De l’échec scolaire à la peinture : Daouda Bangoura trouve son chemin pour l’art

Daouda Bangoura, dit David Décor

David Décor, de son vrai nom Daouda Bangoura, est un jeune artiste Guinéen qui peint des tableaux depuis 2006. Avec son habilité de mains, il fait des toiles fascinantes. Ses tableaux parlent de l’amour, mais ils décrivent aussi le paysage pittoresque guinéen. Et, malgré la conjoncture difficile, cet artiste arrive tant bien que mal à écouler ses œuvres. Il vend ses tableaux à des touristes, mais aussi à des résidents Guinéens qui ont un goût et une fascination pour l’art. Mais, la sous-traitance l’empêche de jouir pleinement du fruit de son travail, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

A Sangarédi (une sous-préfecture relevant de la préfecture de Boké), rien ne prédestinait le jeune élève qu’il était à faire la peinture. Mais, les échecs scolaires, notamment au Baccalauréat, lui ont tracé un autre chemin. Et, c’est à Conakry, contre toute attente, qu’il va embrasser ce métier. C’était en 2006 et Daouda était dans une quête désespérée de travail.

« Le métier que je fais actuellement (la calligraphie et la peinture), ce n’est pas ce à quoi j’avais opté. J’étais à Sangaredi pour finir mes études ; malheureusement, j’ai échoué au baccalauréat en Sciences Sociales. En ce moment, on faisait le Bac deux fois. Quand j’ai échoué pour la deuxième fois, j’ai arrêté les études et je suis venu à Conakry en 2006. J’ai beaucoup cherché de travail, mais je n’ai pas eu. Du coup il y avait un monsieur dans mon quartier à Almamyah qui faisait de la calligraphie. Et, je partais souvent le suivre. Un jour, il m’a dit : petit, tu peux venir apprendre la calligraphie avec moi, mais il faut envoyer la cola pour que je sois ton maître. Ainsi, j’ai envoyé la cola et j’ai commencé le travail en 2006. Voilà comment je me suis lancé dans ce métier. Disons juste que Dieu a voulu que je fasse ce métier, sinon ce n’était pas ma vision. Ma vision c’était de poursuivre mes études. Mais, je n’ai fait que 2 ans  d’apprentissage avec lui et on s’est séparé. Car, l’endroit où on se trouvait était un domaine de l’Etat qui a finalement été récupéré. Du coup, on s’est quitté. Et, suite à ça, j’ai ouvert un salon de coiffure et j’ai continué à m’exercer en calligraphie, parce que j’ai constaté que j’évoluais beaucoup dans ce métier. J’avais déjà l’amour de ce métier. Vous savez, quand tu aimes un métier, tu vas évoluer. Mais, faire un métier juste pour de l’argent, tu ne peux pas évoluer dans ça », a expliqué Daouda Bangoura.

Daouda Bangoura raffole de la Calligraphie. Et, c’est son amour pour ce métier qui l’a finalement conduit à la peinture. Son habileté de mains, son inspiration et sa créativité ont fait jaillir son génie d’artiste et lui permis de prendre son envole de peintre. Il va d’ailleurs se faire un nom d’artiste (David Décor) et une renommée. Ses tableaux décorent aujourd’hui plusieurs hôtels de Conakry.

Daouda Bangoura, dit David Décor

« Aujourd’hui, Dieu merci ! Je suis  indépendant. Celui qui m’a appris ce métier (Daye Baldé alias Net Net) n’est pas là, il est en Belgique. Mais, pour dessiner les tableaux, je ne l’ai jamais fait avec mon maître à notre atelier. Seulement, je l’observais faire. Il nous donnait les banderoles, les petits boulots. Mais, comme je suis intelligent et j’aime le métier, je m’exerçais dans mon coin. Un jour, je t’ai connecté, j’ai vu qu’il a publié un ou deux de ses tableaux et je me suis dit : pourquoi ne pas le faire ? Du coup, j’ai peint deux à trois tableaux que j’ai exposé. Et, ça marché, des étrangers venaient acheter et appréciaient mes œuvres d’art. Donc, tout ceci m’a donné plus d’envie de continuer dans ce métier. Car, je me vois réaliser beaucoup de choses dedans. Je fais aussi des panneaux. Moi je n’ai pas un problème de clientèles. Dès que j’expose mes œuvres, j’ai des clients et mes tableaux marchent. Je les revends à 300.000, 500.000, 1.000.000 de francs voire au-delà. Le prix varie en fonction de la taille du tableau et du dessin », a-t-il indiqué.

Dans ce métier qu’il pratique depuis une quinzaine d’années, Daouda Bangoura fait face actuellement à un problème d’atelier. Son petit studio ne peut plus contenir ses œuvres. Il a même dû transformer le coffre de son véhicule en magasin de stockage pour son matériel de travail. Mais, ce peintre est aussi confronté au problème de la sous-traitance. Ce qui l’empêche d’ailleurs de jouir pleinement du fruit de son art.

« J’ai plein de tableaux qui se trouvent à la maison. Mais, vu que je n’ai pas de place, vous même vous avez vu que suis assis à ciel ouvert et mes matériels de travail se trouvent dans la voiture. Donc, je travaille à la maison. Mais, même si c’est en ligne que j’expose, j’ai des clients. Mais, le mieux c’est avoir une place. Car, je veux avoir des travailleurs que je vais initier à la calligraphie. Il n’est pas facile de faire un bon tableau avec la qualité de peinture qui vient en Guinée. Parce  que moi, mes tableaux, c’est avec du plexiglas. Donc, je ne travaille pas avec la peinture à huile, je travaille avec le baume pour faire un bon tableau de qualité… Mais, la difficulté que je rencontre de plus, c’est la sous-traitance. Sinon, moi, dans la semaine, je peux avoir deux à 4 clients. Mais, la sous-traitance me fatigue beaucoup. Quand on a trop de sous-traitance, ce qu’on gagne est peu. Malheureusement, nous sommes obligés de faire avec, vu qu’on a des loyers à payer, des familles à nourrir et d’autres chargés à supporter », se plaint Daouda Bangoura.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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