Affaire des 164 travailleurs licenciés de UMS : le tribunal de travail déclare « irrecevable leur action pour cause de prescription »

Ouvert le 28 janvier dernier devant le tribunal de travail de Mafanco, le procès intenté contre la société UMS (United Minning Supplay) par 164 de ses travailleurs licenciés a connu son épilogue ce vendredi, 25 mars 2022. Les plaignants ont été déboutés par le tribunal qui a déclaré « irrecevable leur action pour cause de prescription ». La juge M’Balou Keïta a estimé dans sa décision que les travailleurs licenciés par UMS n’ont pas saisi les juridictions compétentes dans le délai raisonnable, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Au sortir de cette audience, Me Moussa 2 Keïta, l’avocat des travailleurs licenciés d’UMS, a dit être irrité par cette décision. D’ailleurs, il a dénoncé une décision prise en toute « illégalité » et qui brime le droit des travailleurs. Me Moussa 2 Keïta s’est aussi demandé par quel miracle cette décision du tribunal est intervenue.

Me Moussa 2 Keïta, avocat

« En réalité, les travailleurs ont saisi l’inspecteur préfectoral de Boké qui représente l’inspection général du travail dans le délai. A un mois, ils ont saisi l’inspecteur préfectoral. Ça, c’est signé et cacheté par l’inspecteur préfectoral de Boké. Et, la loi est claire : en son article 523.1, le code de travail dit que le travailleur licencié peut saisir le tribunal directement comme il peut saisir l’inspection général qui est une option d’interruption de la prescription. Ce qui veut dire donc que les travailleurs ont saisi l’inspection dans un délai d’un mois. Et, la loi dit que la saisine, ça ne peut prescrire qu’à l’expiration de 24 mois. Et, à un mois déjà, les travailleurs avaient saisi l’inspection. Donc, je ne sais pas par quel miracle le contenu de ce texte-là a échappé à madame la présidente. Je ne sais pas si c’est par méconnaissance ou si c’est par complaisance, ou je ne sais pas qu’est-ce qui a glissé entre le tribunal et la partie adverse… », s’est indigné Me Moussa 2 Keïta.

Contre ce « mal jugé », l’avocat des travailleurs licenciés d’UMS dit avoir formulé une « lettre d’appel » au niveau du greffier en chef du tribunal de travail. Désormais, l’affaire sera transférée à la Cour d’Appel. Et, Me Moussa 2 Keïta espère que le Droit sera dit en toute légalité devant cette juridiction supérieure.

« Ce qui est sûr, moi je suis professionnel de Droit, je n’incidente pas les procédures. J’ai mes voies de recours. J’ai déjà saisi la Cour d’Appel, parce qu’en pareille circonstances je suis irrité par la décision rendue. Parce que j’ai compris qu’il y a l’illégalité totale dans cette décision qui a été rendue par madame la présidente du tribunal de travail. Donc, aussitôt j’ai formulé ma lettre d’appel contre ce mal jugé. Ce qui veut dire que le greffier en chef du tribunal de travail doit mettre le dossier en état pour la Cour d’appel. Et, je me suis même retourné encore, parce qu’il y a urgence.  C’est le salaire ou c’est l’indemnité même des travailleurs qui est en jeu. C’est la famille de tous ces travailleurs qui est en souffrance. Donc, je me suis retourné vers le greffier en chef pour lui dire que la loi dit qu’il doit faire les diligences dans un bref délai pour que le dossier soit à la Cour d’Appel pour éviter l’incident. Parce que souvent, ils prennent l’habitude de retarder les dossiers. Pour éviter cet incident,  parce que ce qui est au fond de moi aujourd’hui, si j’étais un autre avocat,  j’allais incidenter, j’allais faire l’irréparable. Parce que j’ai compris que le droit des travailleurs a été brimé à tous les niveaux… Donc, je suis convaincu que le dossier, arrivé à la Cour d’appel, avec le premier président de la cour d’appel, le droit sera dit. Parce que c’est un magistrat professionnel, aguerri et honnête. Avec lui, je me sens en sécurité. Car, avec cette décision, je suis complètement déçu », a dit Me Moussa 2 Keïta.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620 589 527/664413227

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