Conakry : une association de victimes de violences sous Alpha Condé veut poursuivre les auteurs de bavures policières en Guinée

Au cours d’une réunion à Conakry ce samedi, 26 février 2022, l’association pour la défense des victimes de violences sociopolitiques en Guinée a annoncé sa volonté d’engager des « poursuites judiciaires » contre les auteurs de bavures policières sous le régime Alpha Condé en Guinée. Elle a indiqué que des plaintes individuelles seront déposées devant les juridictions et elle a promis d’accompagner et aider les victimes de violences dans leur quête de justice afin qu’elles soient rétablies dans leurs droits, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Cette réunion a eu lieu à Lambanyi (dans la commune de Ratoma). Et, elle a été marquée par la présentation, à des représentants des communes de Conakry, d’une victime spécifique de la violence des forces de l’ordre. Une jeune victime (Aïcha Keïta, âgée de 16 ans, élève de la 10ème année) qui a des problèmes respiratoires à cause d’une balle qu’elle a dans son corps depuis le 30 novembre 2020.

« Ce jour, ils (les forces de l’ordre) sont venus tirer le portail, la balle m’a touché au dos. Depuis ce jour, je ne vais pas à l’école, même la journée je n’arrive pas à dormir. Je respire difficilement. J’ai besoin d’aide. Nous sommes allés dans tous les hôpitaux de Conakry, ils nous ont dit qu’ils ne peuvent pas extraire la balle, sauf au Maroc ou en Turquie », a expliqué Aïcha Keïta sous le plein d’émotions de l’assistance.

Pour éviter de toujours avoir à déplorer des victimes comme cette jeune fille, Mamady Onivogui, coordinateur du mouvement Elazologa et porte-parole de l’association pour la défense des victimes de violences sociopolitiques en Guinée, estime qu’il faut travailler de manière à arrêter « les bourreaux » dans leur élan de toujours s’en prendre aux innocents dans ce pays. Et, pour ce faire, il faut que les auteurs de bavures soient traduits devant la justice pour qu’ils répondent de leurs actes et qu’ils paient à la hauteur de leur forfaiture.

Docteur Mamady Onivogui, porte parole de l’association

« Aujourd’hui, tous ceux qui ont fait la prison à la maison centrale de Conakry, tous ceux qui ont fait la prison à Labé, à  N’zérékoré, à Kankan (…), il y a plus de 5 mois qu’on travaille ensemble sur des éléments essentiels avec 5 organisations de défense des droits de l’homme. Nous allons poursuivre tous ceux qui étaient derrière ces bavures policières.

Après la prise du pouvoir par le CNRD le 5 septembre 2021, il  y a eu des gens dont les parents ont été froidement assassinés au palais qui sont venus nous voir, ils veulent faire partie de notre association. Donc là, cette association prendra non seulement en charge les victimes d’Alpha Condé,  mais il y aura aussi un autre volet qui prendra en charge les nouvelles victimes. Parce qu’en Guinée, tant que la démocratie n’est pas installée, les bourreaux continueront à causer les mêmes victimes », a indiqué Mamady Onivogui.

En Guinée, tous les régimes qui se sont succédé à la tête de l’Etat ont eu les mains souillées de sang de victimes innocentes de lors de manifestations sociopolitiques. Et, pour le coordinateur du mouvement Elazologa, ceci est une preuve que les bourreaux ont toujours été unis dans ce pays au détriment des victimes. C’est pourquoi il est impératif que les victimes s’organisent pour appuyer et accompagner les plaintes qui vont être déposées contre les bourreaux. Et, l’association pour la défense des victimes de violences sociopolitiques en Guinée veut s’inscrire dans cette dynamique pour aider les victimes à être rétablies dans leurs droits.

« Vous savez, les bourreaux sont toujours unis, mais les victimes sont isolées. Il y a des victimes qui n’ont pas les moyens. Ceux qui ont des moyens vont déposer personnellement les plaintes contre ceux qui leur ont fait souffrir. Mais, quand il y a une association, quelqu’un dépose une plainte contre quelqu’un et qu’il n’y a pas de moyens,  l’association pourra faire des cotisations pour l’accompagner dans son jugement. Donc, non seulement nous allons déposer des plaintes individuelles, mais l’association fera aussi tout son possible pour aider les victimes à être rétablies dans leurs droits », a précisé Mamady Onivogui.

A noter que l’association pour la défense des victimes de violences sociopolitiques en Guinée est une structure qui regroupe actuellement en son sein 500 membres. Son lancement officiel est prévu pour le 6 mars prochain.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620 589 527/664 413 227

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