Mois de la femme : l’AVCB célèbre les épouses des victimes du régime Sékou Touré

A l’occasion du mois de la femme guinéenne, l’association des victimes du camp Boiro (AVCB) célèbre les épouses des victimes du régime de Sékou Touré, le premier président de la République de Guinée. Elle a organisé une cérémonie ce samedi, 5 mars 2022, à Conakry, pour rendre un vibrant hommage à trente femmes encore vivantes, dont les maris sont morts dans la tristement célèbre prison du camp Boiro.

Selon Abdoulaye Conté, le président de l’AVCB, cette initiative vise à exprimer leur reconnaissance et leur gratitude à ces veuves, qui ont consenti d’énormes sacrifices pour nourrir et éduquer leurs enfants.

Abdoulaye Conté, président de l’AVCB

« On a voulu pour la première fois aujourd’hui, profiter du mois de la femme pour honorer nos mamans, les épouses des victimes du camp Boiro. Ces femmes qui ont tant souffert, qui se sont illustrées par leur acharnement en termes de courage, à vouloir, malgré ce qu’elles ont subi, donner une éducation à leurs enfants, faire réussir leurs enfants, parfois au prix d’un énorme sacrifice. C’est pour ça que nous avons voulu aujourd’hui faire en sorte que 30 femmes qui sont encore vivantes, qui sont des épouses de ces victimes-là, puissent être reconnues, honorées. Que chacune d’elles sorte afin qu’on puisse porter un visage sur ces femmes qui ont tant souffert », a indiqué M. Conté.

En guise de récompense, l’AVCB a remis des satisfécits à ces femmes, qu’elle considère comme des héroïnes. Les enfants des victimes du régime Sékou Touré ont aussi mis cette occasion à profit pour interpeller encore une fois les autorités guinéennes, sur la nécessité de faire la lumière sur les crimes commis au camp Boiro et sur toutes les autres exactions enregistrées depuis l’accession de la Guinée à l’indépendance. Pour Dr Ramata Taran Diallo, fille de Dr Alpha Taran Diallo, un ancien ministre de la santé de Sékou Touré, mort au camp Boiro, cela est un passage obligé pour que le pays puisse sortir de l’ornière.

Dr Ramata Taran Diallo, fille de Dr Alpha Taran Diallo

« De 1959 à maintenant, on évolue dans l’arbitraire, on continue à assassiner les Guinéens. Et les mêmes causes produisent les mêmes effets. Il y a eu le 4 juillet 1984, il y a eu le 28 septembre 2009, il y a eu des assassinats politiques quand les opposants appelaient à des manifestations. Tout ça, c’est parce que les crimes du PDG, du premier président, n’ont pas été traités. Parce que le dossier du camp Boiro n’est pas ouvert. C’est pourquoi ça se répète. Donc, les nouvelles autorités auraient dû commencer par les crimes d’Etat qui ont eu lieu de 1959 à 2021.

Tant qu’on ne fera pas ça, la Guinée n’ira pas de l’avant. Parce que nous sommes un pays religieux. Donc, ils doivent ouvrir le dossier, rendre les charniers, réhabiliter nos parents, parce qu’ils ont été assassinés sans jugement (…). Donc, si le CNRD aime ce peuple, ils n’ont qu’à ouvrir ce dossier du camp Boiro. Quand ils ouvrent ce dossier, ils vont débaptiser l’aéroport, parce que Sékou Touré ne mérite pas que cet aéroport porte son nom », a-t-elle laissé entendre.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620 589 527/664 413 227

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