Conakry : Action Mines Guinée partage le rapport provisoire de l’étude sur l’impact de la COVID-19 sur la chaîne de valeur de l’EMAPE

Dans le cadre du projet ‘’promotion des droits socioéconomiques des acteurs de la chaîne de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMAPE) en Guinée, l’ONG Action Mines a organisé à Conakry ce mercredi, 02 février 2022, un atelier de restitution pour analyser l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les acteurs de la chaîne de valeur. Cette rencontre a réuni les acteurs du secteur des mines en Guinée et a permis à l’ONG Action Mines de présenter les résultats de l’étude et les constats de terrain de l’effet de la COVID-19 sur le circuit d’exploitation et les recommandations. Tout ceci est consigné dans un « rapport provisoire » comprenant plusieurs propositions, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

De l’avis de plusieurs acteurs du secteur minier guinéen, l’exploitation artisanale produit plus d’or que l’exploitation industrielle. Mais, tout comme les autres secteurs de la vie nationale en Guinée, le secteur de l’exploitation artisanale a été sévèrement impacté par la COVID-19. Cette pandémie a notamment perturbé les chaînes d’approvisionnement du secteur minier artisanal.

Seulement, selon le rapport provisoire de l’ONG Action Mines, la production d’or a paradoxalement augmenté dans ce secteur entre 2020 et 2021. Mais, au même moment, les acteurs de la chaîne de valeur de l’EMAPE souffrent et perdent beaucoup, alors que les acheteurs au niveau national augmentent leurs chiffres d’affaires à cause de la flambée du prix de l’or au niveau mondial.

Mamadou Lamarana Diallo, coordinateur du programme de Action Mines Guinée

« Comme vous le savez, la COVID-19 a été une maladie qui a impacté presque toutes les structures socioprofessionnelles de la Guinée ; et, le secteur de l’exploitation minière  artisanale et à petite échelle n’a pas été épargné. Dans le secteur minier et artisanal de l’or, si vous partez dans les zones à la base, vous voyez des femmes qui sont en train de travailler. Mais, après le travail, il n’y a presque pas d’acheteur. Et, le peu de personnes qui viennent pour acheter, ils achètent à un vil prix. Donc, ça décourage les travailleurs. C’est de cette manière là que la COVID-19 a impacté le projet. D’autres façons aussi, l’exportation est arrêtée au niveau de Conakry, parce qu’on ne pouvait pas exporter le diamant. Car, tous les vols étaient  arrêtés. Donc, du fait qu’il n’y a pas d’exportation, quand tu exploites, tu seras obligé de garder ; et, quand tu gardes, le produit perd sa valeur. La troisième des choses, on a constaté que, contrairement aux diamants, la quantité d’exploitation de l’or a augmenté pendant la COVID-19. Il y a beaucoup d’explications qui ont été données, mais on n’a pas jusqu’à présent trouvé la raison fondamentale de cette augmentation de l’exploitation de l’or entre 2020 et 2021. Comme vous le savez, en début de 2020, lorsqu’il a eu la COVID-19, le gouvernement guinéen a élaboré un plan d’urgence. Et, dans ce plan d’urgence, le gouvernement a accompagné presque toutes les couches socioprofessionnelles de la Guinée. Mais, le secteur de l’EMAPE n’a pas été accompagné. On s’est demandé : pourquoi ? C’est parce qu’on considère que c’est une activité commerciale ; et, pourtant, c’est une activité qui crée de l’emploi. Donc, on s’est dit qu’il va falloir voir de quelle manière la COVID-19 a impacté ces acteurs là, voir qu’est-ce qu’il faut proposer pour que le gouvernement les accompagne. Alors, il nous fallait voir comment apporter une réponse sur comment la COVID-19 a impacté et encouragé le gouvernement à prendre des initiatives allant dans le sens d’améliorer les conditions de vie. Nous avons plusieurs propositions dans le rapport ; et, la première est qu’il faut que le gouvernement ait un plan pour le secteur de l’EMAPE : que ça soit au niveau du secteur de l’exploitation, de la commercialisation et au niveau même de l’exportation. Nous savons qu’il y a des efforts qui ont été faits, mais le plan d’urgence qu’on a vu ne prenait pas en compte les acteurs de L’EMAPE. Donc, les recommandations qu’on a faites au niveau du gouvernement, c’est de voir par quelle possibilité, dans l’élaboration des politiques publiques, ils peuvent intégrer les questions de l’EMAPE. Aujourd’hui on attend que le secteur de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle soit renforcé. D’abord la régulation, car c’est l’un des secteurs qui a moins d’attention de l’État par rapport aux questions de loi. Et, nous pensons que si l’État prend des mesures idoines pour régler cette question, l’EMAPE contribuera d’une manière exponentielle à l’économie de la Guinée », a indiqué Mamadou Lamarana Diallo, coordinateur du programme Action Mines Guinée.

Présent à cet atelier en qualité de ‘’personne ressource’’, Elhadj Mamadou Aliou Barry, le conseiller de la brigade anti fraude, a rappelé les difficultés que traversent les acteurs de la chaîne de valeur dans ce secteur et il a laissé entendre que cette démarche de l’ONG Action Mines va permettre de relancer les activités au niveau de l’EMAPE.

Elhadj Mamadou Aliou Diallo, personne ressource et conseiller de la brigade anti fraude

« Ça été très difficile. Au niveau du diamant par exemple, les diamantaires ne venaient pas. La production a presque cessé, parce qu’ils ne peuvent pas produire et ne pas pouvoir vendre. Ils vivent au jour le jour. Il y avait assez de problèmes. Ils n’arrivaient pas à se relever. Au niveau de l’exploitation artisanale, quand il n’y a pas de rentrée et sortie libre, les produits pour la fonderie manquent. Ça augmente le coût de la production et ça fait que les gens sont plus où moins découragés ; et, économiquement ils perdent. Cet atelier nous l’encourageons, parce que ça va jusqu’au niveau de la racine pour trouver les maux qui jouent sur le secteur de l’EMAPE. Ils rencontrent les gens individuellement ou en petits groupes, ils tirent d’eux de façon libre ce qui les gènes. Ils font des propositions à l’État et aux bailleurs de fonds pour améliorer leurs conditions de vie. Et ça, ça a un impact positif sur l’exploitation à petite échelle. Cela nous encourage et permet à l’activité de revivre, de se relancer. Un pas de chez eux augmente deux pas chez nous dans le cadre de l’exploitation. Il faut que chacun des participants donne son avis conformément à ce qu’il a vu et apprécié. Les différents avis regroupés par Action Mines serviront de boussole, ça va peut-être améliorer la plaidoirie qu’ils ont envisagé au près des gouvernants et même des bailleurs de fonds. Donc, chacun de nous doit dire ce qui ne va pas et ce qui est important », a dit Elhadj Mamadou Aliou Barry.

Pour Cheick Bandjan Kourouma, représentant de l’union nationale des orpailleurs de Guinée, cette initiative d’Action Mines est salutaire et tous les partenaires doivent accompagner cette ONG dans ce projet.

Cheick Bandjan Kourouma de l’union nationale des orpailleurs de Guinée

« La COVID-19 est une pandémie à dimension internationale. Ce n’est pas seulement de notre secteur. Donc, on s’est adapté, parce que ce n’était pas facile. De la production jusqu’à la commercialisation il y a eu des impacts,  mais il y a eu également des résiliences. Donc, on a pu s’en sortir grâce à l’adaptation de la situation. Ça a eu des impacts négatifs. D’abord au niveau de la production. Parce que c’est la production qui approvisionne la chaîne de commercialisation. Quand il y a son impact, nécessairement vous avez vu ce que ça fait. Les partenaires n’injectaient plus de l’argent, ce qui a fait qu’on a traîné les pieds à un moment donné.

Nous avons vraiment salué l’action de Action Mines. Il faut se le dire, parce qu’ils sont en train de mener aujourd’hui l’un de nos rôles clés. Parce que le fait d’abord de former les femmes qui sont les plus vulnérables dans les zones minières, les informer sur d’autres activités alternatives, c’est une vision d’avenir. Parce que nous sommes en train d’exploiter une ressource finissable. C’est pourquoi nous saluons ce qu’Action Mines fait actuellement. Nous avons demandé d’élargir vers les autres zones d’activité et effectivement c’est ce qui fut fait. Et, nous voudrions que tous les partenaires puissent les soutenir et les appuyer dans ce sens », a indiqué Cheick Bandjan Kourouma.

À noter que dans un premier temps, ce projet d’études a couvert trois (3) préfectures, à savoir : Siguiri, Dinguiraye et Kerouané. Et, Kouroussa Mandiana et à Macenta dans un 2ème temps, dont 10 sous-préfectures sur le secteur du diamant et 4 sur le secteur de l’or. Ce projet qui s’étendra sur une période de 8 mois (c’est-à-dire de janvier à août 2022) a bénéficié de l’appui technique et financier du support de la banque mondiale sur les industries extractives à travers un fond d’urgence de cette organisation qu’ils ont mis en place.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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