C’est un sujet qui était inattendu ce samedi, 26 mars 2022, à la cérémonie commémorative de l’an 38 du décès de feu Ahmed Sékou Touré (le premier président de la République de Guinée), mais il s’y est quand-même invité. Le débat sur la propriété des cases de Belle Vue a été exhumé par Madifing Diané, ancien directeur de la sécurité à la présidence (de 1970 à 1984) sous la première république.
Cet ancien proche collaborateur chef suprême de la révolution guinéenne a démenti le Cardinal Robert Sarah sur ses propos tendant à faire croire que les cases de Belle Vue appartiennent à l’église. L’ancien ministre de la sécurité et compagnon de l’indépendance a laissé entendre que les cases de Belle Vue appartiennent bel et bien à la propriété de Sékou Touré. Et, leur restitution à sa famille n’est que « justice », rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.
Au mois de décembre dernier, le Cardinal Robert Sarah avait qualifié de « grave » la décision du président de la Transition, colonel Mamadi Doumbouya, de restituer les cases de Belle Vue à la famille du feu président Ahmed Sékou Touré. Ce leader religieux avait ouvertement nié la propriété du premier président de la Guinée sur ce domaine et s’était attaqué à Hadja André Touré (l’épouse de feu Ahmed Sékou Touré) pour avoir accepté les biens qui lui ont été restitués par l’Etat guinéen.
« La deuxième décision grave (du colonel Mamadi Doumbouya) c’est d’avoir restitué à Madame Hadja Andrée Touré, non seulement un bien qui n’appartient ni à elle, ni à son mari, mais de lui avoir restitué un bien de Dieu et de l’Eglise… Si aujourd’hui, Madame Hadja André Touré accepte avec gratitude et remercie qu’on lui restitue un bien qui ne lui appartient pas, elle se déshonore et déshonorerait son époux défunt », avait martelé le Cardinal Robert Sarah.
Apparemment, ces propos de ce leader religieux étaient restés à travers de la gorge de Madifing Diané, ancien proche collaborateur du président Sékou Touré. Et, ce samedi, à l’occasion de la commémoration du 38ème anniversaire du décès du président-révolutionnaire, cet ancien ministre de la sécurité et compagnon de l’indépendance a tenu à répondre au Cardinal Sarah et à démentir ses déclarations sur la propriété des cases de Belle Vue.
« Il a fallu qu’on exproprie les autochtones guinéens pour que l’église ait où s’asseoir dans cette ville (Conakry) et ailleurs à l’intérieur du pays. Mais, par rapport à cette propriété (les cases de Belle vue), sans démagogie, ça appartenait à un étranger (français). Il (Sékou Touré) l’a acheté avant même d’être président de ce pays. Je suis de ceux qui ont vécu ce moment. Le chalet que vous voyez là était la seule propriété qui était sur ce terrain. Tous les autres ont été réalisés par la suite. De par sa génération, il (Sékou Touré) a fait de cet endroit le lieu d’hébergement de toutes les délégations officielles étrangères de grande importance. Valéry Giscard d’Estaing a logé ici, les cardinaux du Vatican venus pour l’installation de l’archevêque Robert Sarah ont logé ici à la charge de son propriétaire, le président Ahmed Sékou Touré. La Guinée est une école. À la faveur de la loi cadre du 8 novembre 1968, la propriété privée était abolie, Sékou Touré a accepté volontairement de mettre cette propriété, qui est sa propriété, au service du peuple de Guinée pour honorer les étrangers qui viennent chez nous. À l’avènement de la deuxième république, toutes les propriétés ont été restituées à leurs propriétaires. Le président Conté s’est laissé influencer par l’égoïsme de ceux qui étaient aux affaires à côté de lui. Sinon c’est Conté qui devrait restituer ces cases. Vous voyez, il y a le domaine de son camarade Saifoulaye Diallo à côté, c’est arrivé au même moment », a expliqué Madifing Diané, tout en précisant qu’il n’entre pas dans la polémique.
A en croire cet ancien directeur de la sécurité à la présidence (sous Sékou Touré), il n’y aucune polémique possible autour de la propriété de Sékou Touré sur les cases de Belle Vue. Et, ce n’est que justice de restituer ce domaine à sa famille.
« Toutes nos religions étaient bâties sur la reconnaissance. Cet archevêque (Robert Sarah) était le plus jeune des prêtres ici. Il y avait d’autres qui avaient la dignité d’occuper cette fonction d’archevêque ; mais, il a été imposé par le président Ahmed Sékou Touré à cause de la minorité ethnique à laquelle il appartient et aussi de sa jeunesse et de sa formation. Je l’ai vu, chaque dimanche, après la prière dominicale, marcher pour aller saluer à la présidence de la république de son érection à la dignité d’archevêque de Conakry jusqu’à la mort de Sékou Touré. Chaque dimanche, j’ai vu ce jeune archevêque marcher pour venir saluer le président Ahmed Sékou Touré et son épouse à Sékhoutouréya qui était la résidence du président de la République. Il n’y a pas de polémique dessus, les faits sont évidents. Allez-y vérifier, tout a été nationalisé même l’école à côté (Sainte Marie) a été nationalisée ; mais, ce lieu n’a jamais été nationalisé et ça a résisté au temps. C’est ça la réalité. Et, Celui qui l’a rendu (le colonel Mamadi Doumbouya), nous l’en remercions très sincèrement. Il n’a fait que rétablir la justice », a martelé Madifing Diané.
Malick Diakité pour Guineematin.com
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