Comme annoncé précédemment, plusieurs enseignants contractuels ont manifesté ce mardi, 1er mars 2022, à Conakry. Ils se sont rassemblés devant le ministère de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation pour réclamer leur intégration à la fonction publique sans concours. Les protestataires ont rencontré certains cadres du département pour discuter autour de leur revendication, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.
Venus en nombre devant les locaux du ministère de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation, les enseignants contractuels brandissaient des pancartes et scandaient des slogans pour attirer l’attention des autorités sur leur préoccupation. A la demande des responsables du département, ils ont constitué une délégation, qui a été reçue par des représentants du ministre Guillaume Hawing.
A l’issue de la rencontre, Mohamed Sanoussy Kaba, conseiller juridique au ministère de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation, est venu s’adresser aux manifestants. Il leur a expliqué que leur département de tutelle a effectivement besoin de recruter pour faire face au « manque criard » d’enseignants constaté sur le terrain. Mais, souligne-t-il, ce département ne peut pas recruter tout seul, sans l’aval du ministère de la fonction publique et celui du budget.
« Tous les trois départements, le ministère de l’enseignement pré-universitaire, utilisateur des ressources humaines, le ministère de la fonction publique, qui organise le recrutement des fonctionnaires, et le ministère du budget, qui paie les fonctionnaires, doivent d’abord se concerter afin de permettre à un recrutement. Alors, nous avons des besoins très urgents au ministère de l’enseignement pré-universitaire de recruter des enseignants, mais en même temps, nous sommes obligés d’observer cette démarche que je viens de vous expliquer. Si les capacités sont réunies, en ce moment, on pourra ventiler les enseignants en situation de classe.
Aujourd’hui, ce que nous pouvons demander aux enseignants (contractuels), c’est de patienter. Parce que recruter des enseignants est une chose, mais recruter de bons enseignants est une autre chose. Il est bon de recruter un personnel, mais il faut s’assurer que ce personnel peut satisfaire les besoins pour lesquels il est recruté. On parle d’engagement sans concours, mais nous, on a des contraintes législatives. La loi dit que quand il y a beaucoup plus de candidats par rapport au nombre de postes disponibles, il faut forcément faire un concours. Nous, nous ne pouvons pas contredire la loi et je crois que la fonction publique aussi ne souhaite pas contredire la loi », a dit M. Kaba.
Un discours non satisfaisant pour les enseignants contractuels, qui ne veulent pas entendre parler d’un concours de recrutement. Alsény Mabinty Camara, le coordinateur national des enseignants contractuels appelle à l’implication du Colonel Mamadi Doumbouya dans ce dossier pour permettre la satisfaction de leur revendication. Il s’agit de les engager tous à la fonction publique, sans aucune condition.
« Aujourd’hui nous demandons tout simplement notre engagement à la fonction publique, après avoir servi l’école guinéenne de façon bénévole, de façon volontaire pendant plus de 5 ans. Nous demandons à l’Etat guinéen de nous intégrer à la fonction publique, sans aucune condition. Après avoir confié un travail à une commission composée de cadres du ministère de l’enseignement pré-universitaire, du ministère de la fonction publique, des structures syndicales, de la coordination nationale des enseignants contractuels, nous avons obtenu un fichier.
Et ce fichier a été publié, affectant les enseignants contractuels sur toute l’étendue du territoire national. Mais certains cadres du département, n’ayant pas leur part du gâteau dans ce fichier publié, ont jugé nécessaire de saboter et de remettre en cause ce travail. Puis, une nouvelle commission a été mise en place au moment où le chef de cabinet du ministère de l’enseignement pré-universitaire a demandé aux DCE et DPE de remonter la situation des enseignants contractuels omis dans la première liste publiée.
C’est ainsi que ces cadres-là ont remonté une liste de 16 000 enseignants contractuels. Un chiffre qui dépasse même le nombre qui se trouve dans le fichier de base des enseignants contractuels. Nous avons contesté ce fichier. Nous avons procédé à des appels des numéros de téléphones qui se trouvent dans ce fichier, où nous avons retrouvé des médecins, des stagiaires au ministère de la décentralisation, nous avons retrouvé des gens qui n’ont jamais été à l’école dans ce même fichier.
Donc, nous mettons en cause ce fichier remonté par les DCE et DPE, soutenues par le chef de cabinet du ministère de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation. Et nous demandons notre intégration à la fonction publique, sans concours. Parce que vous le savez, le concours en Guinée n’est qu’amusement. Vous le savez très bien, les concours en Guinée, les résultats sont orchestrés, sont connus d’avance. Ceux qui paieront de l’argent, ce sont eux qui retrouveront leur nom sur la liste des admis.
Nous, nous n’avons pas ces moyens. Mais, nous avons les compétences, nous avons la formation pédagogique et académique pour servir l’école de la République et nous avons l’expérience. Pendant 5 ans, nous sommes en situation de classe, nous n’avons jamais été rejetés par les enfants. S’ils veulent nous mettre de côté et recruter les leurs, on ne va pas accepter cela. C’est pourquoi, nous attirons l’attention du président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya. Nous lui demandons d’intervenir dans le dossier des enseignants contractuels », a sollicité le leader des enseignants contractuels.
Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com
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