rupture politico-morale et de cette illisibilité, sont entrain de menacer dangereusement cette transition, le pays avec.
Nous soutenons tous cette transition, si elle est sérieuse, sincère et honnête et souhaitons tous sa réussite.
Mais, il est hors de question qu’on laisse cette transition prendre en otage nos rêves, nos attentes, nos valeurs et nos principes démocratiques.
Que le CNRD puisque c’est lui qui décidera en réalité, nous dise la durée exacte qu’il souhaite proposer pour cette transition.
Et disons le d’emblée, cette durée doit être nécessairement et obligatoirement raisonnable, sage et conforme à l’esprit d’une transition démocratique.
Même le CNT, ne pourra pas nous imposer un delai déraisonnable. Il n’en aura ni la légitimité, ni la légalité, ni la crédibilité démocratiques suffisantes et nécessaires.
Que cela soit entendu !
La détermination de la durée de cette transition ne saurait être tributaire du compréhensif désaccord entre les acteurs politiques, ni de la lutte contre la corruption, ni des manoeuvres politiciennes des uns et des autres, encore moins d’un quelconque projet socioéconomique ou infrastructurel.
Le rôle de l’armée n’est pas de gouverner, c’est d’être le garant des institutions démocratiques et républicaines, et la défense de notre intégrité territoriale.
On ne saurait pallier à la prétendue « disqualification » des acteurs politiques par leur remplacement par des militaires.
 Cette tentation est un danger pour notre perspective démocratique et la paix sociale.
 Et Cela consisterait à donner à la logique de la force et des armes une légitimité néfaste pour la philosophie Et nos ambitions démocratiques.
  Pour un démocrate, cette idée est insoutenable et inacceptable.
Ceux et celles qui veulent se servir de cette transition, et peut être de la bonne foi du colonel, non pas pour le peuple de Guinée, mais pour eux mêmes et pour leurs intérêts, sont libres, mais il ne saurait être question de nous vendre des fantasmes, des chimères, de nous imposer des idées déraisonnables, de nous empêtrer dans des calculs politiciens et d’engager notre peuple sur le chemin de l’incertitude, de la désillusion et de l’aventure hasardeuse.
Notre peuple aspire à la normalité démocratique et au fonctionnement régulier des institutions démocratiques.
Lui seul a la souveraineté de choisir librement ses dirigeants et ses representants légitimes, qui seront soumis au principe démocratique de redevabilité et d’alternance par les urnes.
 Ce n’est pas Parce que cela est difficile, que l’on doit y renoncer !
La seule manière légitime de connaître l’avis et les attentes de notre peuple, c’est à travers ces voies d’expressions démocratiques definies et reconnues, principalement les élections.
Les situations de fait ne sont pas des expressions démocratiques.
Oui bien évidemment les élections ne règlent pas tout, on le sait déjà.
Mais elles sont les préalables impératifs de tout processus de démocratisation, de normalisation sociale et de stabilité nécessaire pour faire face à nos problèmes.
Nos difficultés de démocratisation ne doivent pas nous mener à la détestation ou au relativisme opportuniste de l’idéal démocratique.
Donc un peu d’humilité de la part de tous ceux et celles qui nous tympanisent les oreilles à longueur de journée au nom d’un soit disant peuple, qu’ils ont toujours fini par trahir, mépriser et abandonner à leur triste sort.
Nous n’avons pas combattu hier le régime du Pr Alpha Condé Parce que nous les détestions.
Nous l’avons combattu parcequ’il s’était placé lui même dans une situation d’illégalités et d’arrogance insupportables.
Et nous n’avons pas mené ce combat hier pour être aujourd’hui aveuglement soumis à une situation d’arbitraire, de confusions et de non dits, encore moins à un régime de fait imposé par la force….et de plus en plus porté par l’ivresse du pouvoir et soutenu par les mêmes mécanismes systémiques, démagogiques, arrivistes et affairistes qui ont mené hier l’ancien régime à sa triste défaite politique et morale.
Les récriminations, les rancoeurs, les actes souvent maladroits et dans les formes parfois inappropriées contre certains acteurs de l’ancien régime, aussi justifiables soient ils, ne sauraient suffire, encore moins constituer une doctrine transitionnelle sérieuse et efficace.
Il n’y a pas d’avenir pour ce peuple en dehors de la démocratie, les droits de l’homme, l’unité nationale et la justice.
Ceux qui veulent plaire au CNRD pour leurs intérêts personnels en ont le droit, mais pas au prix de notre renoncement démocratique et de notre silence coupable.

Il est à noter d’ailleurs que des mesures liberticides et autoritaires se multiplient et persistent dans un silence gênant et assourdissant.

L’indefendable interdiction générale des manifestations, la confiscation indéfinie et hors tout acte judiciaire adéquat, des documents de voyages de citoyens ( si on leur reproche quelque chose, c’est à la justice de s’en occuper ou alors qu’on leur restitue leurs documents de voyage), des décisions unilatérales, incompréhensibles et incohérentes.
On apprend pas la démocratie en ayant peur de ses principes, de ses exigences et de ses exercices.
Les guinéens ont droit à une transition  sérieuse, rigoureuse, transparente, impartiale et responsable dans un delai raisonnable et conforme à l’exigence d’un retour rapide à un gouvernement démocratique civil, et à nos engagements internationaux.
Toute autre volonté contraire, serait une faute morale et politique inacceptables et très dangereuses pour la paix, la stabilité et le désir démocratique si indispensable à ce pays.
Que le CNRD et le président de la transition mènent rapidement la Guinée vers une situation et un ordre constitutionnel démocratiques.
En donnant rapidement la lisibilité et la possibilité aux Guinéens de choisir librement et de façon transparente l’homme ou la femme avec le projet de société qu’ils souhaitent.
Et le plus vite sera le mieux,pour notre pays, et pour son désir démocratique.
Et dans cet esprit, l’absence d’un cadre permanent et approprié de dialogue et de travail avec les acteurs politiques, est un signe inquiétant.
Le cadre du CNT ne suffira pas pour celà.
La petite musique lancinante et hypocrite qui voudrait justifier la mise à l’écart des acteurs essentiels de la vie politique et sociale de notre pays, est un signe annonciateur de dérives, d’impasses et de crises graves.

Les peuples ont les politiques et la société civile qu’ils méritent.

Malgré le manque de sérieux, de vision et de cohérence stratégique de certains de nos acteurs politiques et ceux de la société civile, il n’y a pas de transition efficace sans les acteurs  politiques et la société civile, dans une dynamique de responsabilité et de consensus.
Tout le reste relève exclusivement de la liberté et de la responsabilité du peuple.
Ceux et celles qui aiment le colonel Doumbouya, le CNRD et surtout la Guinée doivent avoir l’honnêteté et le devoir moral de leur dire, qu’une transition n’est bonne et légitime que courte et délimitée dans les missions et dans le temps.
Sauf à vouloir mener notre pays et une sous région fragile et instable, sur les chemins de l’incertitude avec son lot de violences, de désillusions et de chaos.
Quoiqu’il arrive et quelque soit le prix à payer, certaines voix continueront à porter haut, avec rigueur et intransigeance, les attentes démocratiques de ce peuple, de cette sous région et le besoin impérieux de mettre en place très rapidement un ordre constitutionnel et une gouvernance civile qui soient l’émanation de la souveraineté démocratique du peuple de Guinée.
Lui seul à ce pouvoir, dans les formes et dans les règles.
Aucune menace, aucune manoeuvre, aucun opportunisme, aucun arrangement, aucune justification, aucune stratégie ne sauraient remplacer ce besoin fondamental d’un rapide retour à la normalité démocratique.

Nous n’accepterons pas, ce, quelque soit le prix à payer, que ce pays, ce peuple soit une nouvelle fois pris en otage par une transition, à travers un système qui se met en place, une doctrine floue et un processus incertain, et qui montre chaque jour qui passe, des signes d’inquiétudes, de graves préoccupations, quant aux intentions et aux capacités des acteurs à mener avec transparence, consensus et impartialité cette transition si précieuse pour notre pays.

Nous n’accepterons pas que cette transition se transforme en un système opaque, fait de manipulations, d’arrogance, de clientélisme, de mensonges, de carriérisme, de démagogie, d’autoritarisme et d’affairisme, qui viendra se substituer aux meilleures intentions annoncées au départ.
Nous n’accepterons pas que l’espérance suscitée chez nos concitoyens soit flouée, trahie, par une mascarade de changement et de rupture.
Nous ne cautionnerons pas, quelque soit le prix à payer, qu’une nouvelle fois, ce peuple redevienne encore le dindon de la farce !
Il est temps de passer aux choses sérieuses, aux fondamentaux d’une transition, en intégrant loyalement la perspective d’un retour rapide à un gouvernement démocratique civil ce, au delà de la communication et de toutes ces stratégies qui tentent de faire d’une période exceptionnelle et nécessairement  courte, un moment de normalité, de promesses et projets irréalisables et irréalistes.
Le terrorisme, les violences politiques et socioéconomiques brisent nos peuples, nos pays et notre sous région à petit feu, et on s’amuse à déconstruire et à fouler aux pieds le peu d’acquis démocratiques qui nous reste, avec le fantasme construit de solutions miraculeuses, de sauveurs et de libérateurs. Quelle illusion nihiliste !

Au CNRD, au Président de la transition, on ne vous demande pas de régler tous les problèmes du pays, vous en avez ni la légitimité, ni les moyens, encore moins le temps.

  Ce qu’on vous demande c’est de mettre en place avec célérité et neutralité, les réformes et les ajustements institutionnels et fonctionnels nécessaires pour garantir un retour normal et rapide à l’ordre constitutionnel.
  C’est cela votre mission, c’est cela l’objectif fondamental de cette transition.
Tout le reste, serait une fuite en avant, et se perdre en conjectures.
  Ne prenez pas ce chemin, il est plein d’incertitudes et de désillusions.
 Marquez l’histoire, faites la transition, vite, organisez un retour rapide à l’ordre constitutionnel et démocratique, puis Partez !
M. Khalifa Gassama Diaby, Ancien ministre 
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