Condamnation de Fabou Camara : « c’est une décision qui sonne la fin de l’impunité »

Me Antoine Pépé Lama, avocat de la partie civile

Comme annoncé précédemment, la Cour d’appel de Conakry a condamné hier, lundi 14 mars 2022, le Contrôleur général Aboubacar Fabou Camara, ancien directeur central de la police judiciaire (DPJ). Reconnu coupable d’abus d’autorité, l’officier de police judiciaire a écopé de six mois d’emprisonnement assorti de sursis et deux millions de francs guinéens d’amende.

Il est condamné aussi à payer un montant de cinq millions de francs guinéens de dommages et intérêts au plaignant, Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, actuel coordinateur national du FNDC (Front national pour la défense de la constitution), qui le poursuivait pour des faits d’arrestation arbitraire, abus d’autorité, dénonciation calomnieuse, menaces, violences et injures.

Une décision accueillie avec beaucoup de joie par Me Antoine Pépé Lama, l’un des avocats de la partie civile. Au sortir de la salle d’audience, il a déclaré que la condamnation de l’ancien directeur central de la police judiciaire « vient sonner la fin de l’impunité » en Guinée, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

« Nous sortons de cette audience, satisfaits de l’arrêt qui vient d’être prononcé par la première chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Conakry, qui a retenu M. Aboubacar Fabou Camara dans les liens de la culpabilité pour les faits d’abus d’autorité, autrement dit, atteinte à la liberté individuelle. Ça, c’est une décision historique. Une décision qui vient partiellement soulager la souffrance que cet officier de la police a infligée à M. Oumar Sylla, alias Foniké Menguè dans ses locaux pendant 8 jours.

C’est une décision qui vient sonner la fin de l’impunité. Une décision qui, à mon avis, doit inspirer tous ceux qui voudront à l’avenir servir un homme avec zèle. Je pense que cette décision va servir de leçon à tous les porteurs de tenues, à tous ceux qui sont investis d’une mission de service public, de servir la République dans la légalité, dans la modestie et dans le respect des droits individuels », a laissé entendre Me Pépé Lama, avocat de Foniké Menguè.

De son côté, la défense estime que son client a été condamné, non pas sur la base de la plainte de Foniké Menguè, mais plutôt sur la base de la demande du procureur général. Toutefois, Me Fodé Kaba Chérif, l’avocat du Contrôleur général Aboubacar Fabou Camara, dit s’en remettre à la décision de la première chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Conakry.

« Nous, nous disons qu’il y a eu condamnation sur la base de la seule demande du procureur général et non sur la base de la plainte qui a été formulée par Oumar Sylla alias Foniké Menguè. Puisque vous le savez, en la matière, il n’y a aucun recours possible. Donc, nous nous en remettons à cette décision. Comme vous pouvez le constater, nullement, il a été question de demande formulée par Foniké Menguè, notamment arrestation arbitraire, détention illégale ou quoi que ce soit. Mais plutôt, il a été question ici de sanctionner un abus d’autorité. Donc, nous nous en remettons à cette décision », a dit cet avocat de la défense.

Le Contrôleur général Aboubacar Fabou Camara est attendu encore le 28 mars prochain devant la Cour d’appel de Conakry pour un autre procès. Dans ce dossier, il est poursuivi avec le commandant Mohamed Lamine Simankan de la BRI (Brigade de recherches et d’interpellation) par Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno. Ces derniers, qui sont également des responsables du FNDC, accusent les deux officiers de la police nationale de « violences volontaires, atteintes à la vie privée, violation de domicile et destruction des biens ».

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620589527/664413227

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