Tribunal de Coyah : des citoyens chargent l’ex-préfet Aziz Diop, le maire Abou Soumah, et Cie

Le procès d’Aziz Diop, ancien préfet de Coyah, Abou Soumah, actuel maire de la ville, Ousmane Lansari Sylla, directeur préfectoral par intérim de l’habitat et autres, s’est poursuivi ce mardi, 22 mars 2022. Ces commis de l’Etat sont poursuivis par 47 citoyens, victimes de déguerpissement, pour des faits de « destruction d’édifices privés, violences et menace ».

Après la comparution des prévenus lors de la précédente audience, les plaignants aussi ont comparu ce mardi devant le Tribunal de première instance de Coyah. Naby Bagui Sylla et les autres plaignants ont expliqué que leurs bâtiments ont injustement et illégalement été démolis, alors qu’ils n’étaient nullement sur les emprises de la voie publique, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

« Quand cette affaire (le déguerpissement) a débuté, je suis allé voir le préfet. Ce dernier m’a dit que la route ne me touchera pas, parce qu’il y a une source d’eau là-bas, où beaucoup d’habitants de Coyah viennent s’approvisionner. Après, je suis allé à la direction préfectorale de l’habitat pour leur dire que chez moi ne fait pas partie, le directeur de l’habitat aussi m’a dit de ne pas craindre, que mon bâtiment ne sera pas touché. Il m’a dit que c’est lui qui oriente la machine, donc je n’ai pas à m’en faire.

Mais, quelques jours après, c’est-à-dire le 24 février 2020, j’ai constaté des croix sur ma maison. Du coup, je suis reparti vers le préfet, il m’a de nouveau rassuré, j’ai même l’enregistrement avec moi. Et dès que Ousmane Lansari (le directeur préfectoral de l’habitat par intérim) a appris que je suis passé voir le préfet, il a directement pris la machine pour aller démolir mes 8 magasins, bâtis sur mon terrain avec tout leur contenu, le lendemain, 25 février 2020.

Quand je suis allé voir Ousmane pour savoir pourquoi il a détruit mon bâtiment, il m’a demandé pourquoi je ne suis pas passé le voir avant le préfet. Après, je suis allé rencontrer le secrétaire général des collectivités chez lui, il m’a dit qu’il n’est pas associé à ce déguerpissement, donc, qu’il ne pouvait rien pour moi. Pourtant, je ne suis pas sur la route. Mon jeune frère qui avait ses magasins sur la route a été dédommagé après la démolition de ses magasins.

Aujourd’hui, après cette opération, moi, je ne suis même pas capable de payer la dépense chez moi. Je suis à la retraite depuis 9 ans, je faisais vivre ma famille à travers ce que je gagnais là-bas. Aujourd’hui, mon fils, qui fait la deuxième année dans une université privée, ne poursuit plus ses études, faute d’argent », a expliqué Naby Bagui Sylla, machiniste à la retraite, âgé de 56 ans.

De son côté, Mohamed Yansané, a perdu 8 bâtiments dans cette opération de déguerpissement menée en février 2022 dans la préfecture de Coyah. Il dit être personnellement visé par Ousmane Lansari Sylla, le directeur préfectoral de l’habitat par intérim. « Dans un premier temps, le projet de la route Coyah-Forécariah avait déjà fait la délimitation, ils nous ont dit qu’on n’était pas concernés. Mais, après, Ousmane Lansari est venu avec toute son équipe pour casser ma concession familiale de 5 chambres, un salon et 3 magasins au quartier centre.

Ils ont continué en ville sur la route Coyah-Forécariah, où j’avais aussi des locataires dans mes 3 magasins. Ce jour, je ne me suis pas opposé, sachant bien que j’ai tous mes documents. Le lendemain, je suis allé voir le directeur préfectoral de l’habitat dans son bureau, tout en lui exhibant mon titre foncier délivré par lui-même. Il m’a demandé si je comptais sur ce document, j’ai dit oui. Il m’a dit que c’est une perte de temps.

J’ai brandit un autre document aussi, il m’a dit d’ailleurs qu’il s’en fout des documents. Le jour de la destruction, c’est Ousmane Lansari Sylla en personne qui était sur le terrain et qui a ordonné au machiniste de détruire ma concession, parce que celui-ci était dans l’hésitation. Donc, j’accuse principalement Ousmane Lansari Sylla, avec le préfet et le maire », a dit ce citoyen.

Après l’audition des plaignants, le tribunal a renvoyé l’affaire au 5 avril prochain pour la suite des débats.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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