Négociation tripartite sur les 22 points de la plateforme revendicative de 2020 : la FSPE dénonce une exclusion et annonce « un préavis de grève »

Salifou Camara, secrétaire général de la Fédération syndicale professionnelle de l'éducation

Le gouvernement guinéen, à travers le ministère de la Fonction publique, a entamé cette semaine des négociations avec le mouvement syndical guinéen sur la plateforme revendicative qui lui a été déposée au mois décembre 2020. Une plateforme revendicative portant sur 22 points, notamment la hausse du SMIG de 440 000 à 1700 000 francs guinéens et l’allocation du loyer. Mais, cette démarche est vivement critiquée par l’intersyndicale de l’éducation (FSPE, SLECG, SNE) qui n’y est « ni de près ni de loin associée ».

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce samedi, 2 avril 2022, Salifou Camara, le secrétaire général de la FSPE (fédération syndicale professionnelle de l’éducation) a dénoncé la gourmandise des centrales syndicales présentes à ces négociations tripartites (gouvernement, patronat et syndicat). Il les accuse notamment d’avoir mis en avant la subvention (trois milliards de francs guinéens) allouée aux centrales syndicales dans ces pourparlers, au détriment de l’intérêt des travailleurs et de l’éducation en Guinée.

« Nous avons appris le même jour (mercredi 30 mars 2022) que les centrales syndicales, plus quelques fédérations syndicales de l’éducation, ont été conviées à cette négociation. Et nous, nous n’étions pas informés, on n’a  pas été associés… Ils (les parties à cette négociation) ont mis devant les autres points, la subvention des centrales syndicales qui est de trois milliards (3 000 000 000) de francs guinéens. A l’heure où nous sommes, nous savons tous que le monde entier est frappé par une crise aiguë et que les travailleurs vivent dans l’agonie totale. Et, si toutefois, des syndicalistes, des centrales qui entrent en négociation avec le gouvernement, à l’heure où nous sommes, déposent une plate-forme ou qui commencent à négocier d’abord trois milliards de francs guinéens, un montant qui a été donné auparavant et qui n’a pas produit d’effet. C’est pourquoi, nous disons, au lieu de penser aux trois (3) milliards, vu la conjoncture actuelle, vu que le panier de la ménagère ne tient plus le coût, pendant que les enseignants contractuels ne sont pas engagés, pendant que les salles de classe sont fermées, les enfants de notre nation sont abandonnés, ils ne reçoivent pas les cours comme ça se doit, pendant que les DPE, les DCE, les IRE, les écoles n’ont aucun budget de fonctionnement qui leur permette de travailler correctement, pendant que les salaires sont dérisoires, la pension est minables, les enseignants attendent le concours probatoire, pendant que plusieurs enseignants en situation de classe dans les confins ne perçoivent pas la prime d’incitation, pendant que l’encadrement ne reçoive aucune prime d’incitation et que les trois mille et quelques enseignants sont abandonnés en matière de prime d’incitation, les centrales syndicales sont autour de la table pour réclamer trois milliards de francs guinéens », a dénoncé Salifou Camara.

A en croire ce leader syndical, la FSPE n’a pas été associée à ces négociations, parce qu’ils savaient qu’ils allaient s’opposer à l’ordre d’examen des points de la plateforme revendicative. Mais, il assure qu’un préavis de grève auprès des autorités.

« Ils savent qu’étant dans la salle, nous n’allions pas accepter qu’on mette l’intérêt des centrales en priorité. C’est d’abord l’intérêt des travailleurs. Parce que c’est grâce à eux que nous sommes ce que nous sommes. C’est à cause des travailleurs que nous sommes sur la table de négociation. Donc, on allait catégoriquement s’opposer, quelle que soit la subvention qu’on allait accorder aux centrales. Parce que ce n’est pas le moment. Nous ne sommes pas contre la subvention,  mais ce n’est pas le moment de demander ça. Il faut mettre en avant l’intérêt des travailleurs et après l’intérêt individuel. Donc, ils savent qu’on ne va pas céder à ça ; et, c’est pourquoi ils nous ont exclus. Mais, je demande aux enseignants de rester mobiliser, de rester débout comme un seul homme pour défendre notre intérêt,  défendre nos conditions de vie et de travail. Il est inadmissible que les centrales syndicales qui représentent les travailleurs, au lieu de parler des conditions de vie des travailleurs, cherchent à remplir leurs poches. C’est pourquoi nous sommes en concertation dans les communes. Nous avons fini l’étape de Matoto où  les  enseignants ont massivement voté  pour le dépôt d’un préavis de grève. Les jours à venir,  avant la fin des petits congés, nous allons déposer un préavis de grève. C’est aux enseignants de prendre leur destin en main », a indiqué Salifou Camara.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620589527/664413227

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