Lutte contre les MGF : les autorités religieuses et l’Unicef sensibilisent pour l’abandon de l’excision

En prélude à la journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines, célébrée le 6 février de chaque année, les autorités religieuses de Guinée sensibilisent sur la question. Le secrétariat général des affaires religieuses, en collaboration avec l’Unicef, a organisé une journée de sensibilisation ce jeudi, 3 février 2022, au quartier Carrière centre, dans la commune de Matoto. L’objectif était d’expliquer aux habitants de la localité les méfaits de l’excision, en vue de les amener à abandonner cette pratique, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

Selon les dernières statistiques, la Guinée occupe le deuxième rang mondial des pays qui pratiquent l’excision derrière la Somalie, avec un taux de prévalence de 96 %. « C’est pourquoi, le secrétariat des affaires religieuses a jugé nécessaire de rencontrer les communautés à la base pour leur expliquer les méfaits de cette pratique. Parmi ces méfaits, il y a les fistules obstétricales, les infections répétées, la stérilité et même des décès qui en découlent parfois, comme le cas de la fille Koumba, qui est décédée suite à l’excision à Guékédou », a indiqué Aboubacar Sidiki Nabé, directeur adjoint du Bureau de stratégie et de développement du secrétariat général des affaires religieuses.

Aboubacar Sidiki Nabé, directeur adjoint du Bureau de stratégie et de développement du secrétariat général des affaires religieuses

Pour cette journée de sensibilisation, le secrétariat général des affaires religieuses et l’Unicef ont réuni les leaders religieux de Carrière centre, ainsi que de nombreux autres habitants du quartier. Devant ces pères et mères de familles, Aboubacar Sidiki Nabé a laissé entendre que l’excision n’est pas une pratique religieuse. « Il n y a aucune religion au monde qui encourage une pratique néfaste en l’occurrence les mutilations génitales féminines. Toutes les religions au monde concourent au bien-être de la communauté, des sociétés.

Donc, au regard des recommandations des médecins qui nous ont fait savoir que cette pratique n’a que des conséquences néfastes, ça n’a aucun bénéfice, le secrétariat des affaires religieuses, étant chargé de la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière religieuse, a pris à bras-le-corps cette problématique pour sensibiliser ces leaders religieux. On a même eu à faire une fatwa en disant qu’aucun religieux ne doit encourager désormais cette pratique. Parce que nos mamans, nos filles, nos femmes souffrent. C’est pourquoi aujourd’hui, il y a une recrudescence des césariennes, des maladies et même des décès », a dit ce responsable du secrétariat général des affaires religieuses.

A l’issue de ces échanges entre autorités religieuses et communautés à la base autour de la nécessité d’abandonner l’excision, l’Unicef s’attend à une évolution significative dans la lutte contre l’excision. L’institution onusienne, qui collabore depuis 2014 avec le secrétariat général des affaires religieuses dans le combat contre les MGF en Guinée, pense que cette démarche peut être très efficace.

Abdoulaye Baldé, spécialiste protection de l’enfance au bureau de l’Unicef à Conakry

« Comme vous le savez, quand on demande à la population pourquoi vous continuez à pratiquer les MGF, parmi les raisons que les gens avancent pour justifier la pratique, ils disent que c’est parce que ma religion me le recommande. Et comme les grands savants se sont retrouvés pour démontrer que cette pratique est une coutume qui est antérieure même à l’apparition des religions musulmane et chrétienne, il nous est apparu nécessaire que ces leaders religieux viennent échanger avec les populations pour qu’elles leur posent toutes les questions et préoccupations qu’elles ont par rapport à ça pour que cette histoire soit très claire à leur niveau, afin qu’elles ne se basent plus sur ce prétexte pour continuer à la pratique », a dit Abdoulaye Baldé, spécialiste protection de l’enfance au bureau de l’Unicef à Conakry.

Mariame Ciré Camara, habitante du quartier Carrière centre

Au sortir de la rencontre, certains participants ont pris l’engagement de ne plus pratiquer l’excision. C’est le cas de Mariame Ciré Camara, une habitante du quartier Carrière centre. « Ce que moi j’ai compris à travers cette sensibilisation, c’est l’importance de l’abandon des MGF dans notre pays. Parce que l’excision n’a pas d’importance chez la femme. Toutes les complications liées à l’accouchement et à beaucoup de cas de divorces sont liés aux mutilations génitales féminines. Donc, cette pratique n’a plus de place dans notre pays. Nous devons tous abandonner les MGF dans notre pays », a dit cette citoyenne.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

Tél : 622 67 36 81

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