Guinée : les distributeurs d’Orange Money protestent contre une décision de la société

Ramadan Diallo, distributeur à orange money et porte-parole de l'ADMEG

A l’appel de l’association des distributeurs de la monnaie électronique en Guinée  (ADMEG), les distributeurs d’Orange Money ont débrayé hier, mercredi 2 février 2022, pour protester contre une décision de la société de téléphonie mobile Orange Guinée qui consiste à leur faire supporter une taxe en se fondant sur le code général des impôts. Il s’agit en clair de la déduction de 18% sur la commission des distributeurs au compte de la TVA. Et, ainsi, ils ont décidé d’arrêter le travail sur toute l’étendue du territoire jusqu’à ce qu’ils soient rétablis dans leurs droits, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Selon Ramadan Diallo, distributeur à orange money et porte-parole de l’ADMEG, c’est suite à l’entrée en vigueur du code général des impôts que la société Orange a décidé de faire supporter aux distributeurs d’orange money les taxes liées à la TVA. Ceci, en dépit de l’interprétation  et des précisions apportées sur cette question par les législateurs fiscaux, notamment la direction générale des impôts.

« Au cours d’une réunion tripartite avec la direction générale des impôts, il a été clairement dit que les commissions que nous percevons actuellement doivent représenter la base sur laquelle va reposer la taxation de la TVA. C’est-à-dire, lorsque nous recevons les commissions jusqu’en fin du mois, le total des commissions reçues, c’est sur la base de ça qu’on émet une facture à Orange. Donc, on facture à Orange les 18% et on considère les commissions que nous avons reçues comme étant des commissions hors taxes. Orange va nous reverser les 50% de ce montant ; et, les autres 50%, Orange va directement les verser aux comptes des impôts… Mais, à notre fort étonnement, nous avons reçu un courrier le 28 janvier dernier nous disant que les dispositions d’entrée en vigueur des nouvelles dispositions fiscales prendront effet à compter du 1er février ; et, désormais, les commissions pour les réseaux de distributions se feront en hors taxe. Nous nous sommes demandé s’ils ne veulent pas diminuer les 18% dans nos commissions ? Mais, nous avons attendu le 1er février pour comprendre davantage ce que le courrier signifiait. Maintenant, au matin du 1er février, on a constaté que 18% ont été prélevés dans nos commissions. Et, également, on a constaté une diminution au niveau des commissions des points de vente qui, d’après orange, n’étaient pas concernés dans cette première phase.  On les a alertés, ils ont dit que l’autre (la diminution au niveau des commissions des points de vente) était une erreur. Ils ont corrigé.  Mais, ils disent que les 18% ils vont les prélever pour que nous leur refacturions ces 18% à la fin du mois pour envoyer à l’impôt. Ça veut dire que c’est nous qui avons supporté l’impôt. On a compris par là la volonté d’orange de nous faire supporter cette TVA… C’est ce qui nous a  motivé à demander l’arrêt de nos activités sur toute l’étendue du territoire national à partir de ce mercredi », a expliqué Ramadan Diallo.

A en croire le porte-parole de l’ADMEG, le prélèvement de 18% sur les commissions sera très dommageable aux distributeurs. Et, ils ne comptent pas travailler à perte, encore moins supporter pour Orange ses impôts.

« Si 18% sont prélevés, aucun distributeur ne pourra s’en sortir. Pourquoi ? Parce que les commissions que nous percevons par mois, à la fin du mois, lorsque nous déduisons toutes les charges que nous avons eu à effectuer par mois, le plus gagnant à 20%, d’autres se retrouvent à 5% et d’autres avec moins de 5%. Il y a de ces mois où on se retrouve avec un solde négatif… Maintenant, Orange a révisé ces commissions plus de trois fois depuis qu’on a commencé le contrat. Et, chaque fois, il revoit la commission à la baisse.  Cette fois-ci on est à la ligne rouge… Hier, nous avons fait des courriers que nous avons déposé aux autorités compétentes, nous avons fait un courrier qu’on a adressé à Orange, nous avons fait une ampliation à l’union des consommateurs de Guinée pour une question d’alerte,  nous avons fait une à ampliation à l’ARPT, à  l’impôt, au ministre du budget et également une autre ampliation au niveau du ministère des télécommunications et de l’économie numérique. On les a alertés pour dire qu’à partir d’aujourd’hui nos activités sont arrêtées. Nous comptons aller jusqu’au bout. Nous n’allons pas reprendre les activités tant que nous ne sommes pas rétablis dans nos droits. Et, à un moment donné, si on constate que la grève va perdurer, on va procéder au licenciement de nos employés en attendant qu’une solution soit trouvée », a martelé Ramadan Diallo, tout en demandant l’implication des autorités dans cette affaire.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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