Abdourahmane Baldé : « nous ne devons pas continuer à vouloir le bonheur en buvant le sang des victimes »

Comme annoncé dans une de nos précédentes publications, des acteurs de la société civile réunis au sein du Collectif Droit et Justice équitable en Guinée étaient hier, mercredi 23 février 2022, devant la presse à Conakry. L’objectif était de partager leurs inquiétudes sur le traitement du dossier du 28 septembre 2009. Et, à cette occasion, le coordinateur régional dudit collectif et également président du parlement des jeunes leaders de Guinée, Abdourahmane Baldé, a alerté sur la nécessité d’avoir une justice équitable dans cette affaire qui polarise les attentions, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

Pour cet acteur de la société civile guinéenne, à l’allure où vont les choses dans ce dossier très sensible, le risque de voir juger des victimes en lieu et place des bourreaux est grand.

« Les crimes commis le 28 septembre 2009 est un événement qui a marqué l’histoire et qui, s’il n’est pas résolu comme cela se doit, continuera à constituer une chaîne qui retiendra l’ensemble des acteurs de ce pays et qui nous empêchera de nous hisser au sommet de la montagne. Nous ne devons pas continuer à vouloir le bonheur tout en buvant le sang des victimes dans ce pays. La justice doit être une véritable boussole pour une société qui se veut prospère, développée. Dans la construction d’un destin, il faut aller vers un chemin sûr. Et, le seul chemin sûr, c’est le chemin de la justice, de la vérité, du partage, rien que la vérité. Nous nous apercevons d’une chose : le retard qui a eu lieu. Parce que jusque-là il y a une polarisation du débat sur des individus appréciés par les uns et stigmatisés par les autres », a dit Abdourahamane Baldé.

Pour éviter de condamner des lampions à la place des coupables, le président du parlement des jeunes leaders de Guinée invite à honorer ceux qui ont sauvé les leaders politiques ce jour pour éviter à la Guinée des lendemains incertains.

« Dans le collectif, nous nous sommes aperçus que ceux qui étaient venus protéger les leaders politiques, ceux qui nous ont empêchés de tomber dans le cercle vicieux de l’instabilité politique et de la guerre civile, ces hommes en tenue qui avaient la responsabilité du maintien d’ordre et qui ont pris leur responsabilité pour protéger les leaders politiques sont beaucoup plus ciblés dans ce qu’on a appelé le document de requalification des faits avec un non-lieu partiel. On a l’impression qu’il y a une volonté manifeste de garantir l’impunité à ceux qui ont véritablement mis leur doigt sur la gâchette qui a fusillé et violé des Guinéens et des Guinéennes le 28 septembre 2009 au stade. C’est malheureux. Nous risquons de cibler d’autres victimes et d’assurer l’impunité à des individus qui ont pris comme habitude de massacrer notre peuple. Donc, notre invite dans ce collectif est le suivant : allons vers une véritable justice, restaurons la mémoire des victimes, refusons de vouloir escalader le mur du destin en piétinant les plus faibles qui ont subi nos forces et acceptons d’être équitables. Une justice équitable, c’est cette justice qui constitue ce qui nous mènera vers ce que nous voulons en tant que peuple. Mais, cela ne fonctionnera pas quand c’est une ethnie qui est ciblée, cela ne marchera pas lorsque ce sont des individus qui n’étaient même pas à Conakry le jour du 28 septembre qui sont ciblés, rien que parce qu’ils appartiennent à une communauté née et qui a toujours vécu sur les gigantesques arbres de la Guinée », a indiqué Abdourahamane Baldé.

Pour lui, rien que la confession des magistrats lors des journées de concertations nationales met en cause le travail déjà effectué par le pool de juges qui a émis l’ordonnance de non-lieu partiel.

« Il faut faire attention et accepter d’entendre ce que les magistrats ont dit lors des consultations organisées par le CNRD. Lorsque des magistrats disent que nous n’étions pas indépendants, nous avions peur, quand des magistrats disent que nous n’étions pas libres, est-ce que le résultat du travail effectué par ces mêmes magistrats sous l’égide du Pr Alpha Condé peut être la base de prise de décision pour le destin de la Guinée ? Nous, nous pensons qu’il faut faire beaucoup attention pour que ça soit les vrais bourreaux, les ennemis de fils et filles de Guinée qui sont traqués et traduits devant un juge et qui seront condamnés. Si nous perdions Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Jean Marie Doré ce jour-là, on n’aurait pas connu la paix que nous vivons aujourd’hui en Guinée. Donc, ce que nous devons faire, c’est de reconnaître d’abord le mérite de ceux qui les ont protégés. Ensuite, nous battre pour que ceux qui sont impliqués de près ou de loin soient ceux-là qui sont traqués et traduits devant la justice », a insisté Abdourahamane Baldé.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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