Grève à la SOGUIPAH : le sous-préfet de Diécké charge le gouverneur de N’Zérékoré

Une vingtaine de travailleurs de la Société guinéenne de palmiers à huile et d’hévéas (SOGUIPAH) ont été interpellés à Diécké (Yomou) et transférés à la gendarmerie de N’zérékoré. Ces nombreuses interpellations font suite à une grève générale déclenchée par les travailleurs qui réclament l’amélioration de leurs conditions de vie. Interrogé par un reporter de Guineematin.com, le Lieutenant-colonel Idrissa Camara, sous-préfet de Diécké, a fait savoir que c’est la colère du gouverneur de N’zérékoré qui a contribué aux arrestations.

Rien ne va plus entre les travailleurs de la SOGUIPAH, les responsables de l’usine et les autorités régionales de N’zérékoré. D’après les explications du lieutenant-colonel Idrissa Camara, sous-préfet de Diécké, quelques 21 personnes ont été interpellées sur ordre du gouverneur de N’Zérékoré.

« Ils sont au total 21 personnes arrêtées. La SOGUIPAH devait beaucoup de personnes. Les personnes arrêtées ont revendiqué pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Il y a eu des protocoles d’accord qui ont été signés. Mais tout récemment, le jour où Espace FM a parlé du Directeur, le collectif des travailleurs grévistes a appelé à une réunion dans la cité de la SOGUIPAH. Il parait que cela est interdit par leur règlement intérieur. Les responsables de l’usine nous ont écrit une lettre pour dire que leurs installations étaient en insécurité. Nous, nous avons envoyé les forces de défense et de sécurité au niveau de l’usine et à l’intérieur. Mais, on n’a pas voulu arrêter quelqu’un parce qu’il faut éviter d’aller de pire en pire… Les responsables de l’usine ont dit que c’est de la désobéissance. Ils ont fait des lettres de mise à pied pour certaines personnes. C’est ainsi que certains ont grevé pour dire qu’il n’y aura plus de travail… A N’Zérékoré, ils ont fait des réquisitions au niveau de la gendarmerie mobile et de la CMIS. Mais avant ça, il y a un des travailleurs qui a été interviewé par Espace. Celui-ci a parlé un tout petit peu des relations entre le gouverneur et le Directeur de la SOGUIPAH. Le monsieur a demandé au gouverneur de cesser de soutenir le directeur dans les malversations et autres. Je crois que cela n’a pas plu au gouverneur et il a ordonné leur arrestation », explique le sous-préfet.

Poursuivant, le Lieutenant-colonel Idrissa Camara ajoute que lorsque les agents sont allés à Diecké pour les interpellations, il s’est opposé. Mais, il aurait été menacé par le gouverneur. « Lorsque les agents sont venus, je me suis interposé. J’ai dit que le mieux c’est d’aller à la négociation. Mais, depuis le début, le gouverneur ne voulait pas que je m’installe pour des raisons que lui seul connaît. Il dit que je suis en connivence avec les grévistes. Le préfet d’alors a été très compréhensif et lui-même s’est déplacé pour aller jusqu’au domicile du monsieur qui a parlé sur Espace pour lui demander de mettre la balle à terre. Par après, je les ai convoqués et nous sommes restés en discussion jusqu’à 21 heures ce jour. J’ai réussi à les décrocher du terrain parce que je ne veux pas de confrontation entre eux et les forces de sécurité. Le lendemain, comme ils ne se sont pas vus avec le préfet cette nuit, ils n’ont pas eu le temps d’aller expliquer à tout le monde de suspendre la grève et de ne pas empêcher les autres de travailler. Les agents sont allés à l’usine et on a commencé à les interpeller pour les amener à N’Zérékoré.  Nous sommes sur çà et moi-même j’ai été menacé de relégation par le gouverneur », révèle le sous-préfet de Diécké.

L’officier militaire a rappelé que pour soutenir aujourd’hui le CNRD, il faut aller dans leur esprit. « Depuis qu’il a pris le pouvoir, le chef de l’Etat a toujours dit d’être à l’écoute de la population. Donc, quand il y a des problèmes, nous sommes obligés d’appeler les gens au calme et de chercher la solution à leurs problèmes. Maintenant, si les gens prennent cela comme une certaine complicité, à eux de voir. En tout cas, nous sommes en train de chercher une solution. Et les personnes arrêtées sont pour le moment à N’Zérékoré puisque l’ordre de leur arrestation est venu du gouverneur », insiste le sous-préfet.

Mamadou Alpha Baldé pour Guineematin.com

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