Santé et sécurité au travail : le corps médical réclame un Institut de la médecine légale

Les acteurs du monde médical de la sous-région et d’Afrique centrale sont à Conakry pour prendre part, pendant deux jours (aujourd’hui et demain), au 1er Congrès de médecine légale et santé au travail. Lancé ce mercredi, 23 mars 2022, sous la présidence du Dr Dansa Kourouma, président du Conseil national de la transition (CNT), ce rendez-vous scientifique va regrouper les professionnels de la santé au plus haut niveau de la sous-région et même du continent africain pour parler de la problématique de la prise en charge  des violences sexuelles, de la prévention des risques professionnels en milieu de travail et le COVID 19 en milieu de travail.

Devant les invités venus du Congo Brazzaville, du Niger, du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et de la Guinée, Pr Hassane Bah, le Président du Comité d’organisation du premier Congrès de la société guinéenne de médecine légale et de santé au travail a mis l’occasion à profit pour montrer la nécessité de la mise en place d’un Institut de médecine légale en Guinée. D’ailleurs, les statistiques des cas de violences faites aux femmes sont plus que frappantes.

Pr Hassane Bah, président de la Société guinéenne de la médecine légale

« La dernière étude réalisée par l’UNFPA en 2019 montre que 80% des femmes sont victimes de violences conjugales en Guinée, les agressions sexuelles ne sont pas en reste et représentent plus de 30% des consultations de victimologie en médecine légale et 70% de ces victimes ont moins de 12 ans, l’âge pré-pubère de ces enfants les exposent à des complications anatomiques (des déchirures et quelques fois des perforations recto-vaginales) mais aussi infectieuses bactérienne et virale y compris le VIH SIDA », a révélé Pr Bah.

Mais ce n’est pas tout, il y a également les victimes d’accident de travail dans les sociétés de manutention et les sociétés minières avec un polytraumatisme grave qui nécessitent souvent des soins à l’étranger coûtent très cher à la Caisse nationale de la sécurité sociale et à l’employeur.

Pour finir, le Professeur Hassane Bah est revenu sur les conséquences dramatiques du Covid-19.

« La pandémie au COVID 19 a endeuillé nos concitoyens avec 440 décès hospitalisés et à réduit considérablement la productivité et le rendement dans les entreprises. Le Congrès sera une plate-forme de partage d’expériences et de connaissances pour une meilleure attitude en milieu de travail », a-t-il fait savoir.

De son côté, le Président du CNT, Dr Dansa Kourouma avant de donner le coup d’envoi de ce congrès, a rappelé l’engagement du Président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya à lutter contre les violences faites aux femmes mais aussi la promesse d’œuvrer à la mise en Guinée de l’Institut national de médecine légale.

Dr Dansa Kourouma, président du CNT

« Quand on parle de violence, c’est un problème de société, un problème de santé, économique, d’éducation et culturel. Tant que des pesanteurs trainent dans les sociétés qui incitent les familles à régler à l’amiable les problèmes de viols ou tolérer les auteurs de viol, il sera difficile pour nous de mettre fin à la pratique. Il est important qu’il y ait une conjugaison des efforts à tous les niveaux. D’ailleurs la mise en place de l’institution de la médecine légale est soutenue par moi-même et tous les acteurs y compris le Président de la transition. Nous allons faire tout ce qui est possible pour que cette structure soit mise en place. Et qu’elle soit dotée des moyens humains, techniques, technologiques et financiers pour permettre à notre pays d’élucider les cas de viols et de violences à l’égard des femmes pour éviter que des innocents soient en prisons et des bourreaux en liberté », s’est engagé le Chef du CNT.

Par ailleurs, Dr Dansa Kourouma rappelle que lui-même est issu de la famille de la médecine légale et compte s’appuyer sur les compétences et l’expertise du Pr Hassane Bah de la médecine légale, de Mohamed Aly THiam et Maître Mohamed Traoré, tous les deux des hommes de loi. Le Président du parlement compte s’appuyer sur ces hauts cadres, tous membres du CNT, pour la construction d’un cadre légal qui permet d’éradiquer définitivement l’impunité en Guinée.

Parmi les éminences qui prennent part à ce rendez-vous scientifique de Conakry, il y le Pr Hellène Yao Ette, de l’Institut de médecine légale de la Côte d’Ivoire, Pr Mor Diaye du service de médecine du travail et médecine légale de l’Université Cheick Anta Diop du Sénégal, Pr Mamadou Saliou Sow de maladies infectieuses des CHU de Conakry, à Conakry, Dr Diatta Armandine ER du Service de médecine du travail et médecine légale de l’Université Cheick Anta Diop du Sénégal, Dr Sounkalo Djibo du département de Psychologie du travail et ergonomie industriel de France, Pr Bangaly Traoré du service d’oncologie des CHU de Conakry, Pr Farah Mateen du Service de Neurology Harvard médical school Massachusetts General Hospital des Etats Unis, Elhadj Saïdou Baldé du Service Pharmacie Hospitalier des CHU de Conakry, Pr Naby Baldé du Service de diabétologie-endocrinologie des CHU de Conakry et Pr Alpha Oumar Diallo, du Service ORL et de chirurgie cervico-facial du CHU d’Ignace Deen. Il faut également mentionner la présence du Pr Amara Cissé, ancien député, ancien ministre, maître de conférences, choisi comme Parrain du Congrès de Conakry.

Selon le programme, plusieurs thématiques vont être débattues avant d’être clôturées part celui portant sur les stratégies de prévention des risques professionnelles

A la cérémonie d’ouverture, on notait entre autres la présence du Représentant résident de l’OMS en Guinée, Dr Manengou Casimir qui a pris la parole au nom du représentant résident du Système des nations unies en Guinée, de la représente d’Enabel en Guinée, Krista Verstraele, du représentant du ministre de la Santé et de l’hygiène publique, Dr Mohamed Lamine Yansané, le secrétaire général du département. Tour à tour, ils ont pris la parole pour encourager et féliciter les organisateurs avant de prendre l’engagement d’accompagner les professionnels de la santé dans la lutte contre les violences basées sur le genre.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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