Ratoma : des leaders religieux sensibilisent les citoyens à abandonner l’excision

Le secrétariat général des affaires religieuses poursuit son combat contre les mutilations génitales féminines. Après la commune de Matam hier, les autorités religieuses de Guinée, en collaboration avec l’Unicef, ont organisé une autre journée de sensibilisation ce vendredi, 4 février 2022, à Ratoma. Des leaders religieux sont venus échanger avec de nombreux habitants de cette commune de Conakry autour des méfaits de l’excision et de la nécessité d’abandonner cette pratique, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

C’est la maison des jeunes de Ratoma qui a abrité cette journée de sensibilisation sur l’abandon des MGF (mutilations génitales féminines). Les échanges entre conférenciers et participants ont porté notamment sur les complications pouvant résulter de l’excision. Des complications qui peuvent aller jusqu’à causer la stérilité chez la femme, selon Aboubacar Sidiki Nabé, directeur adjoint du Bureau de stratégie et de développement au secrétariat général des affaires religieuses.

Aboubacar Sidiki Nabé, directeur adjoint du Bureau de stratégie et de développement au secrétariat général des affaires religieuses

« Les mutilations génitales féminines créent d’énormes problèmes aux femmes, surtout dans le cadre de la reproduction. Vous avez souvent les fistules obstétricales, des infections répétées et même la stérilité. C’est pourquoi nous sommes dans la commune de Ratoma pour conférer avec les communautés à la base et leurs leaders religieux musulmans et chrétiens sur la nécessité d’abandonner cette pratique, au regard des conséquences néfastes qu’elle cause à la gent féminine », a-t-il expliqué.

 

Autre point évoqué, c’est le rapport entre l’excision et la religion. Les sensibilisateurs ont expliqué que cette pratique n’a aucune origine religieuse. « Les imams ont démontré que cette pratique n’est pas d’ordre religieux, parce qu’elle existe avant la religion. Si nous remontons dans l’histoire, nous savons bien que le prophète Mohamed (PSL) a trouvé cette pratique à Médine. C’est pourquoi les leaders religieux sont impliqués dans la sensibilisation, car les leaders communautaires et religieux sont écoutés par les communautés », a dit Aboubacar Sidiki Nabé.

 

Le secrétariat général des affaires religieuses est appuyé dans cette démarche par l’Unicef, qui œuvre dans le cadre de la protection de l’enfance.

Abdoulaye Baldé, spécialiste protection de l’enfance au bureau de l’Unicef à Conakry

« Depuis le 24 janvier dernier, nous avons commencé à sillonner les quartiers pour organiser des débats d’abord entre les religieux et ensuite entre les communautés et les religieux sur le fondement religieux ou non des MGF. Parce que parmi les raisons que les communautés avancent pour justifier cette pratique, il y a le fait de dire que c’est la religion qui le recommande. Mais, les leaders religieux nous disent que c’est une simple coutume, qui n’a aucun fondement religieux », a dit Abdoulaye Baldé, spécialiste protection de l’enfance au bureau de l’Unicef à Conakry.

Mme Laba Sylla, chargée d’études à l’inspection régionale au gouvernorat de Conakry

Cette sensibilisation a été marquée aussi par des témoignages de certaines femmes, qui disent avoir rencontré des complications liées à l’excision. « Moi, ce que j’ai subi avec l’excision, jusqu’à présent, cela joue sur ma santé. Quand je suis enceinte, à l’accouchement, je rencontre beaucoup de problèmes. Pour la première fois, lorsque je suis allée en consultation, le médecin m’a dit : madame, qui vous a excisée ? J’ai dit que cela a été fait depuis l’enfance. Il a dit que c’est grave pour ma santé et qu’il craignait pour moi au moment de l’accouchement.

 

J’ai suivi un traitement durant neuf mois, mais le jour de l’accouchement, j’ai eu des problèmes de saignement et j’ai passé deux à trois jours dans le coma. À mon réveil, ils m’ont demandé d’appeler mon mari pour en parler parce que je ne pouvais avoir que deux ou au maximum trois accouchement. Car, si je dépassais ce nombre, je risquais de mourir », a témoigné Mme Laba Sylla, avant de demander aux femmes d’abandonner l’excision « parce qu’elle n’apporte rien à la femme. Elle provoque plutôt beaucoup de problèmes pour elles avec rapports sexuelles et règles douloureux », a-t-elle laissé entendre.


Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

Tél : 622 67 36 81

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