Aliou Condé de l’UFDG : « on ne peut pas nous tirer par les oreilles pour aller aux assises »

Aliou Condé, vice-président de l’UFDG

Lancées en grande pompe il y a quelques 72 heures, les assises nationales ne suscitent pas beaucoup d’engouement. Plusieurs observateurs dénoncent l’impréparation du processus et prédisent déjà son échec. C’est le cas à l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) qui a décidé de ne pas y prendre part à cause du manque de visibilité.

A l’image de l’UFR de Sidya Touré, le parti dirigé par Cellou Dalein Diallo a décidé de boycotter ces assises nationales. Selon Aliou Condé, vice-président de l’UFDG, il y a des préalables pour aboutir à des assises réussies. « Dans tous les pays où il y a eu des conflits que ça soit entre les gouvernants et les gouvernés, que ça soit entre les gouvernés eux-mêmes, on a besoin à un moment donné de nous arrêter. Pour moi et pour notre parti, la plupart des conflits ont eu lieu entre les gouvernants et les gouvernés. Ce qui veut dire que la nécessité de s’asseoir ensemble, de revisiter notre passé et de nous projeter dans l’avenir est impérieuse, une nécessité à laquelle tous les citoyens souscrivent. Maintenant, comment il faut le faire ? Là est la question ».

Pour Aliou Condé, il y a beaucoup de questions sans réponses qui méritent d’être éclaircies pour que les guinéens se réconcilient. « Aujourd’hui, on nous propose un format dont nous ignorons le contenu, on ne connaît pas les TDR (Termes de référence), on ne connaît pas les objectifs, on ne connaît pas les moyens pour atteindre ces objectifs. A notre avis, ce sont des choses extrêmement importantes pour l’avenir et la cohésion de notre pays. Si nous devons construire notre pays, nous devons le faire ensemble, que la réflexion doit être faite ensemble, que chacun de nous apporte sa contribution dans la conception de la chose. Mais, il faudrait que le débat s’ouvre au niveau de tout le monde, qu’on sache exactement qu’on part du point A, qu’on ira au point B, le point final, l’arrivée, ça sera la réconciliation. S’il n’y a pas un schéma comme çà, si on veut nous tirer par les oreilles pour dire venez on va parler des assises, nous pensons qu’en ce moment, on est en train de faire du théâtre », soutient monsieur Condé.

D’ailleurs, ce proche de Cellou Dalein estime qu’il est impossible de parler de réconciliation nationale sans passer par la justice. « On a dit qu’on va se retrouver, on va se dire la vérité, on va se pardonner mais, où est le mot justice à l’intérieur ? Parce que dès que vous dites exactions, violations, il y en a qui ont pâti, il y en a qui ont payé le prix lourd. Comment voulez-vous les calmer ? Comment voulez-vous les réconcilier avec ceux qui l’ont fait, s’ils ne s’asseyent pas pour que la justice dise vous vous avez raison, vous vous avez tort ? Dans d’autres pays, nous avons qu’il y a eu le pardon et quelques fois même il y a eu des condamnations pour donner l’exemple, pour qu’il n’y ait pas des répétitions. Mais si non ne condamne pas les actes, c’est évident qu’on n’est pas à l’abri de récidives », a martelé Aliou Condé.

Pour Aliou Condé, c’est inadmissible qu’un gouvernement convoque des assises nationales sans aucun document de travail. Il ajoute que le gouvernement doit faire son mea-culpa, reconnaitre qu’il s’est mal pris pour ces assises en vue de rectifier le tir. « Le gouvernement devrait reconnaître qu’il s’est trompé. Reconnaître qu’on s’est trompé, ce n’’est pas un délit, ce n’est pas un crime », a conclu notre interlocuteur.

Amadou Lama Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 669681561

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