Aly Touré, procureur de la CRIEF : « toute personne poursuivie qui ne vient pas répondre, on la fera venir »

Aly Touré, procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et financières

Au cours d’une conférence de presse qu’il a animée ce mardi, 15 mars 2022, le procureur de la CRIEF (Cour de répression des infractions économiques et financières) a communiqué sur plusieurs dossiers pendants devant cette juridiction spéciale. C’est le cas notamment de l’affaire dite de « Nabayagate », relative au détournement d’un montant de 200 milliards de francs guinéens, impliquant les anciens ministres Djenab Dramé, Ismaël Dioubaté, Tibou Camara, et l’ancienne DAF, Eveline Fola Mansaré.

Aly Touré a évoqué notamment l’absence de Djenab Dramé, la principale concernée par ce dossier, partie de la Guinée avant le coup d’Etat du 5 septembre 2021, qui a renversé le régime d’Alpha Condé. Le magistrat a indiqué que la chambre d’instruction de la CRIEF lui a accordé un délai, à la demande de ses avocats, pour lui permettre de finir sa convalescence avant de venir répondre à sa convocation.

« Il y a une convocation qui a été émise régulièrement à son adresse, qui a été signifiée à son domicile et signifiée à ses avocats, qui sont actuellement en Guinée. La date de la comparution arrivée, les avocats sont venus voir la chambre de l’instruction pour leur faire savoir que leur client n’est pas en Guinée et qu’elle serait convalescente. Ils ont donc sollicité un délai de la chambre de l’instruction pour leur accorder le temps pour que celle-là (Djenab Dramé) revienne en Guinée pour être entendue sur les faits qui lui sont reprochés. Nous sommes à ce stade.

En tout état de cause, qu’elle vienne ou qu’elle ne vienne pas, une procédure judiciaire est une procédure entière, parce qu’elle concerne des personnes qui sont sur le territoire guinéen et des personnes qui sont en dehors du territoire », a-t-il expliqué. Le procureur spécial de la CRIEF ajoute qu’au cas où l’ancienne ministre ou toute autre personne poursuivie refuserait de répondre à sa convocation, la juridiction dispose d’un mécanisme lui permettant de faire venir l’intéressé de force.

« A ce stade, nous n’allons pas parler d’extradition, parce que les avocats sont venus solliciter un délai pour permettre à cette dame de venir, la chambre est en train d’observer ce délai. Mais,  je voudrais vous rappeler que les personnes qui sont poursuivies, si elles sont en dehors de la Guinée et qu’on sent un refus catégorique pour elles de rejoindre leur pays, nous avons des coopérations judiciaires bilatérales et multilatérales. On appelle ça l’entraide judiciaire internationale (…).

Donc, nous avons suffisamment ce mécanisme qui nous permet d’avoir des gens dans notre pays qui sont poursuivis devant les juridictions nationales. Dans ce cadre-là, nous n’avons aucune inquiétude. Nous savons que toute personne poursuivie devant la CRIEF viendra répondre devant la CRIEF ou on la fera venir », a laissé entendre Aly Touré.

A rappeler que l’instruction de ce dossier dit de « Nabayagate » a conduit à l’inculpation de Tibou Kamara, Ismaël Dioubaté et Eveline Fola Mansaré. Le premier a été placé sous contrôle judiciaire et les autres sont détenus depuis quelques semaines à la Maison centrale de Conakry.

Mohamed Gueasso Doré pour Guineematin.com

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