Démolition de la résidence de Cellou Dalein : « c’est pour nuire ou écarter un homme indésirable très proche du pouvoir », dit Me Paul Yomba

Me Paul Yomba Kourouma

Au nom de la récupération du patrimoine immobilier de l’Etat, les autorités de la Transition guinéenne ont procédé samedi dernier à la démolition de la résidence privée de Cellou Dalein Diallo, le président de l’union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Cette démolition est intervenue à un moment où le litige autour de cette résidence entre l’Etat guinéen et cette grande figure de la classe politique est pendant devant le tribunal de première instance de Dixinn.

Et, pour les avocats de Cellou Dalein Diallo qui ont animé une conférence de presse ce mardi, 29 mars 2022, cet acte des autorités est « un délit » qui illustre la « dégradation très poussée de l’Etat de droit » en Guinée. Me Paul Yomba Kourouma et ses pairs ont aussi dénoncé un « emploi abusif de la force » et une « militarisation très prononcée de nos méthodes et procédures ». Ces avocats au barreau de Guinée ont également déploré le silence du parquet de Dixinn sur ce « délit » sciemment préparé et exécuté par l’Etat guinéen « dans le seul dessein de nuire ou d’écarter un homme indésirable très proche du pouvoir », rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Vêtu d’un costume bleu et des lunettes portées au nez, Me Paul Yomba Kourouma a été le premier à prendre la parole devant les hommes de médias. Et, avec un ton ferme et les poings serrés, il a exprimé son indignation face à l’expulsion de Cellou Dalein Diallo et la démolition de sa résidence à Dixinn. Cet avocat au barreau de Guinée a qualifié ces actes de « violation du droit sacré à la propriété » et a attiré l’attention de l’opinion sur « les abus du pouvoir » des autorités actuelles de la Guinée.

« Confronté au nouveau mode d’acquisition de la propriété en Guinée, c’est-à-dire l’emploi de la force armée, contrairement au code foncier et domanial, le cumul de tous ces abus et exactions de la gouvernance actuelle nous amène à attirer l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur ce qui convient d’être appeler les abus du pouvoir. Le fait le plus ahurissant, le plus désolant, ce sont les événements survenus le 26 mars 2022 où nous avons vu le patrimoine bâti public procédé à une descente musclée dans les quartiers de la zone ministérielle et à Dixinn pour ne cibler qu’un seul domicile, celui du leader de l’UFDG qui autre que Cellou Dalein Diallo. Vous n’êtes pas sans savoir que cette affaire fait l’objet d’une procédure ouverte devant le tribunal de première instance de Dixinn où Cellou Dalein Diallo a attrait l’Etat guinéen en revendication de propriété, cessation de troubles et paiement de dommages et intérêts. Puisqu’une transaction l’a lié à l’Etat guinéen portant sur le domaine sis à Dixinn… Et, aucun moyen, autre qu’une expropriation pour cause d’utilité publique, ne pouvait espérer Cellou Dalein Diallo de son bien. Mais, le gouvernement militaire arrive et l’expulse manu militari le 28 février 2022, alors que ses actes de propriété n’ont pas été dénoncés par quelque autorité que ce soit. Il y a alors eu la raison du plus fort qui a prévalu… Et, l’Etat a atteint viscéralement l’Etat de droit dans notre pays », a indiqué Me Paul Yomba Kourouma.

Selon cet avocat de Cellou Dalein Diallo, cette démolition de la résidence du leader de l’UFDG a été opérée « sans un titre exécutoire ». Et, ce qui est plus ahurissant, c’est l’inertie de la justice face à ce « délit » dont l’Etat, à travers le patrimoine bâti public, s’est rendu coupable.

« Nous nous sommes donc vus très surpris que la commission de ce délit de destruction d’édifice soit commise et qu’il n’y ait aucune réaction ni du procureur général, ni le procureur de Dixinn qui est d’ailleurs territorialement compétent. Nous nous étonnons sérieusement qu’il n’y ait eu la moindre interpellation par rapport à ces faits (…), alors que l’Etat en est l’auteur, le commanditaire de ce désastre… C’est une insulte faite à la justice ; et, nous sommes surpris qu’à ce jour que l’association des magistrats de Guinée ne s’est pas fait entendre, que le conseil supérieur de la magistrature n’a pas levé le petit doigt. Ou bien c’est parce que c’est un opposant. En tout cas, le cas du président Cellou est singulier et il amène à beaucoup de réflexion… Tout ce qui est fait l’ait frontalement, sciemment, en toute connaissance de cause, avec préméditation, dans le seul dessein de nuire ou d’écarter un homme indésirable très proche du pouvoir. C’est ce que nous pouvons tirer de cette affaire », a martelé Me Paul Yomba Kourouma.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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