Accusés de vendre officiellement la bauxite produite par la Société Minière de Boké (SMB), au plus bas prix par rapport aux autres compagnies minières du pays et de rester devoir au fisc guinéen d’importantes sommes d’argent, Frédéric Bouzigues et Ismaël Diakité, respectivement Directeur général et Directeur général adjoint de la SMB, ont tenté de répondre aux questions des journalistes dans l’après-midi d’hier, jeudi 17 février 2022, au siège du consortium SMB-Winning, à Kaloum, a constaté un journaliste que Guineematin.com avait dépêché sur place.
D’entrée, c’est Frédéric Bouzigues qui a campé le décor en énumérant les performances de cette compagnie minière qui a démarré sa production en 2015 dans la région de Boké, en Basse Guinée.
« Cette activité représente aujourd’hui un peu plus de 20 mille emplois directs qui, depuis 2015 ont généré pratiquement un milliard de dollars de contribution directe à l’économie guinéenne. C’est un projet important qui a permis de réaliser de grandes choses. C’est plus de trois milliards de dollars d’investissement cumulés dans la région de Boké avec la mise en service d’un train et d’infrastructures. Et le consortium est aujourd’hui, partie prenante du projet Simandou. Le projet Simandou, c’est aussi 15 milliards de dollars d’investissement sur les prochaines années en deux phases détaillées qui, à la mise en service, permettra aussi de générer 1 milliard de dollars par an de recettes de contribution directe à l’Etat. Tout ça, ce sont des perspectives importantes que nous devons garder, chacun, en tête lorsqu’on parle des activités minières. Mais aussi en particulier du consortium SMB et de ses partenaires. Ce sont des projets compliqués, puisqu’il s’agit d’un marché compliqué… », a introduit le DG de la SMB.
A en croire Frédéric Bouzigues, le prix de la bauxite est lié à 80% à la logistique utilisée et la qualité (la teneur en alumine).
« Le taux de la bauxite de la SMB est autour de 43% contre 45% pour la bauxite vendue sur le marché européen. Du décapage (à la porte de la mine) au transport jusqu’au port, c’est un prix. Des barges au bateau, c’est un autre prix, appelé FOB. Le facteur qualité, la teneur en eau et celle en silice, interviennent, en plus de la technologie utilisée », a expliqué Ismaël Diakité, qui a demandé aux journalistes de prendre en compte ces éléments en parlant de prix.
S’agissant de la perte d’argent estimée à plusieurs centaines de millions de dollars, liée à la fiscalité, Frédéric Bouzigues, n’entend pas cette oreille. Il jure que la SMB est en règle vis-à-vis de la Guinée.
« Premièrement, vous n’êtes pas sans ignorer que l’Etat guinéen est actionnaire de la SMB depuis le premier jour de son exploitation comme beaucoup d’autres compagnies minières. Donc je peux vous assurez que les organes de surveillance à l’intérieur de nos conseils d’administration (commissaires aux comptes, auditeurs et l’Etat) veillent à ce que notre compagnie comme toutes les compagnies minières, soit en règle avec l’administration fiscale. Donc à votre question, ma réponse c’est oui, nous sommes bel et bien en règle vis-à-vis de l’administration fiscale guinéenne », a soutenu le patron de la SMB.
Pour les responsables de la SMB, la rupture institutionnelle enregistrée le 5 septembre 2022, n’a eu aucun impact sur les activités du consortium. Mais c’est plutôt la pandémie du Covid-19 qui a eu plutôt d’impact.
« La situation du 5 septembre 2021 n’a pas eu d’impact sur nos activités. Au contraire, c’est l’impact de la pandémie de Covid-19 qui a été beaucoup plus important ces dernières années sur nos activités », a-t-il expliqué.
Pour le DGA de la SMB, par ailleurs Président de la Chambre des mines de Guinée pour le compte du consortium SMB Winning, « nous avons constaté avec beaucoup de satisfaction toutes les mesures qui ont été prises au lendemain des évènements du 5 septembre. La première mesure concerne le couvre-feu. Très tôt, ce couvre-feu a été assoupli au secteur minier parce qu’il fallait que nos équipes continuent de travailler 24h/24. Donc il y a eu un assouplissement rapide. La deuxième chose, c’est la fermeture des frontières. Là également, il y a eu des mesures exceptionnelles qui nous ont permis de continuer à travailler aussi bien en mer qu’avec les avions qui venaient avec des expatriés et certaines cargaisons de marchandises de pièces détachées qui venaient. Nous n’avons pas du tout souffert de cela. Mais le point d’or des déclarations a été franchement, le message très clair et direct qui a été lancé aux investisseurs d’une manière générale, et à tous les partenaires de la Guinée concernant les accords et les conventions en place. Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas constaté une entrave », a reconnu Ismaël Diakité.
Au cours des débats, les questions relatives aux statistiques, notamment celles liées aux quantités de bauxite exportées et le prix réel de vente, tout comme celles liées à l’évolution et à la mobilisation du financement du projet Simandou, sont restées sans réponse. Les questions liées à la situation aux centaines de travailleurs licenciés de la SMB n’ont pas obtenu non plus de réponse.
Abdallah BALDE pour Guineematin.com
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