Mission de la CEDEAO et l’ONU à Conakry : « ça montre à suffisance que la junte n’est pas prête à dialoguer »

Saikou Yaya Barry, secrétaire administratif de l'UFR

Alors qu’elle prévoyait de rencontrer les Forces vives du pays, la mission conjointe CEDEAO-ONU, qui a séjourné les 27 et février 2022 à Conakry, a dû modifier son calendrier. Les autorités guinéennes auraient demandé aux émissaires de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest et des Nations unies de ne pas rencontrer les acteurs politiques et de la société civile.

Finalement, la délégation a quitté la capitale guinéenne sans échanger avec ces acteurs de la vie nationale sur la conduite de la transition, dont la durée n’est toujours pas connue. Pour Saïkou Yaya Barry, le secrétaire exécutif de l’UFR (Union des forces républicaines), cette situation montre un peu plus le vrai visage du CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement). Cet acteur politique guinéen estime que la junte militaire au pouvoir prouve ainsi qu’elle n’est pas prête à dialoguer.

« Comme vous le savez, c’est une délégation officielle. Quand ils arrivent, ils rencontrent les officiels du pays. Mais, on a toujours vu qu’ils se rencontraient pendant la transition avec les forces vives, c’est-à-dire les leaders les plus importants de la société civile et des partis politiques. Apparemment, cette fois-ci, le CNRD, détenant le pouvoir, n’a pas voulu que cela soit. Mais, ils ignorent une chose : les leaders des forces vives sont en contact avec la CEDEAO, l’UA, l’UE et les Nations unies par le biais de courriers et beaucoup d’autres canaux utilisés pour savoir ce qui se passe à l’intérieur du pays.

Donc, la présence de ces officiels en Guinée et le fait qu’ils n’ont pas rencontré les leaders politiques ne change en rien de l’essentiel que feront les forces politiques et sociales pour la transition guinéenne. Le CNRD n’a fait que marquer sa volonté de ne pas vouloir un dialogue. Et il est évident que ça joue sur l’image de la Guinée et du CNRD. Ça montre à suffisance que c’est une junte qui n’est pas prête à dialoguer », a expliqué le secrétaire exécutif de l’UFR dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, ce mardi 1er mars 2022.

Pour certains, la mission de la CEDEAO et des Nations unies ne devait pas se plier aux injonctions des autorités guinéennes, lui demandant de ne pas rencontrer les acteurs politiques et sociaux. Mais, tel n’est pas l’avis de Saïkou Yaya Barry. « Ils sont dans un pays et quand cela se passe comme ça, c’est leur sécurité qui va être mise en cause. Donc, quand les officiels qui sont censés les protéger et les garder disent de ne pas aller quelque part, ils n’iront pas. Ça, c’est le fait d’assurer leur sécurité, parce qu’ils sont dans un pays qui n’est pas le leur.

Donc, c’est tout à fait normal et ça ne joue en rien sur leur indépendance et sur leur prise de décision. Vous avez vu la déclaration du chef de la mission qui confirme les sanctions sur la Guinée et sur la junte. Mais, s’ils disent de ne pas emprunter tel chemin, ils ne prendront pas ce chemin, parce qu’ils ne sont pas dans leur pays. C’est le manque de volonté de ceux qui dirigent le pays qui conduit à cela », a dit ce responsable de l’UFR, le parti dirigé par Sidya Touré, ajoutant que cette situation « ne facilitera pas les choses entre ces institutions et la junte ».

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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