Foniké Menguè contre Fabou Camara : voici les peines réclamées par le parquet et la partie civile

Le procès opposant Oumar Sylla dit Foniké Menguè, actuel coordinateur national du FNDC, au Contrôleur général Aboubacar Fabou Camara, ancien directeur central de la police judiciaire, s’est poursuivi ce lundi, 28 février 2022, devant la Cour d’appel de Conakry.

L’activiste de la société civile poursuit l’officier de police pour des faits d’arrestation arbitraire, dénonciation calomnieuse, menaces, violences et injures. Cette audience a été essentiellement consacrée aux plaidoiries et réquisitions, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

Dans ses réquisitions, l’avocat général, Mamadou Dian Bora Diallo, a indiqué que le Contrôleur général Aboubacar Fabou Camara a effectivement violé la loi, en maintenant Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, en garde à vue pendant plusieurs jours. C’est pourquoi, il a demandé à la Cour de condamner l’ancien haut responsable de la police guinéenne à deux ans d’emprisonnement dont un an assorti de sursis et cinq millions de francs d’amende.

« Ce prévenu qui est devant vous, ne doit en aucun cas bénéficier de circonstances atténuantes. Foniké Menguè a été interpellé le vendredi 17 avril 2020. Cela veut dire que le mardi, ce prévenu devait être présenté devant un procureur. A supposer même que le procureur est informé et qu’il a prorogé la garde à vue, il a été gardé plus de quatre jours (…).

La loi vous donne un pouvoir puissant, mais elle vous dit que le délai de garde à vue, c’est 48 heures. Plus de 48 heures, comme ce cas d’espèce, c’est la privation de la liberté, c’est de l’abus d’autorité. Je demande à la cour de le déclarer coupable des faits à lui reprochés en le condamnant à deux ans d’emprisonnement dont un an assorti de sursis et cinq millions de francs guinéens d’amende », a requis Dian Bora Diallo.

Abondant dans le même sens, Me Antoine Pépé Lama, l’un des avocats de la partie civile, a rappelé que Foniké Menguè a été gardé pendant sept jours dans les locaux de la direction centrale de la police judiciaire. Une détention totalement arbitraire, soutient l’avocat, qui demande à la juridiction de retenir Fabou Camara dans les liens de la culpabilité. « Pour les intérêts civils, nous réclamons un milliard de francs guinéens de dommages et intérêts », a sollicité Me Antoine Pépé Lama.

De son côté, la défense assure que son client n’a posé un acte pouvant conduire à une condamnation dans ce dossier. C’est pourquoi, elle demande à la Cour de renvoyer l’officier de police des fins de la poursuite. « Il n’a jamais posé un acte dans ce dossier. Il appartient à la partie civile et au ministère public de démontrer où Fabou Camara a signé dans ce dossier comme officier de la police judiciaire.

Foniké Menguè lui-même a dit ici qu’il ne retient pas l’injure que le commissaire lui a adressée. Et la cour ne va pas se fonder sur (je ne retiens pas) pour le condamner. Donc, je vous demande de le renvoyer des fins de la poursuite pour délit non établi à son encontre », a plaidé Me Santiba Kouyaté, membre du collectif d’avocats qui défend le Contrôleur général Aboubacar Fabou Camara dans cette affaire.

Au terme des plaidoiries et réquisitions, la Cour a renvoyé le dossier au 14 mars 2022 pour rendre sa décision. A noter que cette audience a été marquée aussi par la suspension du mandat d’arrêt décerné en première instance contre Aboubacar Fabou Camara et Mohamed Lamine Simankan, le commandant de la BRI (Brigade de recherche et d’interpellation), également poursuivi dans ce dossier.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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